Politique

Lamamra juge « inquiétante » la poursuite du conflit au Sahara occidental

Le diplomate algérien Ramtane Lamamra est depuis 2017 le Haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le projet « Faire taire les armes » sur le continent africain.

Adopté en 2013 lors du sommet commémoratif du 50e anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine, ancêtre de l’UA, le projet avait pour vision d’atteindre, en 2020, l’objectif d’ « une Afrique sans conflit, de faire de la paix une réalité pour tous les peuples africains et de débarrasser le continent des guerres et des conflits civils ».

L’échéance est passée et les armes ne se sont pas totalement tues sur tout le continent. C’est Lamamra lui-même qui le constate dans une contribution publiée par le Centre africain pour l’arbitrage constructif des conflits (Accord).

En tête de ces conflits qui persistent en Afrique, celui du Sahara occidental dont la non-résolution après toutes ces années est jugée « inquiétante » par l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères.

La situation s’est même détériorée dans ce territoire depuis novembre dernier suite à l’agression de manifestants sahraouis par l’armée marocaine au niveau de la zone tampon de Guerguerat, et la décision de l’ex-président américain Donald Trump, de reconnaître la souveraineté marocaine sur ce territoire classé non autonome par l’ONU depuis 1963. Cette reconnaissance a été décidée en échange de l’acceptation par le Maroc de normaliser ses relations avec Israël.

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Le Front Polisario avait dans la foulée annoncé son retrait de l’accord de cessez-le-feu de 1991. « Il est inquiétant de voir des pays comme le Soudan du Sud, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Mali et la Libye continuent à être témoins de niveaux persistants de conflit armé, et le conflit de décolonisation au Sahara occidental n’a pas été résolu pendant si longtemps », écrit l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères.

L’Afrique a payé un lourd tribut aux guerres. 100 milliards de dollars depuis la fin de la guerre froide, nombre important de décès, crises alimentaires et humanitaires, érosion de la cohésion sociale, effondrement des économies et décimation du paysage environnemental et politique, regrette le Haut représentant de l’UA pour qui « la menace posée par le Covid-19 a considérablement ralenti l’élan du programme de réduction des armes à feu et a brusquement ajouté aux défis existants, ralentissant la réalisation de la paix et du développement ».

Lamamra cite les stigmatisations, discriminations et réactions négatives des communautés lorsqu’une personne a été testée positive au Covid-19, l’affectation de la confiance entre les citoyens et les institutions, l’impact sur les moyens de subsistance et les économies, l’augmentation de la violence domestique et sexiste, l’agitation politique et la violence, les tensions transfrontalières et interétatiques…

Ramtane Lamamra plaide aussi pour une approche globale et « un effort multidimensionnel et multisectoriel qui vise à aborder de manière holistique les questions étroitement liées de la paix, de la sécurité, du développement, de la gouvernance et des droits de l’Homme ».

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