
La steppe algérienne se meurt doucement. Le député Ahmed Rabhi s’inquiète de la situation des parcours steppiques et notamment de leur désertification.
Dès le début de son mandat, il a présenté un projet de loi visant à « réorganiser les steppes et les pâturages. » Sur les réseaux sociaux, il appelle à « de profonds changements » visant à une utilisation durable de l’environnement steppique.
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C’est lors d’un déplacement professionnel qu’il indique sur les réseaux sociaux avoir « remarqué avec beaucoup de tristesse et de regret la désertification de la couverture végétale de la zone de Fayed al-Raml, située à côté de la route d’Aïn Skhouna, dans la wilaya de Saïda ». À son appel, il ajoute des photos de parcours à la végétation rabougrie.
Une situation qui l’amène à un constat : « La région des steppes qui s’étend de Naâma à Tébessa en passant par les hauts plateaux occidentaux, centraux et orientaux souffre de la nature, de l’homme et de la législation. »
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Il rappelle qu’au début de son mandat, il a décidé de présenter un projet de loi visant à « réorganiser les steppes et les pâturages. » Malheureusement, ajoute-t-il, « plusieurs parties n’ont pas coopéré avec nous, malgré les instructions d’aide données par l’ancien ministre de l’Agriculture, Abdelhafid Henni. »
Renforcer le HCDS
Depuis plusieurs années sur les 30 millions d’hectares de cette région pré-saharienne, le Haut-commissariat pour le développement de la steppe (HCDS) a contribué à des plantations d’arbustes fourragers, la construction d’ouvrages de dérivation des crues d’oueds, de création de mares, de rénovation de puits et de distributions de kits solaires au bénéfice des nomades.
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Conscient de l’importance de cet organisme, Ahmed Rabhi appelle à « revoir les missions et les compétences du HCDS et de ses directions locales ». Pour cela, il suggère de « lui accorder les moyens nécessaires afin de protéger et de préserver les zones steppiques et de leur donner une importance économique effective dans l’investissement agricole. »
À ce titre, il fait part de sa préoccupation concernant l’élevage ovin et note que : « Les conditions actuelles d’exploitation et d’utilisation doivent connaître de profonds changements au service du patrimoine animalier, de ceux qui en ont la charge et de l’environnement steppique. »
« Une gestion écologique prudente »
Ce député n’est pas le seul à tirer la sonnette d’alarme. De nombreux universitaires s’inquiètent de la désertification des parcours steppiques et mettent en avant le surpâturage.
Selon eux, ces parcours accueillent plus de moutons que ce milieu fragile ne peut en supporter. Des études appellent à une modernisation des pratiques ayant cours en steppe à l’image de la demande de modernisation du secteur agricole récemment exprimée par le président Abdelmadjid Tebboune.
C’est le cas de l’expert Abdelkader Khaldi de l’université de Tiaret qui considère que « la modernisation de l’activité de l’élevage dans le cadre d’une gestion écologique prudente est un impératif majeur. »
À l’occasion d’une étude1 sur « La gestion non–durable de la steppe algérienne », il insiste sur un pastoralisme durable qui associe « les communautés locales et la puissance publique. »
Afin de réduire le nombre d’animaux, il suggère : « une fiscalité à finalité écologique » avec un taux progressif lié à la taille du troupeau ainsi qu’une utilisation de la terre avec éco-efficacité.
Une pratique qui doit concilier « la recherche du profit à court terme et la durabilité dans le temps long du moyen de production et matrice de vie qu’est la terre nourricière. » Une préoccupation qui, selon le député Ahmed Rabhi est « une question à suivre. »
1 Étude disponible en ligne. Abdelkader Khaldi, « La gestion non–durable de la steppe algérienne », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement. 2014.