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La femme de Karim Tabbou parle de la détention de son mari

La femme de Karim Tabbou parle de la détention de son mari

Depuis le 11 septembre, Karim Tabbou est détenu à la prison de Kolea. Le militant a été brièvement libéré le 25 septembre sur décision de la chambre d’accusation du tribunal de Tipaza, mais il a été arrêté de nouveau dès le lendemain puis incarcéré.

« Je n’oublierai jamais ce moment où tout a basculé. Il était midi et demi quand il s’apprêtait à ramener notre fille Nadine (4 ans) de la crèche. On ne sait d’où un groupe d’hommes en civil – huit – ont surgi et se sont s’approchés de lui, lui demandant de les suivre dans leur véhicule. Il a eu la présence d’esprit de me mettre en ligne sur son téléphone portable pour que je puisse écouter la conversation. Il a exigé d’eux de le laisser remonter à la maison pour qu’il mette son costume et a profité de ce moment pour me remettre un feuillet sur lequel il a noté les numéros de téléphone de son frère et celui de maître Bouchachi », relate, ce mercredi 30 octobre, sa femme Zahra dans un long entretien au journal El Watan.

« Les policiers étaient postés devant notre appartement et devant l’entrée de l’immeuble. J’ai attendu jusqu’à 17h avant d’informer l’avocat Mustapha Bouchachi. Ensuite, ce fut une longue et angoissante attente, une éternité. Le temps était figé. A ce moment-là, je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur. Je n’ai jamais vu mon mari aussi calme, serein et digne. Il était fort. Je le voyais partir sans savoir ce qui allait advenir. J’ai été saisie d’une colère sourde », poursuit-elle.

« L’absence de Karim a fortement secoué nos enfants. Ils ne comprennent pas ce qui se passe et ne cessent de s’interroger sur ce qui est arrivé à leur père. Ils ne comprennent pas pourquoi il ne rentre pas le soir à la maison. Il leur manque terriblement », explique-t-elle.

Mais les marques de solidarité que reçoit la famille de la part des Algériens l’aident à gérer cette grande épreuve. « Les marques de solidarité que nous expriment les Algériens me donnent du courage. Partout, mes concitoyens se mobilisent pour nous. Au quotidien, les Algériens viennent vers nous, expriment leur sympathie et se préoccupent de notre situation », affirme celle qui participe désormais à toutes les marches du Hirak le vendredi.

Zahra Tabbou décrit un homme « humble, sincère et fortement engagé ». « Sa force réside dans son honnêteté politique et intellectuelle, ce qui lui donne cette liberté dans son expression et l’autonomie dans sa réflexion. Les Algériens ont plongé l’Algérie dans une joyeuse révolution, mais les décideurs font tout pour gâcher cette belle épopée. Quand la répression commence à s’installer, on se pose des questions. Mon mari va-t-il se faire arrêter ? Viendra-t-il son tour ? Hélas ! Ça n’a pas raté. Karim est en prison pour avoir refusé de mordre à l’hameçon », poursuit-elle.

Selon elle, Karim Tabbou a refusé d’adhérer à la démarche du panel de dialogue dirigé par Karim Younes. « Depuis la mise en place du sinistre « panel du dialogue », certains de ses membres le harcelaient pour l’inclure dans leur démarche. Plusieurs délégations étaient venues à la maison pour le convaincre et tenter de l’enrôler. Karim n’est pas l’homme à se laisser amadouer », explique Mme Tabbou.

« Vous comprenez bien que son arrestation est politique et que les accusations fomentées contre lui ne sont que des prétextes », affirme-t-elle.

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