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Les aéroports français craignent à nouveau du bazar cet été au passage aux frontières

Les aéroports français craignent à nouveau du bazar cet été au passage aux frontières

L’Union des aéroports français estime que les dysfonctionnements au passage aux frontières observés l’été dernier ne sont pas tous réglés. Son président, Thomas Juin, se dit inquiet pour l’été prochain.

L’UAF va pousser l’automatisation des process de contrôles lors des Assises du transport aérien qui débuteront 20 mars.

Les aéroports français tirent la sonnette d’alarme. Ils craignent que ne se répètent cet été les énormes files d’attente rencontrées l’été dernier dans les aéroports français où les passagers mettaient jusqu’à trois heures dans certains aéroports pour passer la frontière en raison des renforcements de mesures de contrôle.

« Le sujet n’est pas réglé. Nous sommes inquiets. L’année dernière, les temps d’attente pouvaient aller jusqu’à 1h30 dans les aéroports régionaux et jusqu’à 3 heures à Orly. C’est inacceptable. Il y a certes une menace terroriste et nous devons continuer de la traiter. Mais cela ne doit pas être incompatible avec la qualité de l’accueil des passagers. Il ne faut pas que la situation rencontrée l’année dernière se reproduise cet été », a déclaré ce mardi lors d’une conférence de presse Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français (UAF), qui regroupe la totalité des gestionnaires aéroportuaires.

Parmi tous les aéroports, c’est la situation des plateformes régionales qui inquiète le plus.

« Si les aéroports parisiens ont bénéficié du renforcement des effectifs de la police aux frontières avec la mise en place de 200 agents supplémentaires, les aéroports régionaux n’ont obtenu aucun renfort », a déploré le délégué général de l’UAF, Nicolas Paulissen.

L’inquiétude est d’autant plus grande que le trafic aérien français est en très forte croissance.

Pour autant, dans les aéroports parisiens, l’heure est néanmoins à la vigilance. Certes, ADP a repris en fin d’année le contrôle de la situation avec des temps d’attente inférieurs à 30 minutes pour un vol dans l’espace Schengen et à 45 minutes pour un vol international. Pour autant, attendue en avril, l’homologation des systèmes de reconnaissance faciale prévus d’ici à l’été a pris du retard. Le système proposé par Gemalto ne convainc pas encore le ministère de l’intérieur.

Le sujet du contrôle aux frontières sera traité aux Assises du transport aérien qui vont débuter le 20 mars et l’UAF va pousser pour une accélération de l’automatisation des processus de contrôle.

Lire ici l’interview sur les Assises du transport aérien de la ministre des Transports Elisabeth Borne

« Le  contexte sécuritaire va rester, le trafic va augmenter et il n’y aura pas plus de fonctionnaires. L’automatisation est la réponse à apporter pour améliorer les choses », a fait valoir Nicolas Paulissen.

« Aubette du futur »

Dans le cadre de ces Assises, l’UAF veut notamment aborder la question de « l’aubette du futur » (la guérite dans laquelle sont installés les policiers) pour pouvoir anticiper de nouvelles contraintes.

« A l’image du formulaire américain Esta, il y a une réflexion en Europe sur la mise en place d’un formulaire similaire de demande d’information et d’autorisation de voyager (Etias) qui va alourdir les process de contrôle. Il faut anticiper ces nouvelles contraintes », a expliqué Nicolas Paulissen.

« Il n’y a pas que les enjeux du secteur »

Au-delà de ces questions de passage aux frontières, l’UAF attend beaucoup de ces Assises et se dit « mobilisée pour améliorer la performance du transport aérien.

« Nous souhaitons une approche globale de l’écosystème qui permettrait à l’ensemble du secteur de sortir gagnant. Au-delà des intérêts des aéroports et des compagnies aériennes, l’objectif est de prendre des mesures qui profitent aux passagers et aux territoires, et donc à l’économie française en général. Il n’y a pas que les enjeux du secteur mais aussi ceux de l’attractivité de la destination française. C’est en faisant ainsi que nous arriverons à dévérouiller certaines choses », a expliqué Thomas Juin, en précisant qu’il ne s’agissait pas de demander des choses qui n’étaient pas faisables.

Comme les compagnies aériennes, le président de l’UAF demande un allègement des taxes qui, « cumulées vont de 15 à 20 euros sur un billet d’avion selon les aéroports français ». Servant à financer la sûreté, la taxe d’aéroport est la plus importante d’entre elles. Les Assises seront l’occasion d’aborder le sujet d’un nouveau financement de la sûreté aérienne, aujourd’hui financée essentiellement par les passagers et les compagnies. De la reprise par les aéroports de la TVA liée aux charges de sûreté (exécutés par des prestataires des services de la sûreté), au partage de la facture avec l’Etat (ce dernier prenant à sa charge l’investissement des nouveaux matériels, les aéroports celui de l’exploitation), les pistes sont nombreuses.

Lire ici : Sûreté aérienne, la question brulante du financement

« Il y a des écarts de fiscalité très importants avec le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie, qui déterminent la performance du secteur », et peuvent dicter les choix des compagnies aériennes quand elles mettent en compétition les aéroports.

De quoi remettre en cause, selon lui, l’affirmation, souvent répandue, que les aéroports sont des monopoles naturels, profitant d’une rente de situation.

« Repenser le transport aérien en France »

« C’était peut-être valable il y a une quinzaine d’année, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les aéroports sont en compétition dans un monde ouvert. Ils sont continuellement challengés par les compagnies étrangères qu’il faut convaincre de venir sur leur plateforme », a-t-il expliqué en « appelant à la mise en place d’un cadre français permettant de s’adapter au caractère hétérogène de la fiscalité ».

Autrement dit, Thomas Juin estime que les Assises ne doivent pas s’arrêter à la question du pavillon français mais doivent avoir une approche plus large, qui « repense le transport aérien en France », en incluant non seulement les compagnies tricolores mais aussi les compagnies étrangères. « Il faut faire en sorte que le transport aérien en France puisse avoir demain un meilleur cadre fiscal et règlementaire pour en faire profiter l’économie », a-t-il ajouté.

Capacité à investir

Interrogé sur les débats à propos d’une régulation plus sévère pour les aéroports dans leur relation avec les compagnies aériennes qui ne cessent de dénoncer la cherté des redevances aéroportuaires, Thomas Juin a répondu en rappelant les enjeux des investissements.

 » Ce qui est essentiel c’est  la capacité des aéroports à investir pour les années futures. L’intérêt des compagnies aériennes est de voir les redevances baisser. Celui d’un aéroport est guidé par un objectif stratégique plus global de développer le trafic et d’accentuer la concurrence. C’est le développement de la capacité aéroportuaire en France qui a permis l’arrivée de nouvelles compagnies (low-cost, NDLR) et la mise sur le marché de tarifs plus attractifs pour les consommateurs. Il ne faut pas que les capacités aéroportuaires soient simplement déterminées à l’aune des compagnies utilisatrices. Quand un aéroport augmente ses capacités, il vise à attirer de nouveaux opérateurs. Son approche est plus globale. C’est pour cela que l’approche des questions de régulation doit être nuancée », a-t-il expliqué.

Aménagement du territoire

L’UAF attend par ailleurs beaucoup des questions d’aménagement du territoire. Comme le souhaite Elisabeth Borne, la ministre en charge des Transports, l’UAF demande à l’Etat de reconsidérer son engagement pour les lignes d’obligation de service public (OSP). Souvent coûteuses en raison d’un cahier des charges exigeant, l’UAF suggère que ces derniers soient moins contraignants et qu’elles ne concernent pas uniquement des lignes franco-françaises.


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