Société

La peste des petits ruminants se propage en Algérie : les conseils d’un vétérinaire aux éleveurs

La peste des petits ruminants, qui touche principalement les ovins et les caprins, continue de se propager dans plusieurs wilayas du pays. Deux premiers foyers ont été confirmés ce samedi 5 janvier par les services vétérinaires à Oran.

Une dizaine d’agneaux ont été décimés dans deux élevages situés à Sid Chahmi et au Douar Boudjemaa. Six autres cas de cette épidémie ont été confirmés, vendredi, sur des ovins dans la localité de Ain Kheyar (wilaya d’El Tarf), selon le directeur des services agricoles (DSA).

Jeudi dernier, le ministre de l’Agriculture, Abdelkader Boughazi, avait déclaré à la presse que 2000 petits ruminants atteints de peste ont été jusque-là enregistrés au niveau national.

Quatre jours auparavant, le directeur des services vétérinaires (DSV) au ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, El Hachemi Karim Kaddour a fait état de « la perte de 1 000 à 1 200 têtes de bétail en raison de la peste des petits ruminants à travers 12 wilayas ».

Quelle est l’origine de la maladie ?

C’est une maladie très contagieuse et surtout transfrontalière. L’épidémie s’est introduite en Algérie par les échanges d’animaux entre les éleveurs algériens et ceux des pays frontaliers qui sont tous infectés. La maladie sévit dans tous les pays du Sahel. Des foyers ont été également signalés au Maroc et en Tunisie. Les premiers cas de la maladie ont été découverts il y a deux mois dans la wilaya frontalière Tébessa. Depuis, l’épidémie s’est propagée à Oum El Bouaghi, Biskra, El Tarf, Béjaïa, Laghouat et Djelfa, Médéa, Saïda, Tiaret, Naâma, Tlemcen et à Oran.

Comment ont réagi les autorités ?

Le ministère de l’Agriculture a ordonné la fermeture des marchés de bétail pendant un mois et l’interdiction du transport des ovins sans autorisation des services de l’abattoir, pour protéger le cheptel contre la propagation de l’épidémie. Il a déclaré avoir mobilisé un budget de 400 millions de dinars pour l’acquisition du vaccin contre la peste des petits ruminants.

Les services vétérinaires entameront, durant ce mois de janvier, une campagne de vaccination du cheptel. Le ministre de l’Agriculture a également assuré que les éleveurs ayant perdu des animaux atteints d’épidémies seront indemnisés.

Les éleveurs dont les animaux ont été abattus au niveau des abattoirs publics pour raison de santé ont été remboursés pour un montant global de 85 millions de dinars.

De leur côté, des vétérinaires contactés par TSA critiquent la gestion des autorités. « Les informations approximatives déclarées par les autorités vétérinaires ne permettent pas d’évaluer avec précision le niveau de transmission virale pour pouvoir prévoir la couverture vaccinale nécessaire pour stopper la transmission de cette épidémie », déplore un vétérinaire. Pour ce dernier, « l’identification et la déclaration précises des foyers infectés sont essentielles pour en augmenter la probabilité de succès de l’éradication de la maladie ».

Que doivent faire les éleveurs ?

Voici les conseils d’un vétérinaire : « Avant l’apparition de l’épidémie, en attendant le vaccin promis par les autorités, les éleveurs doivent prendre un certain nombre de mesures. Nettoyer et désinfecter les écuries et autres bâtiments d’élevage. Le ministre a promis aux éleveurs que l’État va leur fournir gratuitement des produits de désaffection de leurs étables pour freiner la propagation de l’épidémie.»

Le même vétérinaire préconise « d’éviter les déplacements et les contacts étroits entre animaux, car la maladie se propage notamment par inhalation de fines gouttelettes libérées dans l’air par la toux et les éternuements des bêtes infectées. Les animaux malades excrètent le virus par les larmes, les sécrétions nasales, les expectorations et les matières fécales. Dès l’apparition d’une fièvre brutale, de sécrétions nasales et d’une diarrhée chez les ovins et caprins, il faut contacter très vite un vétérinaire. Ce dernier fera des prélèvements et les envoyer au laboratoire pour l’identification du virus par les tests sérologiques. Si la maladie est confirmée, en dehors d’un traitement symptomatique visant à réduire la mortalité, aucun traitement curatif n’existe. Il faut mettre en quarantaine les foyers infectés et procéder sans délai à l’abattage des animaux atteints. Les viandes issues des ovins ou caprins atteints par cette maladie sont propres à la consommation car le virus de la peste des petits ruminants n’est pas dangereux pour l’Homme, à condition que la viande soit bien cuite ».

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