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Les Algériens bloqués à l’étranger sans solutions pour revenir au pays

Les Algériens bloqués à l’étranger sans solutions pour revenir au pays

Depuis plus d’un mois, Karima*, son fils et son mari sont bloqués en France et attendent un éventuel vol de pour revenir en Algérie qui a mis fin aux opérations de rapatriement tout en maintenant ses frontières fermées.

« Nous sommes partis en France pour les soins de notre enfant qui est malade. Il fallait qu’on parte, il n’y avait pas d’autres solutions », affirme cette cadre dans une grande entreprise en Algérie. Son séjour en France qui devait durer quelques jours ne cesse de s’allonger et ses tentatives de revenir en Algérie ont échoué.

Des Algériens bloqués en France

« A chaque fois que j’entends qu’il y a un vol de rapatriement, on se déplace tous à l’aéroport. La dernière c’était le 11 septembre. Il y avait plus d’un millier de personnes dans notre situation à Orly pour un seul avion. Si vous n’êtes pas sur la liste, vous ne pouvez même pas accéder à l’aéroport. Air Algérie nous avait promis un autre vol de rapatriement le 16 septembre, mais en fait, c’était pour se débarrasser de nous. Aucun vol n’a été programmé depuis le 11 septembre », raconte-t-elle, dépitée.

Le cas de la famille de Karima n’est pas le seul. Des milliers d’Algériens sont toujours bloqués en France. Comme Abdallah, un septuagénaire parti avant la fermeture des frontières pour des soins en France, ou encore Arezki parti en France pour les mêmes raisons médicales. Après l’arrêt de l’opération de rapatriement et le maintien des frontières fermées, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, incapables de revenir en Algérie.

Pendant ce temps, la question du maintien de la fermeture des frontières par les autorités algériennes continue de susciter la polémique dans le débat public, alors que plusieurs pays ont entamé le processus de réouverture ne serait-ce que progressif de leurs frontières dans un contexte de pandémie du coronavirus.

Interrogé dimanche soir sur une éventuelle réouverture des frontières, le président Abdelmadjid Tebboune a refusé d’avancer une date pour leur réouverture malgré une amélioration relative de la situation sanitaire en Algérie.

Tebboune : « La décision sera scientifique et non politique »

« La décision sera scientifique et non politique. Elle sera prise avec les scientifiques », a fait savoir le président Tebboune, citant l’exemple de « pays développés » ayant fait le choix d’ouvrir leurs frontières avant de « revenir au confinement », chose qu’il a estimée « grave ».

M. Tebboune a également précisé que la réouverture des frontières dépendra de l’avis du comité scientifique en charge du suivi de l’épidémie de coronavirus en Algérie.

« Nous avons choisi de protéger le citoyen d’abord, alors que d’autres pays ont choisi d’autres options, notamment l’économie », a-t-il affirmé, avant d’indiquer : « Je ne prendrai pas la décision seul. J’impliquerai les médecins et le Comité scientifique ».

Pr Benbouzid : « Cela n’est pas propre à l’Algérie »

Jeudi, le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid a évoqué une nouvelle fois le sujet de la réouverture des frontières, bottant en touche sur l’existence d’une éventuelle stratégie du gouvernement afin d’amorcer une reprise de la vie normale.

« On nous pose des questions sur la position de l’Etat vis-à-vis de l’ouverture des frontières… Cela n’est pas propre à l’Algérie », a soutenu le ministre dans un entretien accordé à la télévision étatique francophone. « Quels sont les pays qui ont ouvert les frontières ? Quelles sont les compagnies qui ont des vols réguliers ? Je vous cite les pays où vous êtes interdits de pénétrer ? Où vous êtes en pénétrant confinés à quatorze jours ? », s’interroge-t-il en outre.

« Ces mesures qui sont prises par les pouvoirs publics algériens, je vous dirais encore une chose, une précision de taille, il y a des mesures qui ont été prises ici chez nous par les pouvoirs publics qui ont devancé des mesures qui ont été prises dans les pays développés », a soutenu M. Benbouzid.

Le ministre de la Santé n’évoque ainsi aucune ébauche de stratégie ou processus de réouverture des frontières algériennes dans un avenir proche, maintenant dans le flou des Algériens enclins à retrouver leur liberté de circulation ne serait-ce que partielle.

La fermeture des frontières de l’Algérie a été décidée par le gouvernement le 21 mars dernier alors que la pandémie du coronavirus accélérait sa propagation à travers le monde. Les frontières demeurent fermées depuis ce jour. Effectuée sans préavis compte tenu de la crise sanitaire, l’annonce a pris de court des milliers de personnes bloquées de part et d’autres des frontières.

Pour tenter de faire face à la situation particulièrement délicate, notamment pour les ressortissants algériens bloqués loin de chez eux dans un pays étranger, les autorités ont lancé durant les six derniers mois plusieurs opérations de rapatriement des Algériens à l’étranger. Ces opérations auraient permis le rapatriement de plus de 30.000 Algériens qui étaient bloqués en dehors du pays depuis plusieurs mois.

« Il y a certains Algériens qui doivent rentrer au pays »

La quatrième et dernière phase de l’opération de rapatriement organisée par Air Algérie a pris fin le 12 septembre dernier. Cependant, des milliers d’Algériens demeureraient toujours bloqués à l’étranger sans perspective de retour dans un contexte de maintien de fermeture des frontières. Si Air Algérie n’a pas annoncé de lancement d’une cinquième phase, de nombreuses voix s’élèvent pour demander la reprise des vols de rapatriement.

Comme celle du député de l’émigration Noureddine Belmeddah qui a appelé hier dimanche les autorités algériennes à rouvrir les frontières « ne serait que partiellement » pour permettre à certains Algériens de rentrer au pays. « Certains cas urgents ont été interdits de rentrer dans les avions réservés au rapatriement. Ils avaient des parents qui étaient entre la vie et la mort », a déploré M. Belmeddah dans une déclaration à TSA, hier dimanche 20 septembre.

« Nous sommes conscients que la situation épidémiologique est encore dangereuse dans tous les pays du monde, comme il se pourrait qu’on assiste à d’autres phases de cette épidémie. Et l’Algérie n’est pas prête à sacrifier la santé et la sécurité de ses citoyens. Mais il y a certains Algériens qui doivent rentrer au pays », a-t-il plaidé.


*Les prénoms ont été changés

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