Politique

Le FLN de nouveau dans l’œil du cyclone

Engagé depuis plusieurs jours, le bras de fer opposant le nouveau secrétaire général du FLN, Mohamed Djemai, et le président de l’APN, Moad Bouchareb, a fini par s’inviter au sein de l’Hémicycle. Au lendemain de la décision du gel de leurs activités, des députés ont pris d’assaut, mercredi 22 mai, le bureau du président de l’APN pour l’empêcher de tenir une réunion du bureau. Sans succès.

Sur les images diffusées sur les réseaux sociaux, on voit un échange vif entre certains députés et Moad Bouchareb. Des altercations qui écornent gravement l’image de l’institution parlementaire et de l’ancien parti unique, déjà secoués par l’affaire Bouhadja à l’automne dernier.

Peu après cet incident, le président du groupe parlementaire Khaled Bouriah a déclaré à la presse que « c’est le FLN qui avait présenté la candidature de Bouchareb à la présidence de l’Assemblée ». Comprendre : il est appelé à partir et ne peut se prévaloir de quelque soutien dans les hautes sphères du régime. « La donne a changé aujourd’hui suite aux manifestations populaires qui revendiquent le changement. Nous n’avons fait que reproduire l’appel des manifestants et du hirak », a-t-il ajouté.

Bouchareb fait de la résistance

Cet assaut n’est qu’un prolongement de l’appel lancé jeudi dernier par le nouveau secrétaire général du FLN au président de l’APN l’exhortant à jeter l’éponge. Mohamed Djemai l’a invité de « faire prévaloir l’intérêt suprême du pays et de ‘l’État sur tout autre intérêt personnel et de s’engager avec courage à mettre en œuvre les revendications du peuple algérien qui demande le changement du président de l’APN et le reste des symboles du régime ».

Un appel qui n’a pas été entendu par l’intéressé. Contre toute attente, Moad Bouchareb fait de la résistance. Il engrange même des soutiens parmi les députés de son parti. Jeudi, des députés FLN ont, en effet, désavoué l’assaut de leurs collègues contre le bureau du président de l’APN, jugeant « scandaleux » leur comportement.

Dans un communiqué, ces députés – on parle de 80 – ont dénoncé les « tentatives de disperser les rangs du parti et de déstabiliser l’institution ». «Cette institution nous impose un esprit de responsabilité surtout dans cette étape que travers le pays », ont-ils affirmé.

Ce bras de fer illustre la grave crise qui secoue l’ancien parti unique dans un contexte marqué par la révolte populaire. Véritable bras politique du régime, le FLN a toujours constitué un baromètre des rapports de force et des tendances du sérail. Depuis le début de la crise actuelle, le parti a soutenu toutes les décisions du régime : cinquième mandat, report de l’élection, démission forcée de Bouteflika et les dernières décisions de Gaid Salah concernant la gestion de la transition.

L’arrivée de Mohamed Djemai à la tête du FLN laissait penser que le parti avait dépassé la crise. Mais ce bras de fer avec Moad Bouchareb, un président d’APN parachuté par l’équipe Bouteflika, montre que la direction actuelle n’a pas les appuis nécessaires au sommet de l’État. Elle montre aussi que Mohamed Djemai n’a pas encore la maitrise de toutes ses troupes.

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