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Le Canada gagné par l’islamophobie : l’extrême droite sort de l’ombre

Le Canada gagné par l’islamophobie : l’extrême droite sort de l’ombre

Les crimes motivés par l’islamophobie ont enregistré une hausse de 61% au Canada entre 2014 et 2015, selon les chiffres publiés cette semaine par Statistiques Canada, l’agence fédérale relevant du gouvernement.

Les crimes islamophobes ont augmenté dans toutes les provinces sauf à Terre-Neuve-et-Labrador, à l’Île-du-Prince-Édouard, en Saskatchewan et au Manitoba, « où le nombre de ces affaires est demeuré pratiquement inchangé », selon la même source. La plus grande hausse a été signalée dans la province de l’Alberta.

Hausse des crimes islamophobes à Montréal

À Montréal, métropole cosmopolite où vit une bonne partie de la population musulmane canadienne -estimée à un peu moins d’un million de personnes- après Toronto, la hausse des crimes haineux est due à ceux perpétrés contre les musulmans. Ces derniers représentent 60% de la hausse, soit 20 crimes islamophobes sur 33 nouveaux crimes enregistrés dans cette région.

À l’échelle du Canada et à titre de comparaison, les crimes antisémites ont connu une baisse 17% mais restent quand même en haut du tableau avec 13% du total. Les musulmans arrivent en deuxième position, avec 12%.

Globalement, les crimes haineux déclarés par la police, toutes causes confondues (religion, race, orientation sexuelle, entre autres), ont bondi de 5% passant de 1 295 à 1 362 sur l’ensemble du pays. Les non chrétiens représentent 10% de la population. Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2036, selon l’agence fédérale.

« Le nombre de crimes haineux figurant dans la présente diffusion constitue probablement une sous-estimation du véritable nombre de crimes motivés par la haine au Canada, puisque ce ne sont pas tous les crimes qui sont signalés à la police », précise Statistique Canada.

L’extrême droite sort de l’ombre

Beaucoup d’observateurs ont lié cette hausse à la campagne électorale fédérale de 2015. À cette époque, les conservateurs canadiens avaient axé leur discours sur l’interdiction du niqab dans la fonction publique. Ils ont été rejoints par les nationalistes du bloc québécois.

Toutefois, la campagne électorale ne pourrait expliquer qu’en partie cette hausse. Le problème semble plus profond. Le Canada, comme d’autres pays occidentaux, voit ses groupes d’extrême droite sortir de l’ombre. Le discours islamophobe tend aussi à occuper plus de tribunes publiques (radio, télévision ou journaux). Parfois, sous prétexte de lutte contre les islamistes ou le terrorisme.

Selon la politologue canadienne Aurélie Campana, citée par les médias locaux, « les groupes d’extrême droite sont actifs dans toutes les provinces et ont connu des évolutions semblables, illustrées entre autres par l’apparition de groupes antimusulmans ». Au Québec, il existerait entre 20 et 25 groupes d’extrême-droite, selon le Centre de prévention de la radicalisation.

Le parlement canadien a adopté en mars dernier une motion contre l’islamophobie. En 2015, c’est l’assemblée de la province du Québec qui avait adopté une motion similaire. Le Québec a enregistré la plus sanglante attaque contre un lieu de culte musulman en occident le 29 janvier dernier. L’attentat contre la mosquée de la ville de Québec a fait 6 morts et plusieurs blessés.

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