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La France se déchire à nouveau sur l’immigration

La France se déchire à nouveau sur l’immigration

Le débat sur l’immigration revient en France, bien que les projecteurs de l’actualité soient toujours braqués sur la situation en Palestine.

La simultanéité de la dégradation de la situation au Moyen-Orient et la présentation par le gouvernement de son projet de loi sur l’immigration constitue pour la droite et l’extrême-droite une aubaine pour s’adonner à son jeu favori : entretenir les amalgames.

La démarcation entre la droite et la gauche sur le projet est toujours aussi nette. Le texte sera présenté le 6 novembre mais il attise déjà les passions.

La droite et l’extrême-droite exigent un texte plus ferme et rejettent d’une même voix la disposition prévoyant la régularisation des étrangers exerçant un métier classé comme étant « sous tension ». Il s’agit d’une mesure plutôt pragmatique que favorable à l’immigration puisqu’elle vise à pourvoir les secteurs en manque de certains types de main d’œuvre.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a réitéré ce lundi 30 octobre que le gouvernement ne reculera pas sur cette disposition, concédant toutefois qu’il œuvrera à trouver « un compromis ».

La droite, que presque plus rien ne distingue de l’extrême-droite sur ces questions, ne veut rien entendre. Éric Ciotti, président de Les Républicains, a mis en garde que son parti n’hésitera pas à aller « jusqu’au bout » dans le bras de fer, n’excluant pas une « motion de censure » si le gouvernement tente un passage en force.

Jordan Bardella, président du Rassemblement national, ne veut pas lui aussi de ce qu’il considère comme une disposition qui aboutira à « la régularisation la plus massive » de l’histoire de France et constituera « un appel d’air » qui, selon lui, accélérera la « submersion » du pays.

Le texte, dans ses autres dispositions, est pourtant très ferme de l’avis des observateurs, notamment sur la question des expulsions.

Le gouvernement vise cet équilibre qui est « d’être dur avec les étrangers délinquants et intégrer ceux qui veulent travailler », selon les propos de Gérald Darmanin. Il faut dire que seule la gauche s’est dite favorable à cette disposition. Mais pour le camp de la droite, ce sera la suppression ou le vote contre la loi.

Débat sur l’immigration en France : la foire aux amalgames

Signe du triomphe de l’extrémisme même chez la droite traditionnelle, Eric Ciotti a annoncé dimanche son intention de lancer « une grande pétition nationale » pour réclamer un référendum sur la question de l’immigration, qui permettra aux Français d’ « imposer leur volonté ».

Selon lui, les sondages ont démontré que les trois quarts des Français partagent la vision de son parti sur cette question.

Le débat sur le texte tombe à pic pour les courants anti-immigration avec les évènements qui se passent en Palestine, pour s’adonner aux habituels amalgames entre Islam, immigration et terrorisme.

Au lendemain de l’assassinat d’un professeur dans la ville d’Arras par un jeune radicalisé, le 13 octobre, Eric Ciotti a appelé le gouvernement à « ne plus trembler face à l’islamisme et à l’immigration de masse ». « La famille du terroriste qui a assassiné Dominique Bernard n’aurait pas dû être sur le territoire français », a tweeté pour sa part Jordan Bardella.

Cet acte terroriste a déclenché une série de mesures fermes notamment en ce qui concerne l’expulsion des radicalisés. Le président Emmanuel Macron a demandé aux préfets de passer au peigne fin le fichier des radicalisés expulsables afin de s’assurer que ceux qui sont dans cette situation ont été effectivement expulsés du territoire français ou, le cas échéant, accélérer les procédures pour le faire. Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur a annoncé l’accélération immédiatement de la procédure pour l’expulsion de 193 étrangers radicalisés.

Si cela peut s’apparenter à une mesure de prévention et de lutte contre le terrorisme, la droite et l’extrême-droite tentent de s’y engouffrer pour étendre la généralisation des expulsions aux étrangers en situation irrégulière.

C’est l’amalgame que ce courant tente d’entretenir à l’occasion du débat sur le projet de loi sur l’immigration. Leur argumentaire ne tient toutefois pas devant la réalité des chiffres. Sur les 20 000 personnes inscrites au fichier des radicalisés, à peine 4.000 sont des étrangers, clandestins ou en situation régulière. Ce qui signifie que les trois quarts de ces individus potentiellement dangereux sont des Français, donc non expulsables en aucune manière.

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