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Le dernier lapin posé par Mohamed VI à un hôte du Maroc

Le dernier lapin posé par Mohamed VI à un hôte du Maroc

Le roi Mohamed VI et son fils, en décembre à Paris dans un magasin de chaussures de luxe

Antonio R. râle. Comme 200 autres hommes d’affaires espagnols, il avait déjà acheté son billet d’avion et payé à l’avance son hôtel à Casablanca pour assister à un forum organisé par le patronat espagnol et marocain à l’occasion de la visite d’État du roi d’Espagne, Felipe VI, au Maroc. Or, le déplacement royal a été annulé, ou plus exactement ajourné, et du coup « la réunion de Casablanca tombe à l’eau », explique-t-il mécontent.

Le roi Mohamed VI du Maroc a fait annuler, le 3 janvier dans la soirée, la visite du couple royal espagnol et de sa suite, composée de ministres et d’hommes d’affaires, pour des « raisons d’agenda » non expliquées par les autorités marocaines à leurs interlocuteurs espagnols. Une délégation espagnole s’était rendue en décembre au Maroc pour préparer le voyage. Il devait commencer à Rabat ce mardi 9 janvier, passer par Casablanca le 10 et se terminer le 11 à Tanger. Pour atténuer l’impact de la mauvaise nouvelle, des sources diplomatiques espagnoles ont indiqué à la presse qu’elle aurait probablement lieu en mars, mais sans préciser de date.

La première visite d’État de Felipe VI n’avait pas été annoncée officiellement, mais le quotidien numérique marocain « Le 360 », la publication la plus proche du palais royal, était allé, le 14 décembre, jusqu’à révéler les dates de son déroulement, une information reprise par la plupart des médias du Maroc. Peu après, la presse espagnole confirmait le « scoop » du journal en ligne marocain et rapportait davantage de détails sur le périple royal au Maroc.

Le souverain marocain, qui enchaîne les voyages privés, est arrivé le vendredi 5 janvier en France et il y était encore en début de semaine, quand devait en théorie commencer la visite de Felipe VI et de la reine Letizia au Maroc.

Mohamed VI séjourne pratiquement sans discontinuité à l’étranger depuis le 11 décembre. Ce jour-là, il a atterri à l’aéroport parisien du Bourget pour assister, le lendemain, en compagnie de son fils Moulay Hassan, au déjeuner offert à l’Elysée par le président Emmanuel Macron à l’occasion du deuxième anniversaire de l’accord de Paris sur le changement climatique.

Depuis Paris, le monarque s’est rendu ensuite à la station alpine de Courchevel, ou il a skié quelques jours en compagnie de son ami Aziz Akhnnouh, ministre de l’Agriculture et deuxième fortune du Maroc,  puis il est rentré dans la capitale française. Il y a été filmé la veille de Noël, en compagnie de son épouse, la princesse Lalla Salma, parcourant une animalerie.

Le 28 décembre, il a passé quelques heures à Rabat pour présider, au Mausolée Mohamed V, une veillée religieuse à l’occasion du 19e anniversaire de la mort de son père, Hassan II, puis il est aussitôt reparti sur le Gabon où il a célébré le nouvel an, selon le journal en ligne marocain « Le Site Info ». Il s’est à nouveau envolé vers la France vendredi dernier.

L’annulation de la visite de Felipe VI au Maroc a surpris et décontenancé les autorités espagnoles, selon des sources diplomatiques, qui espéraient que Mohamed VI reviendrait dans son royaume. Celui-ci avait déjà renoncé à accueillir le couple royal espagnol le 29 et 30 novembre dernier, comme il l’avait proposé initialement, quand il s’est rendu compte que ces dates coïncidaient avec le sommet d’Abidjan entre l’Union européenne et l’Union africaine où il s’est finalement rendu. A Madrid on considère, cependant, que l’annulation décidée mercredi n’est pas due à des raisons politiques.

Mohamed VI a fait faux bond à ses interlocuteurs étrangers à de multiples reprises. Avant le roi d’Espagne, le dernier en date à l’attendre en vain fut, le 18 décembre, Alpha Condé, le président de la Guinée-Conakry. Dans ce cas non plus, l’arrivée du monarque marocain à Conakry n’avait pas été annoncée officiellement, mais la presse des deux pays l’avait révélée plusieurs jours avant la date, précisant même les infrastructures qu’il inaugurerait lors de son séjour.

Début octobre, ce fut le premier ministre russe, Dimitri Medvedev, qui ne put rencontrer le roi lors de son déplacement à Rabat. Le chef du gouvernement marocain, Saad-Eddine Al-Othmani, lui fit part des « excuses [du monarque] qui, pour des raisons de santé, ne peut se réunir avec vous », rapporta l’agence de presse moscovite Itar-Tass. Le roi était alors en France.

Peu après son intronisation, Felipe VI avait fait, en juillet 2014, un voyage éclair au Maroc, mais ce mardi il allait commencer sa première visite d’Etat dans ce pays. Son père, le roi Juan Carlos, y avait lui aussi fait une visite d’État en janvier 2005. La première et dernière visite de ce genre de Mohamed VI en Espagne remonte à septembre 2000.

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