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La politique de Trump sur l’immigration pourrait affaiblir l’économie américaine

La politique de Trump sur l’immigration pourrait affaiblir l’économie américaine

La politique de Donald Trump sur l’immigration, à l’instar de la fin du statut immunisant près de 200.000 Salvadoriens contre une expulsion des États-Unis, pourrait coûter cher à l’économie américaine en alimentant « une crise de la main d’œuvre ».

L’administration Trump a annoncé la semaine dernière la fin en 2019 du statut de protection temporaire (TPS), qui permet à cette communauté de travailler légalement sans titre de séjour. Ce statut avait été instauré en mars 2001 pour le Salvador à la suite de l’arrivée massive de réfugiés après deux tremblements de terre dévastateurs.

« Nous payons des impôts depuis 16 ans. Jamais nous aurions imaginé que cela se termine comme ça », confie Fatima Nolasco qui approche la quarantaine d’années.

A la tête d’une entreprise de construction avec son mari, elle explique payer 30.000 dollars d’impôts par an pour sa société, en plus des impôts sur son salaire.

« Nous nous sommes construits une vie décente à la sueur de notre front. J’espère qu’ils ont conscience que nous ne sommes pas un fardeau pour le pays », témoigne-t-elle.

Au moment où Donald Trump se targue d’avoir contribué à une solide croissance économique depuis son arrivée à la Maison Blanche tout en tenant des propos hostiles aux immigrants, économistes et dirigeants d’entreprises mettent en garde contre cette politique qui pourrait avoir un impact très négatif sur l’économie.

Car avec un quasi plein emploi, les employeurs peinent de plus en plus à recruter des salariés, en particulier dans des secteurs tels que la construction actuellement très sollicité pour reconstruire les régions qui ont été dévastées par le passage des ouragans en 2017.

Certains économistes avancent que si les Salvadoriens ainsi que les Honduriens et Haïtiens qui bénéficient également du TPS, disparaissaient de la main d’oeuvre, les Etats-Unis perdraient 164 milliards de dollars de Produit intérieur brut au cours de la prochaine décennie et 6,9 milliards de dollars au titre de contributions retraite et à la couverture médicale universelle « Medicare ».

Une étude souligne par ailleurs que 88% de ces immigrés travaillent, un taux très supérieur à celui des citoyens américains. 30% d’entre eux sont aussi propriétaires de leur logement et ils sont nombreux, comme Fatima Nolasco, a avoir monté leur propre entreprise et à employer des salariés.

Outre le TPS, le président américain a annoncé la fin, le 5 mars prochain, du programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrival) qui permet à 690.000 jeunes, entrés illégalement aux Etats-Unis alors qu’ils étaient enfants, de travailler et d’étudier en toute légalité en les protégeant de l’expulsion. C’est donc au Congrès de trouver une réponse.

« Je veux que les gens venant dans notre pays nous aident à être plus forts et grands à nouveau, des gens qui viennent à travers un système basé sur le mérite », s’est justifié dimanche Donald Trump.

– Pétition des PDG –

Le président, qui estime Daca « mort », a alimenté une vive polémique sur des propos qu’il aurait tenus lors d’une réunion avec des parlementaires à la Maison Blanche. Selon plusieurs témoins, il a dénoncé l’immigration en provenance de « pays de merde » tels que Haïti, le Salvador ou des pays africains. M. Trump a contesté vendredi l’utilisation de cette expression, reconnaissant avoir néanmoins utilisé un langage « dur ».

La décision de mettre fin à Daca a, elle, suscité l’opposition de dirigeants d’entreprises  dont une centaine a signé une pétition demandant au Congrès américain de voter une loi protégeant ces jeunes « dreamers » (rêveurs).

Publié dans plusieurs journaux dont le New York Times et le Wall Street Journal, ce texte est signé de dirigeants de plusieurs grands noms de l’économie américaine comme Apple, Facebook, General Motors, Coca-Cola, Amazon, Google, Uber, Intel, Gap, Hewlett-Packard…

« La fin imminente du programme Daca crée la menace d’une crise de la main d’oeuvre dans tout le pays », estiment les signataires.

Ils citent en outre une étude selon laquelle l’expulsion de ces jeunes coûterait 215 milliards de dollars à l’économie américaine.

« C’est ridicule. Le président veut faire partir des tas de jeunes qui ne font rien d’autre que contribuer (à l’économie) du pays », déplore Miguel Aguiler qui a quitté le Mexique quand il avait 11 ans et qui redoute le départ de ses copains « Dreamers ».

« Nous avons notre vie ici. Nous nous sentons Américains bien que nous n’ayons pas de papiers », témoigne-t-il.

Ironie de la situation, alors que les Salvadoriens pourraient être expulsés l’an prochain, le gouvernement américain a mis en garde les Américains voyageant au Salvador, les appelant à la prudence face aux gangs, aux actes d’extorsion, de violences aux trafics de drogues et d’armes sévissant dans ce pays d’Amérique centrale.

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