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Niger : les « trois grands principes » de l’accord entre l’Algérie et les États-Unis

Niger : les « trois grands principes » de l’accord entre l’Algérie et les États-Unis

L’Algérie continue de plaider pour une solution pacifique au Niger.

Trois semaines après le coup d’État qui a évincé le président élu Mohamed Bazoum du pouvoir, aucune solution ne se dégage.

Le pays, qui était déjà en crise avant le coup de force du 26 juillet, pourrait basculer dans le chaos en cas d’intervention militaire étrangère pour rétablir l’ordre constitutionnel. Fermement opposée à l’utilisation de la force, l’Algérie a offert sa médiation pour parvenir à une solution pacifique au Niger et éviter l’embrasement du Sahel.

Dans un entretien avec le Washington Post paru ce mardi 15 août, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a souligné l’inefficacité des interventions étrangères et a rappelé l’exemple de la Libye, plongée dans le chaos avec un impact considérable sur l’ensemble de la région, dont l’Algérie, depuis l’intervention française contre le dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. « Je ne vois aucun exemple réussi d’intervention militaire dans des cas comme celui-ci », a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie algérienne vient d’effectuer une visite à Washington où il a discuté de la situation au Niger avec son homologue américain, Antony Bliken. Ahmed Attaf a révélé que l’Algérie et les États-Unis se sont mis d’accord sur trois grands points.

Le premier est que la solution à la crise nigérienne passe par le « respect de l’ordre constitutionnel et démocratique », le deuxième est le rétablissement de Mohamed Bazoum dans ses fonctions de président légitime du Niger, et le troisième est de continuer à accorder la priorité à la solution du conflit dans ce pays.

Comme les États-Unis, l’Algérie s’inquiète de la prolifération du terrorisme au Niger et au Sahel en cas d’intervention militaire dans ce pays. Il explique qu’en Algérie, on ne parle pas de groupes armés, mais plutôt d’ « armées terroristes » qui « menacent directement le Burkina Faso, le Mali, certaines régions du Tchad et le Niger. »

Ahmed Attaf a souligné aussi les doutes de la Cédéao qui menace d’intervenir militairement au Niger pour réinstaller Mohamed Bazoum dans ses fonctions sur le succès d’une telle opération. Pour lui, « personne n’est sûr », même au sein du bloc ouest africain que l’intervention militaire ait une « chance raisonnable de succès ».

Crise au Niger : en Algérie, on parle d' »armées terroristes » au Sahel

Ahmed Attaf a loué la prudence de la Cédéao en remarquant qu’on peut déclencher une opération militaire, sans savoir comment elle va se terminer.

Le chef de la diplomatie algérienne a exprimé aussi les réserves de l’Algérie concernant l’efficacité des sanctions économiques contre le Niger, en mettant en garde l’impacte sur les populations locales.

Il a rappelé que les populations nigériennes proches de la frontière viennent se soigner, faire du commerce et acheter les produits vitaux en Algérie. « Comment pouvez-vous appliquer des sanctions dans ce cas ? », a-t-il interrogé.

Évoquant le problème migratoire qui pourrait s’aggraver en cas d’intervention militaire au Niger, Ahmed Attaf a souligné les problèmes économiques dont souffrent les pays du Sahel.  Pour lui, la question migratoire « n’est pas seulement politique, c’est un énorme enjeu économique ». « Ces gens quittent leur pays, ils quittent leur village parce qu’ils sont à la recherche d’une vie meilleure — et pour certains d’entre eux, pour nourrir leur famille », a-t-il dit.

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