L’unité d’assemblage de stylos d’insuline injectable destinés aux diabétiques de Novo Nordisk Algérie a été inaugurée ce lundi 16 janvier à Boufarik par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ali Aoun.
Le site a été réalisé, dans le cadre d’un partenariat entre Saidal et Novo Nordisk. « C’est déjà une très bonne étape visant à produire totalement l’insuline localement. Plus de 2,5 millions de malades algériens utilisent l’insuline. C’est une première réussite. Les stylos d’insuline seront commercialisés sur le marché algérien dans une dizaine de jours », a déclaré Ali Aoun.
Le ministre a exprimé son souhait de voir cette unité de montage aboutir à une usine de production avec une intégration pleine et entière.
« À terme, tous les stylos à insulines importés doivent être fabriqués en Algérie pour qu’on puisse parler d’une production locale d’ici à 18 mois », a affirmé le ministre aux journalistes.
« C’est déjà un grand pas. Il ne faut pas le nier. Ce site d’assemblage contribuera à réduire le prix de l’insuline qui est mise à disposition des malades algériens. C’est une réussite qui permet de faire des économies au niveau des caisses de sécurité sociale », a ajouté le ministre.
« Le premier objectif était de mettre à la disposition des malades algériens une insuline à un prix moins cher de 1.000 dinars par rapport au produit similaire importé », souligne M. Aoun.
Le montage de stylos d’insuline injectable permettra une réduction de la facture d’importation de ce médicament de 40 millions d’euros par an. « La production entière permettra à terme un gain beaucoup plus important », prévoit le ministre.
Ali Aoun reste toutefois « prudent ». « Restons vigilants. Les responsables de cette unité ont été avertis qu’ils seront mis quotidiennement à la loupe. Ce produit est tellement essentiel dans le schéma thérapeutique que nous ne pouvons plus nous permettre un flop quelque part », a averti Ali Aoun.
Le ministre se veut clair et précis sur ce qu’attend l’Algérie de Novo Nordisk : « La réussite ne sera totale que lorsque cette usine produira de l’insuline avec une intégration à 100 % ».
« Il aura fallu 85 ans pour que Novo Nordisk décide enfin d’investir dans la production en Algérie. Ce n’est que justice. Cette inauguration ne doit toutefois pas éluder l’essentiel qui est non pas seulement le montage, mais la production intégrale de l’insuline sur ce site », a-t-il ajouté.
Insuline : ce qu’attend l’Algérie de Novo Nordisk
Dans la foulée, le ministre de l’Industrie pharmaceutique annonce que deux autres unités de production d’insuline seront bientôt inaugurées à Oued Smar (Alger) et à Constantine.
« L’usine de Saidal à Constantine sera inaugurée fin mars. Une autre unité de production de stylos à insuline entrera en production la semaine prochaine ou plus tard la fin de ce mois à Oued Smar. La mise en service de ces usines va permettre de satisfaire autour de 40 à 50 % de la demande du marché algérien d’insuline, cette année 2023. C’est déjà un combat de gagné », a indiqué le ministre.
Pour Ali Aoun, l’exportation de l’insuline injectable n’est pas un objectif immédiat. « Ce qui est urgent pour le moment, est la satisfaction des besoins du marché local d’ici à 2024 », précise-t-il.
« Des instructions ont été données par le président de la République pour l’encouragement de la production locale des médicaments utilisés contre les maladies chroniques. Nous ferons tout pour satisfaire les besoins du marché algérien en insuline à des prix abordables. Si on arrive cette année à satisfaire 50 % de cette demande, c’est déjà une réussite grâce aux efforts des laboratoires », souligne-t-il. « J’espère que cette année nous allons éviter les ruptures d’approvisionnement et les pénuries », a-t-il ajouté.
Ali Aoun recadre Novo Nordisk
Le ministre de l’Industrie pharmaceutique a adressé un message aux cadres algériens exerçant dans la haute administration en charge du secteur du médicament et aux responsables de Novo Nordisk.
« Les tergiversations doivent cesser. À partir d’aujourd’hui, je n’accepterais plus les tergiversations. Vous avez promis d’aller vers la production totale de l’insuline. Je peux accepter les délais sur lesquels vous vous êtes engagés. Il faut compresser un peu ces délais. C’est à votre portée », a-t-il mis en garde.
Et de poursuivre : « Vos concurrents ont réalisé une usine complète dans les normes en 18 mois et que nous allons inaugurer la semaine prochaine. Nous attendons de vous de réaliser une usine complète de production dans les normes ».
Et le ministre de l’Industrie pharmaceutique de mettre en garde les responsables de Novo Nordisk: « Notre facture d’importation de l’insuline est de 400 millions d’euros par an. Avec une telle somme, on peut réaliser chaque année une usine. Si jamais, vous ne concrétisez pas votre engagement de réaliser une usine complète de production, nous sommes prêts à arrêter même ce que vous avez jusque-là fait. Ce sont des termes durs et clairs. Je vous suis de très près ».
Et le ministre d’ajouter : « Les portes de mon ministère sont ouvertes à tout moment. Des instructions ont été données pour qu’il n’y ait plus de faux-fuyants ».
« Les responsables de l’échec vont rendre des comptes »
Le ministre de l’Industrie pharmaceutique a été interrogé par les journalistes sur les raisons de l’abandon de l’usine d’insuline que devait lancer à Constantine Saïdal en partenariat avec Novo Nordisk.
Une usine qui devait entrer en production d’insuline en 2012. Cette question était une occasion pour le ministre d’exprimer une fermeté : « On a effectivement perdu dix ans. Pourtant, fabriquer de l’insuline n’est pas sorcier. Cela dit, les responsables de cet échec doivent rendre des comptes. Nous allons ouvrir ce dossier ».
Pourquoi ce projet d’usine d’assemblage de stylos d’insuline injectable, dont le chantier a été lancé il y a plus de quatre ans à Boufarik, a pris beaucoup de retard pour qu’il soit enfin inauguré ?
« C’est une question à poser à Novo Nordisk. Il y avait des groupes d’intérêts ici en Algérie et au Danemark qui tergiversaient pour qui l’importation arrangeait bien et qui ont tout fait pour bloquer la production locale. Le jour viendra pour que ces responsables s’expliquent sur ce dossier », a répondu sans langue de bois Ali Aoun.