Économie

Investissement en Algérie : le patron de Tazej se plaint de blocages

En Algérie, les entraves bureaucratiques constituent le plus grand frein à l’investissement dans les différents domaines, notamment dans l’agro-alimentaire.

Le groupe Golden Drink qui commercialise la marque de jus de fruits Tazej s’est heurté à la dure réalité de la bureaucratie de l’administration algérienne comme on peut le voir dans un reportage de Dz News publié ce dimanche 7 mai.

Après le lancement d’un grand projet pour produire en Algérie les concentrés de fruits pour les besoins de son usine, le groupe privé en question se démène contre les entraves bureaucratiques pour se lancer dans le domaine de la production animalière.

La marque de jus Tazej a fait une entrée remarquée dans le marché algérien ces dernières années par ses produits de qualité.

Justement, pour ne pas dépendre de l’importation de la matière première, principalement les concentrés de fruits nécessaires à la production des jus, Tazej a lancé un grand projet dans l’arboriculture dans les Hauts-Plateaux.

Le projet repose sur une exploitation agricole de 1.500 hectares dans laquelle plusieurs types de fruits sont produits. La production de fruits est destinée à leur transformation en matière première pour la fabrication de jus, de confiture et de biscuits, comme l’indique le représentant de la marque Tazej dans le reportage de Dz News.

À première vue, l’exploitation de la terre située entre M’sila et Djelfa, quasiment aux portes du Sahara algérien, paraît être un défi difficile à réaliser. Tazej a pu le relever.

« Tout a commencé en 2019. La terre était inexploitable. Nous avons fait un énorme investissement. On s’est dit pourquoi ne pas produire la matière première en Algérie alors qu’on l’importe de France, d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne et même d’Inde », a déclaré Salim Amra, patron du groupe Golden Drink qui commercialise la marque Tazej

Pour la contrainte de l’irrigation, une solution a été trouvée par le groupe privé. Deux bassins d’une capacité de 650 000 m3 et 250 000 m3 ont été construits sur place.

Investissement en Algérie : un projet à l’arrêt à Djelfa et M’sila

Désormais, des pommiers, des vignes et d’autres arbres fruitiers sont plantés dans cette terre, précise le représentant de l’entreprise avec fierté. L’opération de plantation des arbres fruitiers a duré au total deux années.

Les responsables du groupe ont même projeté de passer à l’étape de l’exportation. « L’Algérie importe 800 millions de dollars de concentré de fruits chaque année alors qu’on peut facilement fournir des produits de qualité avec 50 % de la production destinée à l’exportation », affirme Salim Amra au micro de Dz News.

La deuxième étape du projet était de passer à la production animalière. C’est là où le groupe dénonce des « entraves bureaucratiques. »

« On est arrivés à l’étape suivante; celle de la production animalière, moutons, vaches et poulets. Malheureusement, on est confronté à des entraves bureaucratiques avec le ministère de l’Agriculture sans trouver de solutions. Le projet est à l’arrêt, on ne peut pas avancer au-delà de l’étape de plantation des arbres fruitiers », regrette Salim Amra.

Contacté par TSA ce lundi 8 mai, Salim Amra a exprimé son désarroi face aux entraves bureaucratiques qu’il subit au niveau des wilayas de M’sila et de Djelfa.

Selon lui, c’est le retard pris dans l’attribution des concessions qui retarde l’exécution des procédures d’obtention des agréments ainsi que les permis de construire et par conséquent la construction de l’usine de transformation et des hangars d’engraissement du bétail et du poulet.

Pourtant, le projet semble adhérer à l’approche des hautes autorités du pays en matière de relance agricole. Pour ce qui est de la production de concentré de jus, Salim Amra affirme que son projet allait « couvrir les besoins de son groupe, ceux du marché local avec la possibilité d’exporter à l’étranger ».

« Il faut savoir qu’un baril de concentré de grenade coûte environ 2.300 €. C’est plus cher qu’un baril de pétrole pour avoir une idée sur les retombées positives de la production locale du concentré de jus », explique-t-il.

La mise en place du projet a nécessité de gros moyens sans recourir à l’aide publique. « C’est un projet autofinancé qui n’a rien coûté aux autorités. J’aime mon pays, je veux y investir. Qu’on me donne juste les documents nécessaires au lancement », indique Salim Amra qui déclare ne pas avoir eu de réponses après la sortie des commissions chargées d’octroyer les titres de concessions au niveau des wilayas concernées.

La production animalière que projette de lancer le groupe Golden Drink à M’sila et Djelfa est basée sur une « approche nouvelle ».

« Dans notre projet, le boucher fait sa commande et reçoit la viande directement sans chercher les bêtes vivantes pour les égorger comme cela se fait actuellement. Idem pour le poulet, nous avons toute la chaîne de production à notre niveau, on n’a pas besoin d’importer le poussin. Le projet repose sur la technologie », détaille-t-il.

Salim Amra affirme que si son projet venait à être concrétisé, le prix de la viande rouge serait de 1.100 dinars le kilogramme et celui du poulet à 220 dinars le kilogramme et ce « dans les pires des cas ».

Ayant rencontré le ministre de l’Agriculture à deux reprises, Salim Amra dénonce le manque de réactivité de la part des Collectivités locales à M’sila et Djelfa.

« J’ai envoyé six demandes d’audience au wali de M’sila et huit à celui de Djelfa, jusqu’à présent je n’ai pas été reçu alors que je l’ai été à deux reprises par le ministre de l’Agriculture. Mon projet est à l’arrêt depuis une année maintenant », déplore le PDG de Golden Drink.

Les plus lus