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L’Algérie desserre la ceinture d’austérité

L’Algérie desserre la ceinture d’austérité

Après presque 10 ans d’austérité, le gouvernement algérien est-il en train de renouer avec la générosité ? Les mesures prises en 2022 et les chiffres contenus dans la Loi de finances rectificative pour 2023, le laissent penser.

Après plusieurs années d’austérité dictée par la chute des cours de pétrole à partir de 2014 et l’érosion des réserves de change, le gouvernement se remet à dépenser, notamment en salaires et transferts sociaux, mais aussi dans les grands projets d’infrastructures.

En 2022 déjà, grâce à l’embellie des principaux indicateurs économiques, portés par la hausse des recettes des exportations d’hydrocarbures (près de 60 milliards de dollars, un plus haut niveau depuis plusieurs années), le gouvernement a sorti le chéquier pour financer, entre autres, augmentation des salaires et pensions, allocation chômage et maintien des subventions pour les principaux produits alimentaires de base.

En attendant le véritable essor des autres secteurs, les cours de pétrole et leur incidence sur les recettes budgétaires de l’État et les réserves de change demeurent l’unique facteur qui détermine la politique sociale de l’État.

Dans les dures années du pétrole à bas prix, il a été même question de révision du dispositif des subventions publiques. Aujourd’hui, on n’en parle plus.

Et, semble-t-il, ce sont encore de meilleures prévisions pour l’industrie des hydrocarbures qui ont permis l’élaboration d’une Loi de finances rectificative, plus « optimiste » et plus « généreuse » que la Loi de finances initiale pour cet exercice.

Dans son projet de Loi de finances rectificative 2023, le gouvernement a revu à la hausse les recettes prévisionnelles des exportations de pétrole et de gaz, portées à 47,5 milliards de dollars contre 38,8 milliards dans la LF en vigueur. Il explique qu’il a pris en compte les prévisions optimistes de Sonatrach.

En 2022, les 60 milliards d’exportation de pétrole et de gaz (contre 34 milliards en 2021 et 22 milliards en 2020) avaient déjà généré une forte hausse des dépenses de fonctionnement et l’explosion des transferts courants (+98 %), à cause des mesures sociales décidées par le président de la République, dont l’abattement de l’IRG pour les faibles revenus, les hausses des salaires, l’institution de l’allocation chômage et la poursuite du soutien aux prix des produits de base, de l’énergie et de l’eau.

L’année 2022 a été l’année du retour de l’embellie financière et de l’amélioration des indicateurs macroéconomiques pour l’Algérie.

Outre la cagnotte pétrolière, les réserves de change ont clôturé l’année à 61 milliards de dollars et la balance commerciale a dégagé un excédent de plus de 26 milliards de dollars et plus de 18 milliards pour celle des paiements. Les exportations hors hydrocarbures ont connu aussi une forte hausse à près de 7 milliards de dollars.

Transferts sociaux et infrastructures en Algérie : le gouvernement sort le chéquier

Pour cet exercice 2023, les dépenses devraient être encore plus conséquentes. Les dépenses globales devraient croître de près de 1000 milliards de dinars par rapport à la Loi de finances initiale (de 13700 à 14700 milliards).

L’élaboration d’une Loi de finances rectificative est destinée à prendre en charge les dépenses supplémentaires induites par les décisions des pouvoirs publics, dont la plupart à caractère social, comme la poursuite de l’augmentation progressive des salaires des fonctionnaires, l’augmentation des capacités de stockage des céréales, la revalorisation de la prime de solidarité (AFS) au profit des personnes handicapées, l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable, le renforcement de certains projets de travaux publics, la prime Covid pour le personnel soignant, le paiement des charges induites par des arbitrages internationaux…

Il y a aussi l’assainissement des dettes de l’OAIC (Office des céréales) pour 155,5 milliards de dinars et des EPIC publics, le soutien à l’Office national du lait (ONIL), le renforcement des cantines scolaires avec la prise en charge de la restauration des élèves du primaire à partir de la rentrée scolaire 2023-2024 pour plus de 5 milliards de dinars, la compensation aux producteurs de sucre et d’huile (35 milliards de dinars), le soutien des engrais, la revalorisation des pensions des moudjahidine, les indemnités des professeurs chercheurs, la prise en charge du recrutement de 4.800 titulaires de doctorat, la prime de solidarité ramadan….

Dans le projet de Loi de finances rectificative 2023, il est aussi prévu l’application des droits de douanes à taux réduit (5 %) sur les opérations d’importation de viandes (au lieu de 30 %) et la prorogation de la compensation pour les importateurs des huiles brutes de Soja.

Pour les dépenses des personnels, l’augmentation instituée par la LFC est de plus de 93 milliards de dinars, soit +2,6 %. Le gouvernement évoque une révision éventuelle des statuts particuliers des fonctionnaires de certains secteurs.

Les dépenses d’investissement augmentent aussi sensiblement, de plus de 591 milliards de dinars (plus de 27 % par rapport à la LF 2023).

Les principaux projets qui seront pris en charge sont la ligne de chemin de fer Béchar – Tindouf, l’extension du port d’Annaba pour 17 milliards de dinars, un grand transfert d’eau à Béchar, des tronçons de la route Transsaharienne, la sécurisation des frontières Sud, des projets d’AEP à travers plusieurs wilayas, la réalisation de la cité médiatique d’Alger…

Pour la ligne de chemin de fer Béchar – Tindouf qui est destiné à transporter le minerai de fer du gisement de Gara Djebilet, le gouvernement propose de mobiliser une enveloppe de 430 milliards de dinars pour la réalisation d’une première tranche de 575 km.

En outre, le gouvernement réserve près d’un milliard de dinars pour la prise en charge de l’organisation de la CHAN 2022 qui a eu lieu en Algérie en janvier dernier.

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