En ce qui concerne le cas Riyad Mahrez, le mercato qui s’est achevé hier à minuit a un goût de déjà-vu. À vrai dire, les dernières périodes de transferts se suivent et se ressemblent pour l’international algérien. Dans le viseur de plusieurs écuries, on le dit à deux doigts de signer avec l’une d’elles avant que l’histoire ne fasse machine arrière.

Mahrez restera donc un joueur de Leicester, au moins encore jusqu’à la fin de la saison. Pourtant, le N. 26 des Foxes n’avait jamais semblé aussi proche d’un départ, hier, lors de la dernière journée de ce mercato d’hiver. Mais son espoir de rejoindre Manchester City s’effondrait en fin d’après-midi quand les SkyBlues décidaient d’abandonner les négociations après que Leicester a rejeté une quatrième offre qu’aucun club jusqu’alors n’avait formulée : 74 millions d’euros plus un joueur.

Une proposition pas assez satisfaisante aux yeux des dirigeants thaïlandais de Leicester, qui ont exigé en plus du joueur (dont l’identité n’a pas été révélée), 95 millions de livres (près de 110 M€). Les Citizens avaient accéléré sur le dossier ces derniers jours, afin de pallier l’absence de Leroy Sané, blessé à la cheville lors de la rencontre de FA Cup à Cardiff (0-2).

Un énième transfert avorté qui a affecté le moral de l’ancien Havrais. Il n’a pas participé hier au match contre Everton, perdu par son équipe (1-2) et avait boycotté l’entraînement de la veille pour forcer son destin, qu’il voulait écrire auprès de Pep Guardiola. Des agissements qui auraient agacé certains de ses coéquipiers, selon Sky Sports.

« Riyad est très abattu après ce qu’il s’est passé ces derniers jours. Il ne comprend pas la décision de Leicester. C’est le quatrième mercato où le club lui dit qu’il peut partir. Il a tout donné afin de partir cet hiver. Rejoindre Manchester City pour travailler avec Guardiola aurait été un rêve pour lui », a témoigné hier un proche du joueur auprès du média britannique.

Leicester trop gourmand ou Mahrez sous-coté par les grands clubs ?

Outre-Manche, le feuilleton Mahrez n’a cessé d’enflammer les médias depuis l’été 2016, à l’issue d’une saison époustouflante qui a vu Leicester décrocher le titre de champion d’Angleterre et le natif de Sarcelles (région parisienne) être élu meilleur joueur de Premier League.

Déjà convoité par des tops clubs à cette époque, le Fennec, évalué à 38 millions d’euros, se voyait finalement proposer une prolongation de contrat jusqu’à juin 2020 avec une jolie valorisation salariale à la clé (plus de 450.000 euros par mois). Dans l’esprit du joueur, cela n’était que partie remise, pour lui qui allait découvrir la Ligue des Champions après avoir connu la montée de seconde division (Championship) avec Leicester.

Les affaires reprenaient lors du dernier mercato estival. Si Mahrez était évoqué du côté d’Arsenal, de Chelsea ou du FC Barcelone, c’est bien l’AS Roma qui avait tout tenté pour arracher le gaucher. La formation italienne avait posé sur la table 40 millions d’euros, un montant déjà jugé insuffisant par les Foxes, qui pourtant aurait promis à Mahrez de le laisser partir en cas d’offre sérieuse.

L’histoire s’est donc répétée cet hiver. Les Citizens ne sont pas parvenus à faire plier Leicester qui, en l’espace de quelques jours, a doublé la valeur de sa pépite.

« Il est légitime de se demander pourquoi il est encore à Leicester. Je ne dirais pas qu’il est sous-coté, mais il y a toujours comme un doute qui s’installe autour de Mahrez, alors que d’autres joueurs qui ont fait moins que lui, sont transférés à des sommes stratosphériques. Il a fait mieux que Coutinho (parti cet hiver au Barça pour 120 M€) et mieux que Di Maria du temps où il évoluait à Manchester United (transféré au PSG en 2015 pour 63 M€) », explique à TSA Nabil Djellit, journaliste à France Football.

Comme beaucoup, le journaliste sportif ne comprend pas la fermeté de Leicester. « J’ai du mal à comprendre l’attitude de Leicester sur ce coup-là. Il a participé à l’écriture d’une page glorieuse de l’histoire du club. Il a maintenant besoin d’aller voir plus haut. C’est un joueur qui mérite d’évoluer dans un top club, de se confronter au très haut niveau. Il a eu une opportunité fantastique d’aller disputer la Ligue des Champions sous les ordres de Guardiola. Je trouve que Leicester a manqué de classe, d’autant plus que le club avait l’occasion de faire une excellente plus-value. Il faut rappeler que Leicester l’a recruté du Havre il y a quatre ans pour 450.000 euros. Ça aurait été l’un des plus gros transferts de l’histoire du football anglais ».

Sans compter qu’un tel verrouillage peut aussi causer du tort à Leicester dans la perspective de futurs recrutements. Car « un joueur peut être réticent à rejoindre un club qui pose des difficultés à un départ éventuel », estime le chroniqueur à L’Équipe du soir.

Et maintenant ?

Une autre question à laquelle on est en droit de se poser est de savoir si Mahrez saura garder le dynamisme de sa première partie de saison. Ce jeudi 1er février, il aurait une nouvelle fois séché l’entraînement, ce que Sky Sports estime être « techniquement une rupture du contrat et une grève ».

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« C’est toujours une situation difficile, mais j’espère que Riyad pourra revenir rapidement avec un sourire, heureux de jouer pour nous », indiquait son coach Claude Puel après la défaite sur la pelouse des Toffees.

D’après Nabil Djellit, l’issue devrait tout de même être positive en fin de saison pour l’international algérien. « Le fait d’avoir été convoité par Guardiola, qui est une référence en matière d’entraîneur, fera lever les réticences qu’ont pu avoir certains clubs pour le recruter. Sa déception est légitime, mais il avait déjà été déçu l’été dernier après son transfert capoté à la Roma et il a su se remobiliser pour revenir à son meilleur niveau. Donc il va certainement continuer sur le même rythme en prenant son mal en patience ». Avant, peut-être, de quitter enfin sa prison dorée.