Économie

Importations : le blé français de retour en Algérie

Dans son bilan du mois de mars, FranceAgriMer indique qu’en 8 mois de campagne près de 12 millions de tonnes de blé tendre ont déjà été exportés principalement vers le Maroc, l’Algérie et l’Égypte.

La filière céréalière française table sur des exportations totales de 22 millions de tonnes pour la campagne en cours. Des exportations en particulier dirigées vers le Maroc et l’Algérie. Ces estimations restent prudentes et tiennent compte d’une offre australienne particulièrement abondante et du dynamisme des exportations russes.

Retour du blé français en Algérie

La période où l’Algérie achetait du blé, mais pas de blé français, semble révolue. Pour rappel, en décembre 2021, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC ) a passé commande pour près de 700.000 tonnes de blé à plusieurs pays exportateurs.

À l’époque la France manquait à l’appel, les blés provenaient d’Allemagne, des pays de la mer Baltique et de la mer Noire.

Les achats de l’Algérie de blé russe avaient alors atteint 800 000 tonnes d’autant plus que l’OAIC avait assoupli son cahier des charges relatif aux dégâts d’insectes.

Blés français et guerre en Ukraine

L’année en cours est marquée par la réapparition du blé français sur la rive sud de la Méditerranée.

Fin janvier, FranceAgriMer comptabilisait des exportations de l’ordre de 1,7 million de tonnes vers le Maroc, 1,5 million de tonnes vers l’Algérie et 0,9 million de tonnes vers l’Égypte. Des tonnages trois fois supérieurs à ceux de la campagne écoulée.

Ce retour en grâce du blé français est lié à des prix compétitifs et à des taux de fret intéressants. Les frais logistiques rendent peu attractifs  les blés d’origine australienne.

La guerre en Ukraine a entraîné des surcoûts d’assurance maritime qui ont pénalisé les blés russes. D’autre part, les capacités logistiques ukrainiennes ont été réduites de façon drastique. À cela, il faut ajouter le cas particulier des achats exceptionnels marocains liés à une récolte catastrophique.

Baisse des cours mondiaux

En janvier, malgré des coûts d’assurance maritime élevés, les exportations de blé en provenance de la Mer noire ont repris. Ces expéditions ont bénéficié de l’accord conclu sous l’égide des Nations-Unies visant à assurer un corridor maritime.

La hausse des cours du blé qui avait atteint plus de 356 € la tonne fin septembre 2022 n’est plus qu’un lointain souvenir. La décrue se poursuit et la tonne de blé au départ de Rouen est aujourd’hui à 241 € la tonne.

Cependant cette accalmie pourrait être de courte durée en cas de rupture de l’accord international sur le corridor maritime en mer Noire destiné à l’exportation des céréales. Le 18 mars dernier, l’accord a été prolongé in extremis  pour une durée de 120 jours.

Une prolongation annoncée par le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a indiqué que cet accord était « vital pour l’approvisionnement alimentaire mondial ».

Implication des industriels Algériens

En Algérie, si les besoins locaux en blé dur sont couverts à 90 %, c’est loin d’être le cas pour le blé tendre. Du blé parfois détourné pour nourrir frauduleusement les moutons.

Une pratique dénoncée par le chef de l’État lors des récentes Assises nationales sur l’agriculture. Face à la stagnation de la production céréalière, le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) propose d’apporter son expertise. Ce conseil qui regroupe les milieux d’affaires algériens a organisé un récent forum sur la culture du blé dur.

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