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Île artificielle à Gaza : le pied de nez d’Israël aux Européens

Île artificielle à Gaza : le pied de nez d’Israël aux Européens

Par son arrogance, Israël a déjà perdu le soutien d’une partie importante de l’opinion publique internationale.

Même l’Europe, son soutien traditionnel avec les États-Unis dans la guerre qu’ils mènent contre Gaza depuis le 7 octobre dernier, se montre chaque jour davantage agacée par le comportement des responsables israéliens.

Lundi à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Netanyahou a outré ses homologues européens en s’écartant de l’ordre du jour pour déterrer un vieux projet qui traduit le peu de considération qu’ont les dirigeants israéliens pour les habitants de Gaza. Mais aussi le mépris qu’ils vouent pour l’avis de l’Europe.

Comment arrêter la guerre qui dure à Gaza depuis 110 jours et qui a fait près de 25 000 morts parmi les civils palestiniens était l’objet de la réunion des chefs de la diplomatie de l’UE, lundi 22 janvier à Bruxelles, à laquelle étaient également conviés les ministres des Affaires étrangères d’Israël et de l’Autorité palestinienne.

À l’ordre du jour aussi, l’étude d’une feuille de route pour la relance du processus de paix au Moyen-Orient devant aboutir à la concrétisation de la solution à deux États chère à l’Europe et aux États-Unis.

Mais Israël Katz, le chef de la diplomatie israélienne, a fait un pied de nez à ses collègues européens d’une manière assez surprenante. En arrivant dans la capitale belge, il avait déclaré à des journalistes qu’il était venu pour s’assurer du soutien de l’Europe à son pays dans sa guerre contre le Hamas et pour la libération des otages détenus par le mouvement palestinien depuis l’opération du 7 octobre dernier.

Or, ce n’était pour cette raison qu’il a été convié. En prenant la parole au cours des travaux, Katz est allé loin dans son ironie, adoptant une attitude qui frise la provocation.

Dans son discours, il n’a point évoqué la fin de la guerre ou le processus de paix, ni même le prétendu soutien qu’il est venu chercher. Il a préféré présenter à l’assistance deux vidéos présentant deux vieux projets : une île artificielle au large de Gaza et un chemin de fer reliant son pays à l’Inde.

À la place de la solution à deux États, Israël présente un projet d’île pour contrôler Gaza

L’île artificielle envisagée est destinée à contrôler les entrées et sorties des habitants de l’enclave palestinienne mise sous blocus depuis 15 ans. L’île devrait être large de 534 hectares, avec un port, un aéroport et un pont de 4,5 kilomètres la reliant à la terre ferme de Gaza. Son coût est estimé à 5 milliards de dollars.

Les ministres européens qui l’écoutaient n’en revenaient pas. Ils étaient tous « confus », rapporte le New York Times. Le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, l’Espagnol Josep Borell, a exprimé son dépit de constater que tout ce qu’a dit le représentant israélien « n’avait pas grand-chose à voir » avec l’ordre du jour. « Il aurait pu mieux profiter de son temps et se préoccuper de la sécurité de son pays et du nombre élevé de morts à Gaza », a estimé Borell.

En agissant ainsi, Israël Katz voulait sans doute signifier que son gouvernement ignore complètement le projet de l’Europe qui fait bloc depuis quelques semaines pour la solution à deux Etats. Le gouvernement israélien ne prend même plus les avis de l’administration américaine, d’où la brouille entre Joe Biden et Benyamin Netanyahou, à en croire de nombreux américains, dont Axios.

Devant les chefs de la diplomatie de l’Europe, Israël Katz a aussi confirmé le peu de cas que fait le gouvernement israélien des habitants de Gaza. Après avoir songé à les déporter, dans le Sinaï égyptien puis en Afrique, il veut maintenant les gérer et les contrôler comme une vulgaire marchandise, à travers un port et un pont.

Pour ceux qui reprochent à Hamas de chercher à détruire Israël, ils sont bien servis par les dirigeants israéliens qui redoublent d’imagination pour se débarrasser par tous les moyens (déportation, bombardements, blocus…) des Palestiniens, éloignant ainsi toute solution diplomatique à ce conflit qui dure depuis 75 ans.

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