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L’Algérie face au test (véritable) du coronavirus

L’Algérie face au test (véritable) du coronavirus

Depuis ce mardi 25 février, l’Algérie figure officiellement parmi les quelque 35 pays touchés par le coronavirus chinois. La nouvelle a donné lieu à une onde d’inquiétude qui a traversé le pays, même si elle était prévisible.

« Après l’extension de l’épidémie à 35 pays, notamment dans le bassin méditerranéen, particulièrement en Italie, il était prévisible que le coronavirus arrive en Algérie », reconnaissait Djamel Fourar le directeur de la prévention au ministère de la Santé au lendemain du diagnostic du premier cas. Il s’agit justement d’un Italien, venu de Milan, l’épicentre de l’épidémie au pays de la Botte, il y a une dizaine de jours.

M. Fourar a tenu des propos rassurants, appelant la population à ne pas céder à la panique. Mais l’inquiétude est inévitable devant pareille situation et elle se comprend. Elle est suscitée d’abord par la période relativement longue du séjour du sujet italien en Algérie.

En dix jours, il a dû être en contact avec des dizaines, peut-être des centaines de gens, dans l’avion, dans les transports publics s’il en a pris, à l’hôtel. Surtout, il a traversé le pays du nord au sud, jusqu’à Ouargla où il a été diagnostiqué et mis en quarantaine. Les autorités rassurent encore qu’elles s’efforcent de retracer son itinéraire et de retrouver les personnes qu’il aurait pu contaminer. Il faut dire que jusque-là, la situation est plus que maîtrisée.

Sur le plan de la communication d’abord, on fait nettement mieux que lors des épidémies de choléra et de rougeole en 2018-2019, avec quelques défaillances toutefois.

La nouvelle a été annoncée au journal télévisé de 20 heures par le ministre de la Santé, suivie d’un tweet du président de la République. Dès le lendemain, le directeur de la prévention au ministère de la Santé a multiplié les sorties médiatiques pour expliquer et rassurer, se présentant comme l’interlocuteur officiel des médias, donc de l’opinion. La fausse note, ce sont ces informations sur des cas suspects rendues publiques par des responsables locaux ou partagées sur les réseaux sociaux, comme c’est le cas à Batna, Tizi Ouzou et Mascara.

La communication doit être centralisée et contrôlée, au risque de créer un état de psychose inutile d’autant que, simultanément, sévit une autre épidémie, la grippe saisonnière, aux symptômes identiques au coronavirus.

Lors de l’épidémie de choléra durant l’été 2018, le gros des dégâts avait été provoqué par les tâtonnements en matière de communication que par la maladie elle-même. On avait assisté à des contradictions publiques entre le ministre de la Santé, ses collaborateurs, l’Institut Pasteur, à des rumeurs qui finiront par infliger de grosses pertes à une filière agricole (pastèque et melon) et à une marque d’eau minérale.

L’autre grosse interrogation concerne le système national de santé et sa capacité à faire face à une épidémie d’ampleur, devant laquelle des pays plus avancés semblent impuissants et pour laquelle de surcroît aucun vaccin n’est encore mis au point.

Le ministère de la Santé se veut aussi rassurant sur ce plan : des espaces sont d’ores et déjà réservés dans les établissements de santé à d’éventuelles personnes contaminées, les démarches à suivre ont été communiquées à tous les personnels, le stock de masques est suffisant et est en train d’être reconstitué et la procédure de mise en quarantaine est respectée avec rigueur pour tous les cas suspects.

Pour l’instant, et à l’instar du reste du monde, l’Algérie ne peut agir que sur le volet de la prévention qui constitue, faut-il le souligner, un aspect important de toute politique de santé publique. Le coronavirus se présente donc comme un sérieux test pour la réactivité du système national de santé et plus globalement pour la capacité de l’Etat à gérer les grandes situations d’urgence et, surtout, à les éviter.

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