Économie

Importations des véhicules neufs : dénouement en 2023 ?

Le marché algérien de l’automobile est dans l’impasse. Les importations des véhicules neufs ont été stoppées, les usines de montage fermées et les pièces de rechange se font de plus en plus rares quand elles ne sont tout simplement pas disponibles.

Et quand elles le sont, leurs prix sont exorbitants malgré une qualité discutable. Une situation qui a fait les choux gras du marché des véhicules d’occasion dont les prix affichent des seuils incroyablement élevés.

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L’exemple d’un marché où s’est rendu un journaliste de la chaîne Ennahar TV. Sur place, les acheteurs sont présents, mais les transactions sont rares, à cause des prix affichés.

Le propriétaire d’une Hyundai i10 année 2017 propose un prix de vente à pas moins de 2 millions de dinars. Un autre vendeur réclame 1,75 million de dinars pour une Peugeot 207 année 2013.

Un propriétaire d’une Maruti s’est vu proposer 830.000 dinars algériens. Le vendeur fixe le prix à un million de dinars ! Le plus curieux, c’est que même les véhicules les plus anciens sont proposés à la vente à des prix qui défient la logique. Pour sa Renault 11 de 1986, le propriétaire fixe son prix à plus de 500.000 dinars.

L’affolement des prix sur le marché de l’occasion a une explication logique : depuis l’arrêt des importations et la fermeture des usines d’assemblage, la seule alternative qui demeure pour un citoyen pour acheter un véhicule c’est de se diriger vers le marché de l’occasion.

Comme la demande dépasse l’offre, la hausse des prix est automatique. Une anomalie à laquelle il va falloir trouver une solution.

« Il devrait y avoir un dénouement… »

Les importations des véhicules neufs pourraient connaître un début de dénouement au début de 2023, veut croire Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection du consommateur (Apoce).

« On a de temps à autre des déclarations qui nous rassurent. Nous attendons la concrétisation. Pour savoir s’il y a ou pas importation de véhicules, on suit les déclarations faites par les autorités. Les dernières déclarations nous permettent d’être optimistes pour qu’au 1er trimestre 2023, il y aura un dénouement, soit dans la production soit dans l’importation », explique M. Zebdi, dans une déclaration à TSA.

« On croit à cette hypothèse. Il devrait y avoir un dénouement parce qu’on n’a pas le choix », ajoute l’acteur associatif.

Du côté du ministère de l’Industrie, les dernières déclarations du ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, n’ont pas aidé à y voir plus clair. « Aucune licence d’importation n’a été accordée pour le moment », a déclaré samedi à Boumerdès, le ministre au sujet des agréments pour l’importation des véhicules neufs.

Il a précisé que la promulgation « prochaine des textes d’application relatifs à la nouvelle loi sur l’investissement », sera suivie de l’annonce des noms des sociétés qui activeront dans le domaine de la construction automobile en Algérie.

Et d’ajouter que son département a engagé des négociations avec de « grands constructeurs automobiles ». L’ambition du secteur est de mettre en place une industrie automobile « sur de bonnes bases avec un taux d’intégration acceptable », a affirmé Zeghdar.

Une ambition qui se décline en deux phases : une première année focalisée sur le montage automobile et ensuite l’installation d’une « véritable industrie à partir de la deuxième année ».

Pièces de rechanges introuvables et un SAV aux abonnés absents

Le problème de la pénurie des pièces de rechange et de l’absence du service après-vente (SAV) représentent deux problèmes majeurs pour l’automobiliste algérien.

« Plusieurs marques ont baissé le rideau, ce qui fait que même le service après-vente n’est plus garanti », souligne Mustapha Zebdi. Certains représentants de marques automobiles ont changé d’activité, fait remarquer le président de l’Apoce, non sans conséquence sur le SAV.

« Qui peut faire la remontée de données pour l’importation des pièces de rechange ? Toute la procédure qui se faisait à travers les concessionnaires automobiles, est tombée à l’eau », observe-t-il.

Au point, précise-t-il, que certaines marques n’assurent plus certains services comme la vidange d’huile-moteur « en l’absence de filtres à gasoil ou à essence, et même des filtres à air ».

« Il faut se pencher sur cette problématique parce qu’on s’est beaucoup plus focalisé sur l’importation et le montage de véhicules. On a oublié le service après-vente, la pièce de rechange. Avec les accidents de la circulation qui connaissent une ampleur inédite, nous tirons la sonnette d’alarme », insiste Mustapha Zebdi qui exhorte les pouvoirs publics à se pencher sur la question du manque de pièces de rechange et de veiller à garantir leur qualité.

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