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Industrie : ces « grands projets » qui tardent à voir le jour

Industrie : ces « grands projets » qui tardent à voir le jour

La volonté de relancer l’industrie nationale manifestée par les gouvernements algériens au cours des dernières années semble déboucher sur de premiers résultats concluants.

Elle profite en particulier à des projets industriels, vieux souvent de plusieurs décennies, qui s’étaient musés au fil du temps en véritables serpents de mer et dont la concrétisation semble désormais en vue.

L’accord de partenariat signé lundi entre Sonatrach et Asmidal du côté algérien et des partenaires chinois conduits par l’entreprise Citic pour l’exploitation des gisements de phosphate de la région de Bled El Hadba (Tébessa) met ainsi fin on l’espère définitivement à un feuilleton de plus de 10 ans.

Ce projet intégré d’exploitation et de transformation du phosphate et du gaz naturel va mobiliser des investissements d’un niveau considérable qui ont été estimés à 6 milliards de dollars. Sa mise en exploitation est prévue en 2022 et devrait « garantir », annonce-t-on, des revenus en devises à hauteur de 1,9 milliard de dollars/an.

Intervenant lors de la cérémonie de signature pour la concrétisation de ce projet, Ahmed Ouyahia a salué la conclusion du « premier projet industriel de cette envergure depuis 10 ans ». Le Premier ministre a assuré que la signature de cet accord est « un premier pas dans la réalisation du grand projet qui devra relancer l’économie de toute la région est du pays ».

Plus d’une décennie de négociations

Ahmed Ouyahia connait très bien ce projet et il a dû pousser lundi un véritable soupir de soulagement. En 2007 déjà, il avait présidé en qualité de Premier ministre une réunion du Conseil des Participations de l’État (CPE) qui avait donné son accord pour le lancement du projet sous une forme analogue avec un partenaire à l’époque pakistanais, le groupe Engro, en association avec des Japonais et des Koweïtiens. Une joint-venture avait même été créée entre Sonatrach/Pherphos (51%) et Engro (49%)». Le projet était tombé à l’eau sans qu’aucune explication claire n’ait été fournie par les pouvoirs publics ou les partenaires de cette association.

À la faveur des nouvelles ambitions industrielles affichées par le gouvernement, le projet avait été relancé début 2015 avec cette fois Qatar Petroleum International (QPI). Mais dès le printemps 2015, la compagnie qatarie avait précipitamment décidé de se retirer en évoquant « une révision de sa stratégie d’investissement à l’étranger».

Nouveau rebondissement à l’été 2016. Abeslam Bouchouareb, alors ministre de l’Industrie, annonçait fièrement la signature de trois nouveaux accords entre des partenaires algériens et l’indonésien Indorama. Nouvel échec consommé lui aussi sans aucune explication officielle.

Toujours sous les auspices du très actif Bouchouareb, un nouvel accord sera scellé, mi-février 2017, entre le couple Manal-Asmidal et le saoudien Radyolla. Trois contrats distincts portant sur la valorisation, l’exploitation, la transformation et la commercialisation des phosphates étaient signés avec des objectifs faramineux qui ne prévoyaient pas moins de 15 milliards de dollars d’investissements.

Avec un passé aussi agité, on comprend donc que lundi à Tebessa, en détaillant les chantiers de ce projet , entre aménagements, amenée d’eau industrielle, doublement et électrification de la voie ferrée, le Premier ministre ait voulu rassurer en affirmant que « tous les moyens seront mobilisés pour la réalisation du projet de transformation du phosphate ».

Des partenaires chinois au chevet de Gara Djebilet

La concrétisation du projet d’exploitation des phosphates de l’Est algérien va-t-il montrer la voie pour d’autres réalisations industrielles tout aussi ambitieuses dont le projet remonte également à plusieurs décennies ?

À Tebessa, Ahmed Ouyahia a évoqué le « saut qualitatif » que représente l’accord conclu avec le groupe Citic dans la coopération entre l’Algérie et la Chine .C’est justement un autre partenaire chinois, le groupe Sinosteel, qui a été chargé d’étudier la faisabilité du projet du gisement de fer de Gara-Djebilet

Découvert dans les années 50, le gisement de Gara-Djebilet, dans la région de Tindouf, offre des réserves minières gigantesques estimées entre 1 et 2 milliards de tonnes.

La Société nationale de fer et de l’acier (Feraal) et l’entreprise chinoise Sinosteel equipment & engineering ont signé en mars 2017 à Alger un protocole d’accord de réalisation des études de pré-faisabilité et de faisabilité des investissements de développement de ce gisement de fer géant.

Ces études de pré-faisabilité et de faisabilité devaient être prêtes à fin 2017, selon M. Bouchouareb qui avait présidé alors leur signature .

Il s’agissait de trouver « le meilleur compromis entre les investissements nécessaires pour l’extraction, le traitement et le transport du minerai jusqu’à sa livraison aux clients en Algérie ou à l’étranger, et les investissements à prévoir, en parallèle, pour la réalisation des infrastructures et pour assurer la disponibilité de l’ensemble des utilités dans la région, ainsi que l’impact économique, environnemental et social de ces investissements et de l’exploitation », avait assuré l’ancien ministre de l’Industrie .

Sur la base de ces études et essais, Feraal comptait réaliser en 2018 une usine-pilote permettant de démontrer la fiabilité du procédé de traitement retenu et de déterminer tous les paramètres de fonctionnement du projet d’exploitation industrielle du minerai de Gara-Djebilet qui devait être lancé entre 2021 et 2022.

M. Bouchouareb avait considéré que pour l’Algérie, la valorisation de ce minerai de fer était à la fois stratégique et un défi, soulignant que ce projet permettrait de placer notre pays en tant que « leader » de l’industrie sidérurgique et métallurgique à l’échelle continentale en dotant le pays d’une plateforme de production de taille internationale.

Pour l’instant, les nouvelles du projet ne sont pas très bonnes. M .Youcef Yousfi, qui a succédé à Abeslam Bouchouareb à la tête du ministère de l’Industrie, dans un style beaucoup moins enthousiaste et débridé, évoquait dans une intervention publique récente des résultats des études de faisabilité dont la livraison a été prolongée à la fin de 2018. À la mi octobre, le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui, en visite dans la région, confirmait de son côté que l’étude pour la réalisation du projet de la mine de fer de Gara Djebilet est toujours en cours. Selon ce dernier, la mise en œuvre du projet dépendrait notamment de la réalisation d’une ligne ferroviaire.

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