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Solution à deux États Palestine – Israël : les contradictions de l’Occident

Solution à deux États Palestine – Israël : les contradictions de l’Occident

La solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien est défendue publiquement par tous les pays occidentaux, y compris les Etats-Unis, notamment depuis les attaques du 7 octobre dernier contre Israël.

Or, ces mêmes pays ne font rien pour infléchir le gouvernement extrémiste israélien et continuent à lui apporter une aide diplomatique, financière et militaire.

Vendredi 19 janvier, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a réitéré au président américain Joe Biden son refus de la « souveraineté palestinienne » à Gaza après la guerre.

C’est la première fois que les deux dirigeants se parlent au téléphone depuis un mois. La brouille entre Biden et Netanyahou est due à l’entêtement du second dans son rejet des « conseils » américains sur la conduite de la guerre et la perspective d’une paix globale au Moyen-Orient incluant l’établissement d’un Etat palestinien.

Le 14 janvier, le média américain Axios rapportait que Joe Biden est « à bout de patience » avec Netanyahou et lui avait presque raccroché au nez lors de leur dernière conversation téléphonique.

Avant même le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, les États-Unis défendaient la solution à deux Etats. Mais pendant toutes ces dernières années qui ont vu les gouvernements israéliens successifs rendre chaque jour un peu plus impossible cette solution avec leur politique de colonisation, ils n’ont pas bougé le petit doigt.

Après le 7 octobre, le président français Emmanuel Macron est le premier dirigeant d’un grand pays occidental à appeler à relancer le processus de paix afin de parvenir à l’établissement d’un État palestinien. C’était lors de sa rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas le 24 octobre à Ramallah. Macron sera aussi le premier à appeler ouvertement à un cessez-le-feu à Gaza, le 9 novembre.

Au fil des semaines et des carnages de l’armée israélienne qui a tué près de 25 000 civils palestiniens, la solution à deux Etats est défendue y compris par les soutiens les plus zélés d’Israël.

Le 12 décembre, Joe Biden a déploré que, contrairement à Washington, le « gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël (…) ne voulait pas d’une solution à deux Etats ».

Dimanche 21 janvier, c’est au tour du secrétaire d’État britannique à la Défense Grant Shapps de juger « décevant d’entendre que Netanyahu ne croit pas à une solution à deux États ».

Etat palestinien : double discours de l’Occident et de certains pays musulmans

Les déclarations soutenant une telle solution se sont multipliées ces derniers jours en Occident. L’Allemagne, un des principaux soutiens d’Israël dans sa guerre contre Gaza, a indiqué par la voix de sa ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock que l’établissement d’un État palestinien est « l’unique solution » au conflit.

Mme Baerbock, qui s’exprimait ce lundi 22 janvier avant de se rendre à une réunion de ses collègues de l’Union européenne consacrée à la situation en Palestine, a ajouté que « tous ceux qui disent qu’ils ne veulent pas entendre parler d’une telle solution n’ont pas apporté d’alternative ».

La solution à deux Etats fait l’unanimité chez les Européens. Le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, a appelé à « entamer des initiatives concrètes » afin de parvenir à une telle solution. Une solution également défendue par les ministres des Affaires étrangères de la Finlande, de la Belgique et de la Norvège.

Au cours de la réunion de ce lundi, une feuille de route a été proposée, prévoyant une conférence pour la paix au Moyen-Orient avec comme principal objectif de parvenir à l’établissement d’un « État palestinien cohabitant en paix avec Israël ».

Néanmoins, force est de constater que depuis le début de la guerre à Gaza, ni les Européens ni les Américains n’ont actionné l’un des nombreux leviers qui leurs permettent de faire pression sur le gouvernement de Netanyahou pour l’amener à accepter un cessez-le-feu, encore moins à envisager la création d’un État palestinien.

Comme par exemple utiliser l’arme des sanctions contre Israël que les Occidentaux dégainent rapidement quand il s’agit des autres pays qui enfreignent les résolutions de l’ONU.

Les Occidentaux n’ont pris aucune mesure concrète, même symbolique, pour obliger le gouvernement israélien à accepter la solution à deux Etats. Au contraire, ils lui apportent un soutien sans conditions alors qu’il poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie occupée et la guerre contre Gaza.

Malgré le nombre ahurissant de victimes civiles palestiniennes et leur « désaccord » avec Netanyahu, les États-Unis continuent à fournir chaque jour des tonnes d’armes pour l’armée israélienne et ne brandissent même pas la menace de reconsidérer ce soutien.

Avec une telle unanimité de la communauté internationale, un cessez-le-feu et une solution globale peuvent bien être « imposés » à Israël, comme le suggérait l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin.

Néanmoins, il y a une certaine hypocrisie qui ne porte pas son nom dans l’attitude des Occidentaux. Ce sont les mêmes pays qui haussent aujourd’hui le ton, les États-Unis en tête, qui ont volé au secours de l’État hébreu en bloquant les tentatives du Conseil de sécurité d’imposer un cessez-le-feu. Et rien ne garantit qu’ils ne le referont pas.

Les grands pays arabes ou musulmans de la région adoptent aussi le même double discours. Ni l’Arabie saoudite ni la Turquie, pour ne citer que ces deux puissances régionales, n’ont envisagé d’utiliser leurs leviers de pression, notamment énergétiques et économiques, pour faire pression sur Israël ou déclencher contre lui les sanctions internationales qui sont appliquées partout.

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