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Le programme économique du gouvernement dominé par la prudence

Le programme économique du gouvernement dominé par la prudence

La présentation devant le Parlement du plan d’action du gouvernement, qui constitue la première vraie sortie publique du nouveau Premier ministre, s’est distinguée par le constat accablant qu’a fait Abdelaziz Djerad des deux décennies du règne de Bouteflika et même des huit mois passés par son prédécesseur Noureddine Bedoui à la tête de l’exécutif.

Une gestion qui a mis le pays dans la situation dans laquelle il est, c’est-à-dire toujours fortement dépendant du marché mondial du pétrole dont les fluctuations actuelles justement n’augurent rien de bon. 54 dollars le baril, c’est à peine au-dessus du prix de référence retenu dans la loi de finances et une dizaine de dollars de moins que la moyenne de l’année 2019 des cours de la première source du pays en devises.

Djerad s’est engagé à tout revoir avec au bout la promesse de relancer la machine économique. S’il n’y a aucune raison de douter des capacités du chef de l’Exécutif, encore moins de sa bonne foi, le projet qu’il a présenté laisse dubitatif. Pour un gouvernement post-révolutionnaire, si l’on considère qu’il est nommé par un président venu avec la promesse d’un changement radical, il était légitime d’attendre de lui au moins une nouvelle orientation économique.

Plus précisément un cap plus libéral dans une conjoncture difficile pour les finances de l’Etat, mises à mal par une foule de facteurs, dont la chute des prix du pétrole certes, mais aussi « une gestion catastrophique de l’Etat ainsi que des pratiques autoritaires ayant mené au pillage et à la dilapidation des richesses du pays à la destruction systématique de ses institutions et de son économie dans le but d’accaparer ses biens ». Ce sont les mots de M. Djerad.

C’est aussi lui qui, dans le même exposé, dénonce les dépenses mal calculées de ses prédécesseurs, ou de son prédécesseur pour être plus précis, dans sa quête d’acheter la paix sociale, regrettant « l’incidence financière importante résultant des décisions et engagements pris en 2019 (donc par Noureddine Bedoui), qui s’élève à 1.000 mds DA, en l’absence des financements nécessaires à leur couverture ».

Ce qui ne l’a pas empêché d’y aller de ses largesses à lui, destinées, elles aussi sans doute, à ne pas souffler sur le brasier social, mais à « l’incidence financière » risquant de s’avérer nettement plus lourde que les petites générosités de ceux qui ont géré la période de transition. En annonçant le relèvement du SMIG et la suppression de l’IRG pour une catégorie de salariés, pour ne citer que ces deux mesures phares, le Premier ministre ne dit pas où il ira puiser « les financements nécessaires à leur couverture », sachant qu’il a lui-même dressé un tableau noir de la situation des finances du pays, chiffres à l’appui, dans le même discours : aggravation du déficit budgétaire, hausse du déficit de la balance commerciale, recul des réserves de change, hausse de la dette publique…

Surtout, dans les 70 pages du plan d’action, on ne trouve nulle trace de mesures concrètes à même de renflouer à court terme les caisses de l’Etat, comme l’élargissement de l’assiette fiscale vers les milliards cachés de l’informel ou la relance de secteurs qui ne demandent pas des investissements lourds, mais juste des décisions administratives.

A titre d’exemple, le tourisme, pour lequel l’infrastructure et la demande existent, peut se mettre à créer de la richesse dans l’immédiat si les autorités mettent plus de souplesse dans l’octroi des visas aux touristes.

Le gouvernement ne manque pas d’ambition en se fixant comme objectifs la relance de la machine économique, l’amélioration du pouvoir d’achat et la réduction du chômage, mais en plus de pécher par un manque de clarté quant à l’orientation de sa politique économique, les effets des actions qu’il promet de mettre en œuvre pour encourager et relancer l’investissement, quand bien même elles en auraient, risquent de se faire attendre.

Pour les difficiles mois à venir, il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que quelque bouleversement de la géostratégie internationale vienne porter les prix du pétrole vers le haut.

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