Politique

L’appel de Benkirane à la guerre contre l’Algérie, un acte ni isolé ni fortuit

TRIBUNE. Abdelilah Benkirane, chef du Parti de la Justice et du Développement (PJD) marocain, vient d’appeler à la mobilisation contre l’Algérie dans des termes particulièrement belliqueux.

Il ne s’agit pas là d’un événement isolé d’un leader en mal de représentation populaire ou d’un simple épisode d’une campagne de presse devenue coutumière et dont la récurrence n’a d’égal que l’indigence des griefs invoqués contre notre pays, mais bel et bien d’un appel à la guerre contre l’Algérie d’une personnalité politique nationale, relayé pour la circonstance par tous les médias du Makhzen .

Cette attaque n’a pas suscité de réactions de désapprobation de caractère officiel ou de la classe politique locale, ce qui renseigne sur le caractère délibéré et concerté d’une opération politico diplomatique qui intervient dans un  contexte marqué par l’absence de relations entre les deux pays, un contexte régional tendu, et une conjoncture internationale des plus incertaines .

L’appel à la guerre contre l’Algérie est un acte d’une gravité certaine, car il émane d’un ancien premier ministre du Roi (2011-2017)  et chef d’un parti placé notoirement sous l’autorité du Palais Royal, et auquel il est légitimement réclamé un sens élevé de la responsabilité et de la mesure dans les déclarations de politique étrangère conduites au Maroc comme dans la majorité des pays par les chefs d’Etat.

Le Maroc cherche à diaboliser l’Algérie

A l’évidence, cette règle est respectée sauf quand il s’agit de l’Algérie soumise à une surenchère des acteurs politiques et sociaux dans les attaques systématiques contre son histoire et ses institutions.

Il est difficile de croire que ces déclarations ne reflètent pas l’état d’esprit du Makhzen qui cultive vis-à-vis de l’Algérie la stratégie de la tension continue, pour la diaboliser aux yeux de l’opinion publique marocaine, présenter notre pays comme la principale menace contre la paix et la stabilité du Maroc et le rendre indirectement responsable de sa situation socio-économique.

Dans ce même esprit, le palais royal alimente une campagne diplomatique et médiatique visant à présenter l’Algérie comme un Etat hostile à l ‘Occident et à ses intérêts, en recourant à des méthodes qui empruntent pour beaucoup à celles de la guerre froide.

*Diplomate et ancien ministre

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