Économie

Le récit accablant d’un jeune exportateur algérien

C’est le récit accablant d’un jeune exportateur algérien qui a cru en l’aura d’un pays « continent » comme l’Algérie. Pour lui, comme beaucoup d’autres de ses collègues, accéder aux marchés mondiaux relève du parcours du combattant. Il peut même tourner au cauchemar.

La faute entre autres à la faiblesse d’une diplomatie économique qui ne fait rien pour promouvoir le produit algérien à l’étranger et faciliter le travail des exportateurs algériens.

Le jeune exportateur profitant d’une rencontre entre des opérateurs algériens et le ministre du Commerce Kamel Rezig, a dit les quatre vérités au représentant du gouvernement sur les entraves à l’exportation qu’il endure lui et ses collègues.

En partant de son expérience personnelle et ayant nourri l’ambition de conquérir les marchés africains et asiatiques, il explique avoir entrepris des partenariats avec des opérateurs mauritaniens et émiratis.

L’ambition était à la mesure de l’image que l’exportateur considérait l’aura des produits algériens auprès des autres pays. « (…) Nous pensions que nos produits allaient rencontrer un écho dans le monde, mais nous avions été choqués de constater que nos produits n’étaient pas connus et n’avaient pas de cité sur le marché international », relate cet exportateur qui fait part de pertes considérables.

Malgré tout, l’opérateur n’a pas baissé les bras et dit batailler inlassablement pour réussir le pari de l’export. Il  pointe le manque de sérieux de la part des pouvoirs publics quant à développer l’exportation hors hydrocarbures, mais ne se contente pas de poser des constats. Il fait quelques suggestions pour permettre aux produits algériens de se faire une place sur les marchés mondiaux.

En premier chef, il suggère de donner « la liberté totale » à l’exportateur de voyager et de prospecter les marchés extérieurs, en ouvrant des sociétés dans les autres pays avec comme objectif d’exporter vers ces pays.

En deuxième lieu, l’opérateur propose de permettre pendant 3 ans aux exportateurs d’activer en toute liberté et « sans entraves bancaires », et en épargnant à l’exportateur les sanctions liées aux infractions au transfert de la devise.

Selon cet exportateur, certaines contraintes poussent les opérateurs à tricher sur le rapatriement de la devise. Pour prétendre se vendre sur les marchés étrangers, souligne l’exportateur, il y a nécessité de veiller à la bonne qualité du produit.

« La consommation interne est une chose et l’exportation en est une autre », dit-il, relevant que certains produits finissent dans les poubelles avant d’arriver à destination en raison de la mauvaise qualité du produit et des conditions de transport.

La formation des exportateurs algériens par des partenaires étrangers sur les techniques d’export est l’une des suggestions de cet opérateur. Il insiste aussi sur l’obligation de faire en sorte que les produits algériens destinés à l’exportation soient conformes aux standards internationaux d’exportation.

Ce que propose l’exportateur

Le transport maritime et aérien doit également accompagner l’exportation algérienne, suggère l’exportateur qui appelle à l’ouverture de lignes directes avec des pays du Moyen-Orient, la Russie et les Etats-Unis.

« Je m’étonne que des conteneurs de nos voisins marocains et tunisiens arrivent au port Jebel Ali à Dubaï (Emirats arabes) après 12 jours alors qu’un conteneur au départ de l’Algérie prend un mois et demi », s’insurge le jeune exportateur qui déplore que ce temps pris dans l’acheminement cause la perte des produits.

Le jeune exportateur, qui est membre fondateur de la Fédération nationale des exportateurs algériens, lance un appel au président de la République pour « investir véritablement dans le transport aérien et maritime de marchandises, comme seule solution pour investir les marchés mondiaux ».

Pour lui, l’ambition d’exporter 5 milliards de dollars en 2021, exprimée par les pouvoirs publics, tient à la satisfaction de ces préalables.

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