Politique

La gendarmerie a bloqué les accès à Alger

C’est désormais un rituel : chaque veille de manifestations, la gendarmerie nationale, corps dépendant de l’ANP, se déploie dans tous les accès périphériques menant vers Alger. Hier soir et ce vendredi, de nombreux citoyens se rendant à Alger ont eu à le vérifier à leurs dépens.

Venu de Bejaia pour participer à la marche à Alger, Said Salhi, vice-président de la LADDH a été malmené, lui et ses amis, selon ses témoignages, par les gendarmes à l’entrée du tunnel de Bouzegza, non loin de Lakhdaria où un impressionnant dispositif a été mis en place.

Ils ont dû, sous la contrainte, faire demi-tour et emprunter l’ancienne RN 5 pour n’arriver à destination qu’après huit heures de calvaire, a-t-il raconté.

Tous les bus et autres fourgons transportant plusieurs passagers et suspectés de se rendre à la manifestation sont contrôlés, selon plusieurs témoignages. Des barrages similaires sont également dressés du côté de Boudouaou ou encore à hauteur de Dar El Beida. D’autres barrages sont également dressés sur l’autoroute menant vers Ben Aknoun, à hauteur d’Oued El Harrach, selon des internautes ou encore du côté de Hamiz.

Ce déploiement, dont l’objectif est de réduire le niveau de mobilisation au niveau de la capitale, a eu pour effet, comme d’habitude, de provoquer d’immenses embouteillages, suscitant la colère des conducteurs.

Une situation que n’a pas manqué de dénoncer le FFS qui y voit une volonté des tenants du pouvoir d’imposer l’état de siège à Alger. « Aujourd’hui encore, le pouvoir qui est visiblement extrêmement désemparé et paniqué, a recouru à ses anciennes méthodes despotiques et autoritaires qui consistent à placer des barrages policiers et de la gendarmerie dans la périphérie Algéroise », écrit le FFS dans un communiqué signé par le premier secrétaire, mais contesté, Hakim Belahcel.

« Cette opération répressive qui nous rappelle les pires années coloniales, vise à empêcher des centaines de milliers de nos concitoyennes et concitoyens venus de plusieurs wilayas du pays de manifester librement dans leur propre capitale », dénonce-t-il.

Il faut dire que ce déploiement, que rien ne justifie au demeurant, constitue une grave violation de la Constitution. « Tout citoyen jouissant de ses droits civils et politiques a le droit de choisir librement le lieu de sa résidence et de circuler sur le territoire national. Le droit d’entrée et de sortie du territoire national lui est garanti. Toute restriction à ces droits ne peut être ordonnée que pour une durée déterminée, par une décision motivée de l’autorité judiciaire », dispose l’article 55 de la Constitution.

Pour les gendarmes, la manœuvre a un double objectif : empêcher des manifestants de se rendre à Alger mais aussi tenter de dresser une partie de la population contre le mouvement populaire. Car ce vendredi, les manifestants n’ont pas été les seuls à avoir été bloqués. Il y a avait aussi des personnes sans aucun lien avec les manifestations.

« Contrairement aux promesses mensongères du chef de l’état-major, le régime algérien en pleine faillite, est en voie de s’engouffrer dans une stratégie d’embrigadement et de ghettoïsation du peuple Algérien. Le FFS met en garde une fois de plus le pouvoir réel algérien qui tente de saper et d’étouffer la formidable révolution pacifique du 22 février », dénonce le FFS.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes n’ont pas manqué de s’insurger contre cette mesure faisant dire à l’un d’eux qu’Alger est transformé en « Gaza ».

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