Prononcée il y a plus d’un mois, la phrase du ministre du Travail, Hachemi Djaâboub, à l’égard de la France continue de faire réagir.
« Les sociétés civiles françaises et algériennes ne peuvent pas rester silencieuses », estime le président de l’Association France-Algérie, Arnaud Montebourg, dans une déclaration intitulée « Algérie amie ».
Dans une déclaration devant le Conseil de la Nation (Sénat) le 8 avril dernier, le ministre algérien avait qualifié la France d’ « ennemi traditionnel » et « éternel » de l’Algérie.
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Le jour même, le déplacement d’une importante délégation française en Algérie, conduite par le Premier ministre Jean Castex, qui devait coprésider avec son homologue algérien une importante réunion à Alger dimanche 11 avril, était annulée pour des raisons liées, selon la version officielle, à la crise sanitaire.
« À confondre notre peuple avec une infime minorité haineuse, ce ministre prend le risque d’entretenir la discorde et de nourrir ces franges marginales qui, dans nos deux pays, voudraient empêcher la coopération et le travail en commun », indique Arnaud Montebourg, qui a déclaré en 2016 qu’il « se sentait algérien ».
L’ancien ministre français de l’Économie a toujours dit qu’il était fier de ses origines algériennes. « C’était un Arabe, j’en suis très fier, il m’a beaucoup transmis », disait-il au sujet de son grand-père maternel, qui est originaire d’Algérie.
Ces « franges marginales » sont, en France, ceux qui « ont la rancœur tenace », et en Algérie, « les courants de l’islamisme politique » qui « veulent créer un fossé entre le Maghreb et l’Europe ».
« Les courants islamistes veulent créer un fossé entre le Maghreb et l’Europe »
« Nous savons combien en Algérie, les courants islamistes veulent créer un fossé entre le Maghreb et l’Europe. Mais les Algériens n’en veulent pas », écrit l’association présidée par Arnaud Montebourg, précédé au poste par d’autres grands noms de la politique française, dont Jean-Pierre Chevènement, Pierre Joxe…
Le président de l’association France-Algérie souligne que cette dernière a été fondée en 1963 par « des Français qui avaient lutté pour la liberté et l’indépendance du peuple algérien » et qui « voulaient maintenir avec lui des liens d’amitié ».
« Cet objectif est toujours le nôtre », écrit Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Économie sous François Hollande, qui reconnaît et déplore en outre que « cette volonté n’est à l’évidence pas partagée par tout le monde ».
À ceux qui, en Algérie, ne partageraient donc pas cette volonté, il rappelle des faits historiques. À savoir que « la liberté et l’indépendance de l’Algérie ont toujours eu de fervents soutiens en France », « qu’il y a eu des Français « tombés sous les coups de l’OAS » et que « le peuple français consulté par référendum en 1962 a approuvé à 90,8 % ‘ l’indépendance de l’Algérie et la coopération avec la France’ ». « Voilà la réalité de « l’ennemi éternel » ».
Il souligne qu’hier, « dans ses profondeurs, le peuple français avait compris le mouvement historique de conquête de l’indépendance par les Algériens » et aujourd’hui, les Français « ont ressenti avec le mouvement populaire récent une profonde fraternité avec les Algériens luttant pour le renouveau ».
« Nous avons tant à faire ensemble » et « il est urgent de replacer ces discours hostiles dans les ténèbres. Tous ceux qui le feront serviront bien la cause de l’amitié franco-algérienne et d’un avenir fécond en Méditerranée », conclut le communiqué.