Économie

L’Algérie ferme son marché au bœuf espagnol

Le changement de position de l’Espagne sur le dossier du Sahara occidental ne passe pas sans conséquences. Après l’avantage donné à l’Italie dans l’augmentation des livraisons de gaz, l’Algérie aurait décidé d’imposer des restrictions au bœuf vivant en provenance d’Espagne, selon la presse de ce pays.

Le revirement du gouvernement de Pedro Sanchez annoncé vendredi 18 mars a été qualifié par Alger de « seconde trahison » du peuple sahraoui.

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Outre le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid, Alger a privilégié l’Italie dans les négociations sur l’augmentation des livraisons de gaz au détriment de l’Espagne, dans un contexte de fortes tensions mondiales sur le gaz, en raison de la guerre en Ukraine.

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Lundi 11 avril, le groupe algérien Sonatrach et le géant italien ENI ont signé un accord pour l’acheminement de 9 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz algérien vers l’Italie en 2023-2024, avec début effectif de l’augmentation du volume des livraisons dès l’automne prochain.

« Le pire est encore à venir »

Le 25 mars, une source algérienne avait indiqué au journal espagnol El Confidencial que l’Algérie tiendra ses engagements contractuels avec l’Espagne mais « modulera » ses relations en direction de certains partenaires de l’Europe du Sud « qui ont investi en Algérie et qui entretiennent d’excellentes relations traditionnelles avec notre pays », c’est-à-dire en direction de l’Italie.

Ce jeudi 14 avril, le journal espagnol La Razon a rapporté que l’Algérie a activé un autre levier, celui du bœuf importé d’Espagne. Selon le journal, « les autorités algériennes ont commencé à mettre des obstacles bureaucratiques à l’entrée de bétail vivant en provenance d’Espagne ».

Les obstacles se sont multipliés et ont rapidement conduit à une fermeture de facto du marché algérien aux agriculteurs et opérateurs commerciaux espagnols, indique la même source.

Même si cela peut paraître mineur au vu des faibles volumes de bœuf espagnol qui entrent en Algérie, comparé aux flux du gaz, il s’agit néanmoins d’un « fait significatif », écrit La Razon.

Le journal rappelle qu’Alger s’est tourné vers l’Italie, a augmenté le prix du gaz livré à l’Espagne, et avec ces restrictions sur le bœuf, ce sont « des signes sans équivoque que quelque chose a changé ».

La même source parle de situation difficile pour les agriculteurs espagnols qui font déjà face à la hausse des charges liées à leurs activités.

Plus globalement, le journal espagnol fait état de la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie en Espagne, une hausse appelée à s’aggraver lorsqu’arriveront les retombées de l’augmentation du gaz algérien.

« Tout porte à croire que le pire est encore à venir, c’est-à-dire que cette tendance à la hausse de l’alimentation et du carburant est là pour durer, du moins à court et moyen terme », s’inquiète La Razon.

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