
L’Algérie se dote d’une nouvelle usine de trituration de graines oléagineuses qui va permettre la production d’une huile de table 100 % algérienne, et de l’aliment de bétail, deux produits stratégiques pour sa sécurité alimentaire.
Le complexe Kotama Agri Food du groupe public Madar Holding, implanté à Bazoul, dans la commune de Taher (Jijel), a été inauguré ce lundi 22 septembre par le Premier ministre Sifi Ghrieb.
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Il s’agit d’un complexe de trituration de graines oléagineuses, d’extraction d’huiles et de production d’aliments de bétails.
« Un complexe stratégique »
« Un plus qualitatif pour l’économie nationale », s’est félicité le Premier ministre. Pour Charaf Eddine Amara, PDG de Madar, il s’agit d’un « complexe stratégique et un autre édifice de l’Algérie nouvelle ».
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Outre Sifi Ghrieb, deux autres membres du gouvernement ont fait le déplacement à Jijel : le ministre de l’Intérieur et des Transports Saïd Sayoud et le tout nouveau ministre de l’Industrie Yahia Bachir.
La nouvelle usine, dont une partie est située dans la zone portuaire de Djen Djen, fait partie des biens récupérés après leur confiscation par la justice dans le cadre des grands procès anti-corruption.
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Lancé initialement par l’ex-groupe Kouninef, le projet a été confisqué par la justice puis affecté à la holding Madar sur décision du Conseil des participations de l’État en 2021.
Selon les explications fournies sur place, la capacité nominale de l’usine est de 1,65 million de tonnes/an, dont 1,32 million de tonnes de tourteaux de soja et 300.000 tonnes d’huiles brutes, couvrant 70 % du marché national en tourteaux utilisés comme aliment de bétail et 25 % des besoins en huiles brutes.
Kotama Agri Food fournira à l’Office national des aliments de bétail (ONAB) 900.000 tonnes de tourteaux par an. L’entreprise a aussi pour objectif de destiner 20 % de sa production à l’exportation.
L’impact attendu sur l’emploi est la création de 350 postes directs et 1.500 autres indirects.
Un complexe de trituration pour 324 millions de dollars
Le complexe a coûté 42 milliards de dinars (324 millions de dollars), dont 20 milliards DA d’investissement direct et 22 milliards DA de coûts de cession des actifs par les services des domaines.
Madar a mis 22 milliards DA de ses fonds propres (53 % du coût total de l’investissement) et a contracté un prêt bancaire de 20 milliards DA (47 %).
Le complexe est scindé en trois grandes unités, dont deux en zone portuaire : l’unité de stockage de matière première, l’unité de production et ses auxiliaires (énergie, traitement d’eau, vapeur…) et enfin l’unité de stockage et de commercialisation des produits finis, sise en zone extra portuaire.
Les travaux de réalisation en EPC ont été confiés à la société chinoise CBMI et la partie Technologie/process à l’entreprise belge DeSmet.
Dilapidation de l’argent public
Lorsque Madar a relancé les travaux de réalisation en juin 2023, le taux d’avancement était de 40 %, et même moins si l’on prend en compte les travaux qui ont dû être refaits.
Selon un responsable du projet, les silos ont été endommagés par les intempéries et il a fallu les démonter et en construire de nouveaux.
« Le projet a été récupéré avec un taux d’avancement qui ne dépasse pas 20 %. Les transferts bancaires vers l’étranger ont été effectués entre 68 et 69 %. C’est cela la dilapidation des fonds publics. Mais l’engagement du président de la République de récupérer ces fonds se concrétise aujourd’hui avec des compétences 100 % algériennes. Le projet était complexe techniquement et technologiquement », a déclaré le Premier ministre Sifi Ghrieb, en soulignant qu’ « entre 7 et 8 millions de dollars ont été économisés ».
De nombreuses difficultés surmontées
Les dirigeants de Madar assurent qu’en reprenant le projet, ils ont hérité d’une foule de difficultés et d’entraves tant techniques qu’administratives qu’ils ont dû surmonter.
Ils citent, les intempéries, le dédouanement des équipements acquis en 2019, la régularisation des situations administratives des conteneurs en dédouanement, l’actualisation des documents avec les sociétés de transport maritime, le refus de la société d’assurances de prendre en charge le sinistre des silos, la corrosion de beaucoup de pièces et équipements, des erreurs dans les études, des malfaçons dans la réalisation…
Malgré « les difficultés techniques colossales, le projet a été livré dans les délais », a souligné le Premier ministre, non sans remercier les cadres algériens qui ont contribué à la finalisation de l’usine et sa mise en production.
Ce complexe ouvre la voie à l’Algérie de produire sa propre huile de table, un produit subventionné et de large consommation.