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Incendies en Kabylie : la mafia du foncier pointée du doigt

Incendies en Kabylie : la mafia du foncier pointée du doigt

Et si les incendies de forêts qui ont ciblé la Kabylie, particulièrement son littoral boisée, enflammant au passage les réseaux sociaux, étaient l’œuvre d’une mafia locale du foncier ? C’est en tous cas ce que suggère le conservateur des forêts de la wilaya de Tizi-Ouzou.

« Dans la majorité des cas, il s’agit d’incendies volontaires signalés sur la bande littorale, notamment à Mizrana », a affirmé Ould Mohamed Youcef lors d’une conférence de presse.

Selon lui, la mafia du foncier serait derrière ce nombre important de départs de feux. «16% des incendies de cette saison ont été enregistrés à Tigzirt, une région où le prix du mètre carré de terrain est très élevé. Ces incendies ont été provoqués pour dégager des assiettes foncières », a-t-il accusé, selon des propos rapportés par l’agence officielle.

Il assure que la direction des forêts a placé sous surveillance cette région très convoitée où on dénombre beaucoup de constructions illicites. « Ces parties brûlées sur la bande littorale, on va les surveiller et à la moindre infraction nous allons poursuivre l’auteur en justice », promet-il.

Il dénonce dans ce cadre, « des intentions malveillantes d’accaparement de foncier du domaine forestier, qui seraient derrière ce nombre important d’incendies ».

Autre cause évoquée : la « main des éleveurs », pratique très répandue depuis longtemps, qui procèdent ainsi pour renouveler le couvert végétal au profit de leur bétail.

Concernant l’incendie qui s’est déclaré mardi dernier à Tala Guilef en plein parc national du Djurdjura, connu pour la richesse de sa biodiversité, Ould Mohamed Youcef a indiqué qu’il s’agissait d’un « incendie volontaire ».

« Le feu est parti d’un oued, ce qui est anormal puisqu’un oued est l’endroit le plus humide dans une forêt et les plantes qui s’y trouvent sont vertes », a-t-il expliqué. Deux hélicoptères bombardiers ont été mobilisés pour éteindre les feux qui se sont déclarés dans ce parc.

Pas de singes brûlés

D’après lui, les dégâts causés par les incendies qui se sont déclarés du 1er juin 2019 au 25 juillet courant, soit 167 feux enregistrés, sont estimés à 110 millions de DA représentant des pertes économiques directes en bois et liège sur pied (chêne-liège).

Ces incendies ont ainsi détruits 1450,5 ha de couvert végétal dont 65 ha de forêts, 275 ha de maquis, 908 ha de broussailles et 202,5 ha d’arbres fruitiers, principalement des oliviers. 86% de ces « feux ont été enregistré sur de terrains privés », a-t-il précisé.

Par ailleurs, il a démenti les informations relayées sur les réseaux sociaux faisant état de la mort des singes-magot, espèce endémique à la région.

« Il n’y a aucun singe brûlé dans les incendies depuis le 1er juin, et les photos de singes brûlés publiées sur les réseaux sociaux ne sont pas de photos de singes magot. Le singe magot qui vit en Algérie n’a pas de queue », a-t-il indiqué. « À Tala Guilef, comme l’incendie est parti d’un oued et remontait vers le flanc de montagne, la faune a fuit les flammes. Nous n’avons pas trouvé de restes d’animaux brûlés », a-t-il encore ajouté.

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