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Le calvaire insoutenable des détenus du hirak

Le calvaire insoutenable des détenus du hirak

On ne sait même plus combien ils sont avec exactitude. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a dressé en fin de semaine dernière une liste d’environ 80 personnes arrêtées en lien avec le hirak populaire, dont six ont été libérées. La liste n’est pas définitive, a précisé le comité.

Une quarantaine des détenus recensés ont été arrêtés les 21 et 28 juin, donc sans doute pour port du drapeau amazigh. Après une accalmie qui a duré presque tout l’été, les arrestations massives ont repris lors des marches des 6 et 13 septembre pour s’estomper quelque peu lors des deux derniers vendredi. Mais des incarcérations de manifestants sont toujours signalées.

Ce dimanche 29 septembre, le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), une association très impliquée dans le hirak, a dénoncé la mise en détention provisoire de ses deux militants, Karim Boutata et Ahcène Kadi.

Les deux militants sont poursuivis pour « incitation à l’atteinte à l’intégrité territoriale par diffusion des vidéos sur Facebook » et « port de pancartes et slogans attentatoires à l’unité nationale ».

Le même jour, un étudiant en sixième année médecine, donc à une année de la fin de son cursus, a été placé en détention par le tribunal de Sidi M’Hamed.

« L’étudiant Chebili Smail a été arrêté le vendredi 27 septembre à 18 heures après la marche alors qu’il portait un drapeau amazigh comme cache-col », précise la même source.

À Oran, c’est pour avoir porté le maillot de la JSK qu’un jeune manifestant a été arrêté avant d’être remis en liberté, toujours selon le CNLD.

Le cas le plus émouvant reste sans doute celui Ziane Billel, un cancéreux arrêté lors de la marche du 30e vendredi (13 septembre) à Alger et incarcéré à la prison d’el Harrach. Selon le quotidien el Watan, il devait effectuer une séance de chimiothérapie mais les juges ont décidé de le maintenir en détention.

« Il m’a dit en pleurs : Considère-moi comme ton frère. Je sais que je vais mourir, mais je ne veux pas mourir en prison. Les jours qui me restent à vivre, je veux les passer dehors, hors des murs de la prison », témoigne son avocat, cité par le même journal dans son édition du 24 septembre.

La situation des détenus du hirak a fait réagir aussi bien à l’étranger qu’à l’étranger. Le RCD parle carrément de « prise d’otages ». « Le prolongement de la détention, sans base légale, des détenus d’opinion par une justice soumise n’est pas de nature à assurer le dénouement. Pire, tout indique que ces derniers sont pris en otage par un pouvoir décidé à plonger l’Algérie dans le chaos », écrit le parti dans un communiqué rendu public ce lundi 30 septembre.

Réagissant à l’incarcération de deux de ses militants, RAJ dénonce « une grave atteinte aux libertés individuelles et collectives des algériens-es et un abus de pouvoir de la part du pouvoir judiciaire dont l’objectif est de faire taire l’association et, à travers elle, intimider tous les activistes et militants pour la liberté et la démocratie en Algérie ».

« Je pense que le pays glisse progressivement vers une situation de non-droit », s’inquiète de son côté l’avocat Mustapha Bouchachi en évoquant le cas du porte-parole de l’UDS, Karim Tabbou, remis en liberté le 25 septembre après deux semaines derrière les barreaux puis arrêtés de nouveau le lendemain sans aucune explication.

« Ces procédés n’honorent nullement le pays et ne peuvent en aucun cas apaiser les esprits ou aider à faire sortir l’Algérie de la crise. Ce n’est pas de cette façon que le pouvoir va convaincre les récalcitrants à aller aux urnes. Bien au contraire. Il ne fera que renforcer leur opposition au scrutin », estime Me Bouchachi.

La première réaction à l’étranger est venue samedi 28 septembre du Parlement européen. « Plus de 83 personnes sont arrêtées arbitrairement depuis ces manifestations. Nous plaidons pour que toutes les arrestations politiques, tous les prisonniers politiques soient libérés pour qu’il puisse vraiment y avoir un vrai débat, un vrai débat démocratique en Algérie », a posté Marie Arena, présidente de la sous-commission des droits de l’Homme. Une déclaration qui a suscité de nombreuses réactions en Algérie dont celle du chef d’état-major de l’ANP.

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