La Grande mosquée de Paris n’a pas trop apprécié les propos du Premier ministre français Gabriel Attal sur ce qu’il a appelé « l’entrisme islamiste » en France. Pour la GMP, de telles « allégations » ont besoins pour être « crédibles » de « preuves tangibles ».
En déplacement jeudi 18 avril à Viry-Châtillon, Gabriel Attal a fait état de l’existence de « groupes plus ou moins organisés cherchant à faire de l’entrisme islamiste ».
Dans sa lecture de la déclaration, la Grande mosquée de Paris estime qu’elle insinue « une infiltration d’idéologies radicales dans nos institutions, notamment dans le système éducatif ».
Si l’institution du recteur Chems-Eddine Hafiz se dit préoccupée par ces propos, c’est parce qu’elle y voit une « généralisation qui risque de stigmatiser une proportion significative de la composante musulmane de la France ».
Pour être crédibles, de telles « allégations » nécessitent des « preuves tangibles » et ne peuvent se contenter de « déclarations politiciennes », tonne la Mosquée de Paris dans une déclaration rendue publique lundi 22 avril.
La Mosquée de Paris veut des preuves sur « l’entrisme islamiste » en France
Réitérant l’engagement des citoyens de confession musulmane à lutter contre l’extrémisme et à être « en première ligne pour lutter contre les dérives », la Mosquée de Paris indique toutefois que ces « dérivés » doivent être « clairement identifiées ».
La Mosquée de Paris n’apprécie pas en outre l’emploi par le Premier ministre du terme « entrisme », issu selon elle de « l’idéologie politique trotskyste ».
« Cette notion, politique par nature, ne saurait être assimilée à une prétendue infiltration islamiste, ce qui est préjudiciable au vivre-ensemble et à la cohésion nationale », lit-on dans la déclaration, qui déplore aussi le fait de lier « des actes isolés » à « une supposée contestation des valeurs républicaines et de laïcité ». Pour éviter toute « stigmatisation et discrimination », la Mosquée de Paris estime qu’une « approche nuancée » est nécessaire.
La Mosquée de Paris saisit l’occasion pour attirer l’attention du Premier ministre français sur des faits « avérés », lui suggérant de s’y pencher. Elle cite le décalage de « neuf points » des élèves français issus de l’immigration par rapport à leurs pairs de l’OCDE, alors que, souligne la déclaration, « ils se situent dans la moyenne, voire excellent en mathématiques », au Canada, au Royaume-Uni et dans d’autres pays.
L’autre fait « avéré » que la GMP signale à Gabriel Attal, c’est « l’inquiétant phénomène de l’exode silencieux des musulmans de France », qui met en avant « le besoin urgent de modèles d’intégration ».