Société

Ils allaient à Tindouf…

Il y a un an, le 11 avril 2018, un avion de l’armée de l’air s’écrasait près de Boufarik avec à son bord 257 personnes. A l’occasion de ce triste anniversaire, nous republions notre hommage aux victimes.

Toute l’Algérie s’est réveillée ce mercredi 11 avril sur une triste nouvelle. Un drame national. Peu avant huit heures, des millions d’écoliers et d’étudiants aux quatre coins du pays s’apprêtaient à rejoindre les classes et autant de travailleurs à se mettre en bleu de chauffe.

Au même moment, à la base aérienne de Boufarik, près de Blida, des soldats et officiers de l’armée nationale montaient tranquillement la passerelle d’un avion qui devait les acheminer à l’autre bout du pays d’où le devoir les appelait. À Tindouf précisément, une terre qui, parmi toutes les autres régions du pays, est la mieux placée pour témoigner de l’abnégation des soldats de l’ANP, de leurs sacrifices, des privations qu’ils s’infligent quotidiennement pour défendre l’intégrité du territoire national.

En escaladant les marches de la passerelle, ils ont dû admirer les beaux vergers qui ceinturent l’aéroport, insolents de beauté en cette matinée d’avril, malgré la grisaille et de fines gouttes de pluie. Mauvais présage ? Peut-être. Personne en tout cas ne se doutait que le regard qu’il posait sur la verdoyante Mitidja allait être le dernier, que c’était l’ultime fois qu’il admirait la beauté d’un pays pour lequel, sans le savoir aussi, il allait, dans quelques instants, consentir le sacrifice suprême.

À peine dans le ciel, l’appareil se crashe au beau milieu d’un verger. De l’Iliouchine IL 76, il ne restera qu’une épave géante et des débris calcinés, et des 257 passagers et membres de l’équipage, en majorité des militaires ou des membres de leurs familles, aucun ne survivra.

Le bilan est lourd, très lourd. En quelques secondes, l’ANP est durement frappée, encore une fois endeuillée et avec elle tout le pays. Ce drame n’est pas seulement celui de l’institution ou des familles des victimes. C’est toute l’Algérie qui vient de perdre des dizaines de ses enfants, preux et dévoués.

Les images du lieu du drame, diffusées en boucle par les chaînes de télévision, sont insoutenables. L’épave encore fumante, les dizaines de corps alignés à même le sol, tous les Algériens les ont vus, se rappelant dans ce moment de communion nationale qu’en se reposant la nuit dans la douceur de leur foyer, d’autres Algériens veillent sur le sommeil, au péril de leur vie. L’hommage est unanime.

Le lourd bilan de ce crash nous rappelle aussi qu’il s’agit de la plus grande catastrophe aérienne de l’histoire du pays. Un crash beaucoup plus meurtrier que celui du vol Tamanrasset-Alger qui a coûté la vie en mars 2003 à 102 passagers ou encore celui du vol Ouagadougou-Alger en 2014 et ses 116 morts.

L’armée aussi a vu ces dernières années nombre de ses appareils, de combat ou de transport de troupes, connaître des incidents similaires, dont le plus mémorable est celui qui a coûté la vie en 2014 à 74 soldats, sur le mont Fortas, à Oum El Bouaghi.

Nul doute que les circonstances de ce drame feront débat dans les prochains jours et qu’on parlera et reparlera de la sécurité aérienne, de l’état de la flotte de l’ANP et de son âge, des conditions de transport des troupes, de même qu’on spéculera sur la responsabilité de telle ou telle partie dans ce qui est arrivé.

Mais avant, rendons d’abord hommage à ces valeureux soldats morts à la fleur de l’âge…

 

Les plus lus