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Le recours à la répression susceptible d’entraîner le pays dans le chaos, avertit ICG

Le recours à la répression susceptible d’entraîner le pays dans le chaos, avertit ICG

Alors que des millions d’Algériens manifestent pacifiquement en masse dans les rues du pays pour réclamer un changement de système, l’International Crisis Group a mis en garde, ce vendredi 26 avril, contre toute tentation répressive de la part du régime qui déboucherait sur le chaos.

Dans une note, le centre de réflexion, qui évoque un « tournant répressif », estime que les nouveaux tenants du pouvoir doivent donner des signaux de changement et engager un dialogue avec le mouvement de protestation qui ne faiblit pas malgré les mesures répressives et les dernières annonces faites par le régime, notamment les limogeages de certains responsables et les poursuites judiciaires contre des hommes d’affaires.

« Malgré des contre-mesures répressives, les protestataires n’ont montré aucun signe de faiblesse » et « les protestations ne cessent de s’amplifier », constate ICG qui souligne que le mouvement de protestation ne fait que s’amplifier.

Tout montre que les Algériens « n’arrêteront pas de protester, même si la répression s’intensifie, tant que les autorités n’auront pas adressé des signaux clairs indiquant qu’elles sont prêtes à rompre avec le passé », ajoute le centre de réflexion.

« En l’absence de signaux clairs indiquant que le régime est en train de démanteler son propre appareil, le dangereux cycle de protestations de masse entrainant des réponses répressives suscitant à leur tour des mobilisations plus importantes va probablement se poursuivre », écrit ICG.

Parmi les « signaux » suggérés par ICG, la dissolution du Parlement et le report de l’élection présidentielle, fixée au 4 juillet. Le régime devrait « surtout engager immédiatement un dialogue avec des dirigeants de la société civile acceptés par les manifestants » pour « parvenir à un accord sur les grandes lignes d’une transition politique qui permettrait de rétablir la confiance et de prévenir l’entrée dans un cycle de violence incontrôlée », estime le centre.

Selon ICG, le régime a tenté de tirer profit de l’absence de leadership pour essayer de le contrôler et de le diviser à travers notamment « une campagne anti-corruption ».

« Au lieu de rassurer les manifestants sur la disposition des autorités à combattre le fléau de la corruption, que ce soit dans le camp des partisans de Bouteflika ou dans celui de ses opposants, beaucoup pensent que cette campagne anti-corruption est un prétexte pour que le régime reprenne pied, se lance dans une purge interne ou quelque chose de similaire, sans pour autant faire quoi que ce soit de concret afin d’éradiquer la corruption en son sein même », souligne le centre de réflexion.

« Face au risque d’un affrontement sanglant et déstabilisant, la meilleure voie à suivre devrait comporter les trois éléments suivants : un engagement mutuel en faveur de la non-violence ; un dialogue régime-citoyen qui englobe les principaux secteurs de la société ; et, à travers cette discussion, l’avancement vers la satisfaction des principales demandes des protestataires, tels que décrites plus haut, tout en garantissant au régime qu’il ne sera pas la cible de représailles l’acculant à une impasse », poursuit-il.

« L’Algérie de l’après-Bouteflika se trouve à une étape charnière », estime le centre qui met en garde contre la répression.

« L’Algérie de l’après-Bouteflika se trouve à une étape charnière. Elle pourrait s’engager sur la voie de réformes substantielles et de mesures originelles capables de changer le système. Sans quoi, le régime pourrait renouer avec ses tendances autocratiques et répressives. Ce dernier scénario finirait par entraîner l’effondrement du régime, mais le coût humain n’en serait que trop élevé », avertit ICG.

« L’option la plus sûre et la plus raisonnable serait l’établissement d’un dialogue ouvert entre le régime et des représentants du mouvement sur les conditions d’une transition globalement acceptable. Celle-ci prendrait en considération les préoccupations les plus immédiates des manifestants tout en garantissant au régime que des représailles ne le viseraient pas. Élaborer et mettre en œuvre une telle transition tient de l’impossible, mais maintenant que l’Algérie s’est lancée dans l’après-Bouteflika, il ne semble pas y avoir de meilleure alternative », conclut-il.

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