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Investissements : offensive tous azimuts de l’Algérie

Investissements : offensive tous azimuts de l’Algérie

Le président Abdelmadjid Tebboune lors de la rencontre gouvernement-walis (Crédits : présidence de la République)

L’Algérie mène une offensive tous azimuts pour la relance des investissements, nationaux et étrangers, avec des résultats qui se font déjà sentir : les annonces de déblocage ou de lancement de projets se succèdent depuis quelques jours.

À son élection en décembre 2019, le président de la République Abdelmadjid Tebboune s’est retrouvé devant un immense chantier, celui de relancer et de diversifier une économie presque à l’arrêt, en dehors du secteur des hydrocarbures, pourvoyeur de la quasi-totalité des recettes en devises du pays.

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Outre les textes et les pratiques du passé, les nouvelles autorités ont aussi fait face pendant de longs mois aux retombées de la crise sanitaire et surtout à une léthargie généralisée induite par la tétanisation de la décision à cause des poursuites judiciaires engagées à partir de 2019 contre des hommes d’affaires et d’anciens hauts responsables de l’ère Bouteflika.

L’Algérie a agi donc sur trois fronts : la refonte du cadre législatif, une campagne envers les responsables locaux pour lever les entraves sur les projets bloqués et une offensive auprès de grands groupes étrangers pour le lancement de projets concrets en Algérie.

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Pour l’infrastructure, de gros investissements ont été consentis ces deux dernières décennies et de nouveaux grands projets sont en cours d’étude ou de réalisation.

En attendant une évaluation sérieuse, qui se fera dans quelques années sur la base du taux de croissance hors hydrocarbures (un taux qui permettra à l’Algérie de rejoindre les Brics, selon le vœu du président Tebboune), la recette semble pour le moment fonctionner au vu des projets qui voient le jour successivement.

Concernant le cadre législatif, le principal frein était la règle 51/49 qui imposait que le capital soit majoritairement détenu par un partenaire algérien. Institué depuis 2009, le verrou a sauté dans la Loi de finances 2020.

La nouvelle loi sur l’investissement en Algérie a été adoptée en juillet dernier, suivie de ses textes d’application en septembre.

Son élaboration a duré deux ans, à cause des multiples renvois par le Conseil des ministres pour enrichissement, le président de la République voulant un texte qui offre de réelles garanties aux porteurs de projets et qui rompt avec les pratiques du passé.

Malgré quelques critiques, relatives notamment au maintien des principaux organes de régulation de l’acte d’investir et du principe des incitations financières, les autorités fondent de grands espoirs sur le texte pour la relance de l’investissement productif hors hydrocarbures.

Dans l’industrie pétrolière et gazière, des retombées positives sont attendues d’un autre texte capital, la loi sur les hydrocarbures adoptée dans l’urgence pendant la transition entre le déclenchement du Hirak et l’élection d’un nouveau président de la République en décembre 2019.

Investissement en Algérie : des obstacles persistent

Des efforts restent néanmoins à faire pour arriver à un climat des affaires débarrassé de toutes les entraves, comme par exemple la facilitation des procédures de délivrance de visas aux opérateurs étrangers. Un obstacle de taille qui pèse lourdement sur l’attractivité de l’Algérie.

« Le visa est un frein », a affirmé Nicolas Pereira, directeur de Générale Energie France, dans un entretien à TSA publié mardi 11 octobre, à une question sur les obstacles à l’investissement en Algérie.

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Parallèlement à la révision de l’arsenal législatif, le chef de l’État a haussé le ton plusieurs fois, notamment lors de ses multiples rencontres avec les walis, dénonçant ceux qui, à dessein ou par peur d’« aller à El Harrach », ne signent pas les autorisations nécessaires pour l’entrée en production d’usines toutes prêtes.

Mais les assurances et les mesures prises par le président de la République n’ont pas dissipé totalement les craintes des fonctionnaires. Une situation qui pose le problème de la dépénalisation de l’acte de gestion en Algérie qui est revendiquée par les gestionnaires du secteur public.

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Ce n’est un hasard que lors de l’élection de Widad Belhouchet, comme présidente par intérim de l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP) en remplacement de Lakhdar Rekhroukh, qui a été nommé ministre des Travaux publics lors du dernier remaniement ministériel, les membres du bureau de cette organisation patronale ont réaffirmé leur « profonde adhésion » à la politique économique du président Tebboune, « notamment en ce qui concerne la dépénalisation de la faute de gestion ».

Promise par Abdelmadjid Tebboune en août 2020, la dépénalisation de l’acte de gestion attend toujours d’être concrétisée dans un texte de loi en mesure de faire la différence entre les actes de gestion et la dilapidation des deniers publics.

Le 24 septembre dernier, lors de la rencontre gouvernement–walis, il a dressé un petit bilan de l’opération de levée des entraves sur les projets : au moins 850 projets ont pu voir le jour, générant plus de 50.000 emplois.

Le déblocage d’un projet d’envergure a été annoncé à la même occasion. Il s’agit de l’usine de trituration de graines oléagineuses de Cevital, sise à Béjaïa. Le projet intégré, devant créer des dizaines de milliers d’emplois indirects dans l’agriculture, a été bloqué depuis 2017.

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Parallèlement, de grands projets, vieux ou récents, dans le domaine minier, ont été déterrés et aussitôt mis en branle avec des partenaires étrangers. Il s’agit, pour ne citer que les projets d’envergure, des mines de phosphate de Tébessa, de fer à Gara Djebilet (Tindouf) et de zinc à Oued Amizour (Béjaïa).

Dans les hydrocarbures, l’Algérie qui a vu sa production stagner du fait de la désaffection des investisseurs étrangers, commence à accueillir de nouveau les capitaux étrangers, aidée certes par la conjoncture internationale et sa sollicitation pour fournir plus de gaz à l’Europe.

La nouvelle loi sur les hydrocarbures y est aussi pour quelque chose. Le 10 octobre, Sonatrach a annoncé l’entrée en production de deux premiers champs gaziers développés dans le cadre d’un contrat signé sous l’égide du nouveau texte régissant les investissements dans les hydrocarbures.

En juillet dernier un méga contrat de 4 milliards de dollars a été signé entre la compagnie algérienne et trois groupes internationaux (ENI, Occidental et Total Energies) pour le développement de champs destinés à augmenter les flux vers l’Italie.

Les bonnes relations avec ce pays ont facilité la conclusion d’accords dans le domaine de l’énergie avec la promesse d’étendre la coopération à d’autres sphères de l’économie, notamment l’industrie.

Une promesse qui vient de se concrétiser par un premier grand contrat. Jeudi 13 octobre, le groupe Stellantis a signé avec les autorités algériennes un contrat pour la réalisation d’une usine de la marque Fiat en Algérie, s’engageant à atteindre un haut niveau d’intégration et à mettre à la disposition du consommateur algérien des véhicules de qualité et abordables.

Une annonce suivie par celle de Renault qui laisse penser que son usine d’Oran, fermée depuis deux ans, va reprendre bientôt la production.

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