search-form-close
Le Couscous sur la liste du patrimoine de l’Unesco : les pays du Maghreb appuient l’Algérie

Le Couscous sur la liste du patrimoine de l’Unesco : les pays du Maghreb appuient l’Algérie

Les pays du Maghreb appuient la démarche de l’Algérie de coordonner le dossier multinational relatif à l’inscription du Couscous sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco.

Ce dimanche 13 mai, des experts venus de Tunisie, du Maroc et de Mauritanie se sont réunis, à Alger, au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), pour préparer le terrain à l’élaboration de ce dossier.

« Nous devons déposer ce dossier avant le 31 mars 2019. Cette réunion est une introduction à la discussion. Nous souhaitons monter ce dossier pour classer un élément qui nous identifie, identifie nos peuples, nos régions, nos pays et notre Histoire. C’est le met du Couscous qui nous vient du fond des âges et de la Préhistoire et qui a constitué l’aliment de base de l’Afrique du Nord depuis le milieu du néolithique et jusqu’à nos jours », explique Slimane Hachi, directeur général du CNRPAH.

Selon lui, chaque pays maghrébin doit élaborer son propre dossier sur le classement du Couscous. Le dossier collectif sera le concentré tous les dossiers rassemblés et étudiés.

« Avant la rédaction finale, vers janvier ou février 2018 au plus tard, nous devons nous réunir plusieurs fois dans un pays du Maghreb pour coordonner nos actions. Nous devons d’abord donner un intitulé au dossier en faisant ressortir les pratiques, les rituels, les savoirs faire et les symboles autour du Couscous », précise-t-il. Des contacts sont menés actuellement avec la Libye pour qu’elle se joigne à l’initiative maghrébine.

« Le Couscous est marqué par une extrême diversité »

« Le couscous est produit de la mise en œuvre de savoir et de savoir-faire. C’est du patrimoine culturel immatériel. Le produit lui-même est la source de valeurs immatérielles, c’est-à-dire création de liens sociaux, vivre ensemble, accompagnement de grands moments et festivités (naissance, enterrement, mariage, etc). Lors de ces grands moments de regroupement, on consomme ensemble le couscous. Il est porteur de notion de partage, de solidarité et d’entraide. C’est tout cela qu’il faudra exprimer de notre point de vue. Au regard de sa profondeur historique et de sa répartition biogéographique, le couscous est forcément marqué par une extrême diversité », détaille Slimane Hachi.

Mustapha Nami, représentant du ministère de la Culture du Maroc, a salué l’initiative prise par l’Algérie de coordonner le dossier commun de l’inscription du Couscous au patrimoine de l’humanité.

« Un dossier qui nous tient tous à cœur. Le couscous est l’élément emblématique de la culture maghrébine. C’est un élément fédérateur de la communauté de l’Afrique du Nord. Il contribue à renforcer la relation entre les sociétés. J’espère que ce projet sera la première étape d’un processus qui continuera autour d’autres éléments à classer auprès de l’Unesco ou autour de la coopération maghrébine. Pour nous, ça sera une sorte d’apprentissage à collaborer à travers ce projet. Cette collaboration n’est malheureusement pas au niveau que nous souhaitons tous. Et pourtant, nous avons beaucoup de choses à faire ensemble en matière de patrimoine culturel », a-t-il déclaré.

Il a souhaité que l’action collective autour du dossier soit le début d’autres initiatives sur le patrimoine culturel partagé par les Maghrébins. « Au Maroc, comme dans les autres pays du Maghreb, le couscous est présent chaque jour. C’est un plat qui s’adapte à son environnement. Chaque région a son couscous avec des techniques différentes de préparation », a-t-il dit.

 Il a proposé de donner un titre provisoire au dossier de classement aux fins de préparer ses composantes. « On peut, par exemple, proposer « Savoirs et Rituels liés au Couscous ». Nous devons nous mettre d’accord sur la méthodologie de travail et sur le calendrier », a suggéré Mustapha Nami.

« Nous devons nous concentrer sur tout ce qui nous réunit »

« Le Couscous est notre identité. Nous appartenons à la même aire géographique et les frontières entre nous sont artificielles. La présence de l’Algérie, du Maroc, de la Tunisie, de la Mauritanie et bientôt la Libye signifie que les peuples sont unis entre eux. Nous devons nous concentrer sur tout ce qui nous réunit. Le Couscous nous rassemble mais avec toutes ses spécificités régionales. Chaque région a son propre mode de préparation de ce plat avec différentes saveurs. Le Couscous nous distingue des autres pays puisqu’il n’est présent ni au Moyen Orient, ni en Europe ni en Asie ni en Afrique subsaharienne. C’est notre patrimoine. Un patrimoine qui est aujourd’hui menacé. Classer le Couscous est une manière de le protéger. Il est là depuis la nuit des temps », a déclaré à TSA Faouzi Mahfoud, directeur de l’Institut national du patrimoine de Tunisie.

Le Couscous, selon lui, est un repas qui réunit le Maghreb. « En Europe, le couscous devient presque un plat national. Il y a donc le risque d’être piraté par d’autres. Aujourd’hui, il y a un risque que la Harissa, qui est tunisienne, soit inscrite par Israël. Si nous ne faisons rien, nous risquons d’être doublés », a prévenu Faouzi Mahfoud, lors du débat entre experts.

« Je remercie beaucoup l’Algérie d’avoir pris cette initiative et nous sommes très fiers que l’Algérie coordonne ce dossier. Il faut exploiter tout ce qui est valeur autour de ce plat, essentiel dans nos sociétés et qui est lié également à savoir faire féminin. Finalement, nous avons inventé la cuisson à vapeur. Ce n’est pas une invention occidentale », a-t-il relevé.

« Le Couscous est lié à des valeurs de partage »

Nami Mohamed Kaber Salihy, conservateur national du patrimoine et de la culture en Mauritanie, a, lui aussi, exprimé le soutien de son pays pour l’initiative algérienne de coordonner l’action maghrébine sur le couscous.

« C’est une excellente démarche et nous félicitons l’Algérie. Nous confirmons notre totale adhésion surtout que la Convention de l’Unesco encourage l’inscription des éléments du patrimoine en partage, transfrontaliers. Ce qui est sûr est que tous les pays du Maghreb partagent les coutumes et les pratiques autour du Couscous. Le fait que le Couscous se retrouve en dehors du Maghreb est le résultat du déplacement de la migration des populations qui en sont originaires », a-t-il dit.

Il a rappelé que le Couscous est évoqué depuis l’époque d’Ibn Khaldoun, le père de la sociologie moderne. « Le Couscous est lié à des valeurs et à des traditions, surtout les valeurs de partage. Notre travail est de préparer un bon dossier en réalisant notamment la documentation audiovisuelle avec méthodologie. Nous sommes prêts à collaborer, mes collègues et moi sommes à votre disposition », a appuyé Nami Mohamed Kaber Salihy.

D’après lui, le Couscous est présent chaque jour sur la table des familles mauritaniennes. « Ce met est lié à beaucoup de traditions et à des rituels sociaux ou spirituels. Chaque région de Mauritanie a son propre plat de Couscous », a-t-il noté.

« Ce qui caractérise la richesse des pays du Sud est le patrimoine culturel immatériel »

Le dépôt du dossier se fera conformément à la Convention de 2003 relative à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

« Cette convention fait du bien aux États du Sud. Nous devons tous la porter, parce qu’il y a des pays du Nord qui souhaitent s’accaparer de cette Convention. Ce qui caractérise la richesse des pays du Sud, en Afrique ou en Asie, est le patrimoine culturel immatériel », a souligné Slimane Hachi.

L’article 2 de cette Convention précise qu’il est entendu par le patrimoine culturel immatériel « les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire -ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel ».

« Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur Histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’Homme, ainsi qu’à l’exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, et d’un développement durable »,est-il ajouté.

  • Les derniers articles

close