Politique

Lamamra : l’Algérie « se sent comme un État qui fait face à l’entité sioniste »

Troisième réaction officielle de l’Algérie à la visite du ministre de la Défense israélien Benny Gantz au Maroc. Après le président du Conseil de la nation et le président de la République, c’est au tour du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra de s’exprimer sur ce pas franchi par les autorités marocaines.

Dans un entretien au quotidien paraissant à Londres Al Quds Al Arabi, M. Lamamra a indiqué que l’Algérie « se sent aujourd’hui comme un État qui fait face à l’entité sioniste, auquel nous envoyions nos troupes pour le combattre aux côtés de nos frères arabes, maintenant qu’il est à nos frontières et signe des accords militaires, sécuritaires et de renseignements avec le voisin, le frère et l’ami ».

| Lire aussi : « Les soldats marocains se disent prêts au combat contre l’Algérie » (média israélien)

Au cours de la visite de Benny Gantz (24-25 novembre), le Maroc et Israël ont signé un protocole d’accord pour renforcer leur coopération militaire et sécuritaire, le premier du genre que signe l’État hébreu avec un pays arabe.

« Malgré cela, ajoute le chef de la diplomatie algérienne, nous nous attelons à réunir les arabes au cours du prochain sommet (prévu à Alger en mars prochain, ndlr) pour arriver à une position commune concernant le soutien aux droits du peuple palestinien, et revenir à l’initiative de paix arabe de 2002, sans nous immiscer dans les affaires de ceux qui ont opté pour la normalisation avant la création de l’État palestinien ».

Outre le Maroc, trois autres pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020. Il s’agit des Émirats arabes unis, de Bahreïn et du Soudan, qui s’ajoutent à l’Égypte et la Jordanie qui entretiennent des relations diplomatiques avec l’État hébreu depuis 1978 et 1994 respectivement.

« Un vieux complot »

Dans la question du Sahara occidental, l’Algérie fait face à un vieux complot, remontant à l’époque du président français Valery Giscard d’Estain et du secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, révèle Lamamra.

La différence, selon lui, c’est qu’en 1975 c’était le régime algérien qui était visé, aujourd’hui c’est l’Algérie en tant que nation qui est ciblée.

« L’idée d’utiliser le Sahara occidental pour renforcer le Maroc et affaiblir l’Algérie existe toujours. Après le terrorisme et le Hirak populaire, on a déterré l’idée, croyant que l’Algérie était occupée par sa situation interne et que les Nations-Unies sont sous l’influence de la France et des États-Unis dans cette question », ajoute-t-il.

« Mais le Maroc sait qu’il ne peut pas imposer ses vues dans le dossier du Sahara et qu’il reste encore une citadelle tenace qu’est l’Algérie », assure-t-il. Selon Lamamra, le Maroc a envoyé des soldats pour soutenir l’ancien dictateur du Zaïre Mobutu, a contribué aux accords de Camp David et reçu à plusieurs reprises des dirigeants israéliens.

Il y a des parties qui tentent de faire échouer le prochain sommet arabe, estime le chef de la diplomatie algérienne, ajoutant que ce qui se passe actuellement, les relations entre Israël et le Maroc, la question du Sahara et la relation d’Israël avec la question palestinienne, « redessinera les contours du nouveau monde arabe ».

« Si l’Algérie est assiégée et sa sécurité intérieure déstabilisée, ceux qui attendent sur le quai de la normalisation seront contents de l’éviction de l’écueil que constitue l’Algérie, qui refuse la normalisation par principe », analyse le ministre algérien.

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