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Le mouvement des médecins résidents se durcit : un compromis est-il possible ?

Le mouvement des médecins résidents se durcit : un compromis est-il possible ?

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Le mouvement de protestation des médecins résidents entame son troisième mois. Grèves, marches, répression et rassemblements. Le cycle infernal continue avec des images préjudiciables pour l’État algérien et une situation qui pénalise en premier lieu les patients dans les hôpitaux.

Ce mercredi, la justice a apporté son grain de sel en déclarant illégal le mouvement de grève et la tutelle a décidé de frapper au portefeuille en procédant à des ponctions sur les salaires des grévistes.

Après plusieurs semaines de bras de fer, le conflit ne fait que se corser tant les deux parties, le gouvernement et le Collectif des médecins résidents algériens (Camra), campent sur leurs positions.

Les protestataires ne veulent pas de l’obligation du service civil, tandis que le ministère de la Santé met en avant le droit de tous les citoyens à accéder aux soins. À entendre les arguments des grévistes, il y a effectivement urgence à trouver une solution à leur situation, résumée de fort belle manière sur une banderole brandie avant-hier lors du rassemblement tenu au CHU Mustapha d’Alger : « Bac + 7 + 5 + service civil + service national et puis quoi encore ? ».

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L’obligation qui leur est faite, après l’obtention de leur diplôme, d’exercer dans une structure hospitalière publique pendant une période déterminée (un an dans le Grand Sud, deux ans dans les Hauts-Plateaux et quatre ans dans le Nord) retarde de fait le début réel de leur carrière et contraint certains d’entre eux, notamment les mariés, à vivre encore loin de leur famille.

De plus, ils mettent le doigt sur un point sensible : le manque de moyens dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux. Ce n’est pas en y affectant quelques spécialistes qu’on parviendra à cacher ce « grand désert médical », pour reprendre leur propre expression.

De son côté, le ministère ne manque pas non plus d’arguments quand il s’agit de défendre le maintien du service civil dans sa forme actuelle : les citoyens des zones déshéritées ont bien le droit eux aussi à des soins de qualité et rien ne garantit que des médecins opteront pour le travail ailleurs que dans les grandes villes du Nord si on leur laissait le choix.

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Aussi, des médecins qui ont étudié pendant de longues années au frais de l’État, donc du contribuable, peuvent bien faire ce sacrifice de se mettre pendant une année ou deux au service de leurs concitoyens des zones déshéritées. Là aussi, l’argument semble tenir la route.

Cela dit, les positions des uns et des autres sont loin d’être inconciliables, en dépit des apparences. D’autant plus que, dans leur plateforme de revendications, les grévistes ne remettent pas en cause foncièrement le principe du service civil dont ils n’ont à aucun moment exigé la suppression pure et simple.

Ils réclament une réforme qui mettra fin au caractère obligatoire de ce service et des mesures incitatives à même d’amener les médecins à choisir délibérément d’aller travailler dans les zones contestées et même à « y rester » (logement, regroupement familial, moyens de travail…).

Autant dire que le problème, dans le fond, est loin de constituer un écheveau inextricable et une voie de sortie de crise existe sans doute. La commission de réflexion mise en place par le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbelaoui, se penche sur la question et ses propositions sont très attendues. La voie de la sagesse doit l’emporter et à tout le monde d’accepter un compromis salvateur.

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