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Le ministre israélien de la Défense au Maroc : Rabat ne cache plus son jeu

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, est attendu ce mardi soir à Rabat pour une visite qui prendra fin jeudi 25 novembre, dans un contexte de tensions entre le Maroc et l’Algérie.

Depuis la normalisation de leurs relations à l’automne 2020, les deux pays ont échangé des visites de haut rang, dont celle du chef de la diplomatie israélienne qui s’est rendu au Maroc en août dernier.

C’est toutefois la première visite d’un ministre de la Défense d’Israël dans le royaume et dans toute la région. Une visite qui donne tout leur sens aux accords de normalisation signés sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump, il y a près d’une année.

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Depuis décembre 2020, le Maroc et Israël ont multiplié les actions concrètes de coopération dans divers domaines, notamment en ouvrant des lignes aériennes directes entre les deux capitales, et plusieurs annonces d’entraide sécuritaire et militaire ont été faites.

Cette visite viendra formaliser cette orientation par la signature d’un accord cadre qui servira d’assise à la coopération bilatérale en matière de défense.

Ce sera peut-être aussi l’occasion de confirmer et de concrétiser les accords annoncés ces dernières semaines par des médias étrangers et portant sur la réalisation d’une usine de drones israéliens au Maroc et l’ouverture d’une base militaire commune sur la Méditerranée, près de l’enclave espagnole de Melilla.

Plusieurs médias internationaux, qui annoncent la visite de Benny Gantz au Maroc, soulignent qu’elle intervient dans un contexte de fortes tensions avec l’Algérie, avec laquelle les relations diplomatiques sont rompues depuis août dernier, après une série d’ « actes hostiles » et de « provocations » du Maroc.

La situation s’est davantage tendue début novembre, lorsque trois routiers algériens ont trouvé la mort dans un bombardement marocain près de la frontière entre le Sahara occidental et la Mauritanie. La visite survient aussi alors que le front Polisario s’est retiré de l’accord de cessez-le-feu de 1991 et a repris la lutte armée suite à l’agression des forces d’occupation marocaines de civils sahraouis dans la zone tampon de Guerguerat.

Hard power et Etat pivot

Lorsque le Maroc a franchi le pas de la normalisation avec Israël à l’automne 2020, il avait obtenu en contrepartie la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur les territoires occupés du Sahara occidental.

Mais des observateurs avaient noté qu’il visait aussi à redessiner la carte des équilibres géostratégiques dans la région. Ce que, au Maroc, on ne cherche même plus à cacher. Le journal Tel Quel écrit par exemple à la veille de la venue de Benny Gantz qu’elle servira au royaume pour « renforcer son hard power dans un contexte régional tendu ».

« Il est possible que dans un contexte de tension Algérie-Maroc, les Marocains désirent montrer au monde, à leur propre population, à leurs rivaux algériens et à l’Occident qu’ils approfondissent leurs relations avec Israël, avec tout ce que cela implique », confirme Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l’université de Tel-Aviv, cité par le journal français Le Monde.

« Le Maroc ne cherche pas l’apaisement, ou alors à la manière de son nouvel allié sioniste : utiliser le rapport de force », analyse pour sa part le journaliste franco-marocain Jacob Cohen dans un entretien au site algérien Algérie54.

« Il est possible que les deux armées (marocaine et israélienne, ndlr) définissent des plans à long terme pour verrouiller la région à leur profit et préparent divers scénarii d’attaque ou de défense », ajoute-t-il.

L’académicien et politologue jordanien, Walid Abdelhay, interrogé par l’agence officielle algérienne APS, estime pour sa part qu’Israël utilise le Maroc pour affaiblir le « pays pivot » qu’est l’Algérie.

« Les études publiées par les institutions israéliennes, notamment l’Institut israélien de sécurité nationale (INSS) révèlent un suivi constant de la situation au Maghreb arabe », a-t-il dit en soulignant que les « Israéliens considèrent l’Algérie comme étant un Etat pivot au Maghreb arabe. »

« De par son histoire révolutionnaire, l’Algérie constitue une entrave à la conquête israélienne dans cette région, ce qui explique ses tentatives d’employer le Maroc pour affaiblir la cohésion algérienne », a-t-il expliqué.

Mais le politologue exclut de voir la visite de Benny Gantz au Maroc orientée vers une défense commune entre les deux pays, car cela « impliquerait Israël dans les multiples problèmes du Maghreb arabe ».

Il juge « probable » qu’il sera question lors de cette visite d’un « renforcement de la coopération militaire, notamment la production militaire dans certains domaines comme les drones, les échanges des visites militaires et la participation dans des entraînements militaires ».

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