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La situation politique se complique : risque d’escalade

La situation politique se complique : risque d’escalade

Jeudi 1er août, tous les regards étaient braqués sur la réunion du panel de dialogue qui devait trancher la question de la poursuite ou non de sa mission à la lumière du recul, deux jours auparavant, du pouvoir sur son engagement à décréter des mesures d’apaisement.

À la surprise générale, le coordinateur Karim Younès n’a pas mis à exécution sa menace de jeter l’éponge si les préalables posés n’étaient pas satisfaits. Il a certes présenté sa démission mais elle a été refusée.

Le panel a perdu un autre membre, Azzeddine Benaissa, qui a emboîté le pas à Smaïl Lalmas qui avait démissionné au cours de la semaine à cause du même blocage autour des préalables, mais l’autodissolution brandie par Karim Younès n’aura pas lieu et le dialogue devrait être entamé « sans délai », selon le communiqué qui a sanctionné la réunion.

Et c’est là que le discours musclé de Gaïd Salah prend tout son sens : le pouvoir ne se sent pas en position de devoir accepter le « diktat » de qui que ce soit et est bien décidé à faire aboutir sa démarche. C’est-à-dire à organiser un « dialogue » suivi d’une élection présidentielle dans les meilleurs délais, contre la volonté de ce qu’il y a de plus représentatif de la classe politique.

Le discours autoritaire du pouvoir a immédiatement provoqué le durcissement de celui de la rue. Vendredi 2 août, les Algériens sont sortis pour le vingt-quatrième week-end de suite, par centaines de milliers et par une canicule insupportable, réitérer leur refus du dialogue et de l’élection dans les conditions que veut le pouvoir.

Surtout, les manifestants ont brandi une menace qui donne froid dans le dos : « la désobéissance civile arrive », a-t-on scandé à Alger et dans d’autres villes du pays.

Intervenant après la volte-face du pouvoir et l’annonce de l’imminence de la mise en branle de son plan unilatéral de sortie de crise, le nouveau slogan est une manière de signifier aux tenants de la décision que leur obstination à ignorer l’avis des manifestants pourrait contraindre ces derniers à recourir à d’autres formes de lutte à leur portée.

Sur les réseaux sociaux, les avis divergent concernant cette idée d’opter pour la désobéissance civile. Certains y voient une nécessité devant l’entêtement du pouvoir, tandis que beaucoup estiment qu’une telle escalade est une menace pour le caractère pacifique de la contestation en ce sens qu’elle pourrait enclencher l’engrenage des émeutes et de la répression.

Préserver son pacifisme qui a été sa principale force jusque-là, c’est sans doute le prochain défi qui se posera au hirak dès la rentrée sociale. La contestation ne s’étant pas essoufflée durant le ramadhan et les fortes chaleurs de l’été, beaucoup s’attendent au retour de la grande mobilisation du début du hirak dans les prochaines semaines lorsque les effets sociaux indésirables du blocage de la machine économique se grefferont sur la contestation politique qui aura bouclé son sixième mois.

Les Algériens continueront-ils alors à manifester avec le même pacifisme et les autorités à agir avec la même retenue ? Quelques semaines restent encore devant le pouvoir pour diluer son jusqu’auboutisme et devant la rue pour mesurer les conséquences d’une escalade.

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