Trois semaines après la disparition de Jamal Khashoggi et malgré les explications officielles sur une mort accidentelle du journaliste, l’Arabie saoudite reste soumise à de très fortes pressions. Ce lundi soir, le président américain Donald Trump a affirmé lundi qu’il n’était « pas satisfait » des explications de Ryad sur la mort du journaliste saoudien. « Je ne suis pas satisfait de ce que j’ai entendu », a déclaré M. Trump à la presse à la Maison Blanche. « Nous en saurons très bientôt » davantage, a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump, a déclaré lundi avoir recommandé au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane d’être « transparent » sur le dossier. Il a également affirmé avoir demandé à Mohammed ben Salmane, qui fait face à des accusations d’implication dans ce meurtre, de prendre cette affaire « très au sérieux ».
Jared Kushner, qui intervient rarement dans les médias, est considéré comme un proche du prince héritier saoudien. Ses propos sonnent comme un avertissement à MBS et une prise de distance vis-à-vis de l’homme fort de Ryad.
En Europe, l’Allemagne a appelé ce lundi les Européens à suspendre tout nouveau contrat d’armement avec l’Arabie saoudite tant qu’elle n’aura pas fait la lumière sur la mort du journaliste Jamal Khashoggi. « Ce n’est que si tous les pays européens se mettent d’accord que cela impressionnera le gouvernement de Ryad », a affirmé le ministre allemand de l’économie, précisant que « les explications apportées » jusqu’ici par l’Arabie saoudite n’étaient pas « satisfaisantes ».
La première ministre britannique Theresa May a réclamé lundi « toute la vérité sur ce qui s’est passé ». « Je suis sûre que tout le Parlement se joint à moi pour condamner le meurtre de Jamal Khashoggi avec la plus grande fermeté possible. Nous devons connaître toute la vérité sur ce qui s’est passé », a-t-elle déclaré devant la chambre des députés.
Ces déclarations interviennent la veille d’une déclaration très attendue du président turc. La Turquie va révéler « toute la vérité » sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul, a promis dimanche Recep Tayyip Erdogan. Ce lundi, un responsable a donné le ton en enfonçant l’Arabie saoudite. Le meurtre de Jamal Khashoggi a été « sauvagement planifié », a affirmé lundi un haut responsable turc, ajoutant que « des efforts conséquents » avaient été déployés pour le dissimuler.
Ces développements surviennent alors que Ryad va accueillir ce mardi une conférence internationale sur l’investissement. Mais cette conférence, surnommée le « Davos du désert » par la presse, est aujourd’hui totalement éclipsée par l’indignation mondiale consécutive au meurtre du journaliste saoudien. L’événement sera boycotté par de nombreuses personnalités politiques et de chefs d’entreprises. Et pour ne rien arranger, le site internet de l’événement a été victime d’une attaque de hackers ce lundi après-midi.
