Politique

Les ambassadeurs remettent enfin leurs lettres de créance au chef de l’État

Plusieurs ambassadeurs ont présenté ce jeudi leurs lettres de créance au chef de l’État, Abdelkader Bensalah, dans une cérémonie diffusée par la chaîne de télévision étatique ENTV.

C’est la deuxième vague d’ambassadeurs reçue par le chef d’État depuis sa prise de fonction le 9 avril dernier. La première cérémonie a eu lieu le 8 mai, lorsque dix ambassadeurs ont présenté leurs lettres de créance à Bensalah dans une cérémonie hautement protocolaire codifiée depuis 1964 par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.

Pour l’Algérie, ces cérémonies en série représentent l’épilogue d’une situation embarrassante sur le plan diplomatique ayant perduré durant les dernières années de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika. La maladie de l’ex-président Bouteflika et la diminution drastique de son activité présidentielle causée par son infirmité avaient de fait fortement perturbé le protocole entourant l’arrivée des nouveaux ambassadeurs en Algérie.

En effet, la convention de Vienne stipule que « le chef de mission est réputé pour avoir assumé ses fonctions dans l’État accréditaire dès qu’il a présenté ses lettres de créance ». Le chef d’État occupe un rôle central dans la prise de fonction de l’ambassadeur, étant donné que ce dernier est le représentant du chef de l’État auprès du chef d’un autre État. Sur le plan protocolaire, dans un domaine aussi scrupuleux des règles que peut l’être la diplomatie, la cérémonie de réception de la lettre de créance par le chef de l’État revêt donc une grande importance.

Or depuis son accident vasculaire cérébral en 2013 et sa très longue convalescence ayant suivi jusqu’à sa « démission » le 2 avril dernier sous la pression populaire, l’état de santé de l’ex-président Bouteflika avait rendu impossible d’organiser de manière régulière (puis d’organiser tout court) des cérémonies de réception de lettres de créances.

A défaut, et pour permettre aux ambassadeurs d’être régularisés en Algérie, les autorités se sont appuyées sur une disposition incluse dans la convention de Vienne qui prévoit que l’ambassadeur est réputé avoir assumé ses fonctions « dès qu’il a notifié son arrivée et qu’une copie figurée de ses lettres de créance a été présentée au ministère des Affaires étrangères de l’État accréditaire ».

Cependant, « tant que la présentation des lettres de créance au chef d’État n’a pas eu lieu, l’ambassadeur désigné doit se considérer comme incognito (a non-person en anglais), c’est-à-dire qu’il ne pourra pas effectuer de visites aux autorités nationales, ni assister à des manifestations publiques dans l’exercice d’une fonction qui n’est pas encore reconnue par l’État hôte », affirme La Lettre Diplomatique, revue spécialisée en relations internationales.

Plusieurs ambassadeurs ont donc été contraints de demeurer dans les limbes diplomatiques, souvent pour une très longue période.

Ainsi, l’ambassadeur de Pologne en Algérie Witold Spirydowicz, qui a remis ses lettres de créance le 8 mai dernier, a eu à attendre trois ans depuis sa nomination à son poste en juin 2016 et la remise des copies figurées des lettres de créance au ministre des Affaires étrangères de l’époque, Ramtane Lamamra, en septembre de la même année.

Idem pour l’ambassadeur des Pays-Bas Robert Van Embden, qui a remis ses lettres de créance à Bensalah lors de la cérémonie du 8 mai, soit trois ans après sa nomination en tant qu’ambassadeur en Algérie en 2016. L’ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt, qui a remis ses lettres de créance au chef de l’État ce jeudi 16 mai, est un peu mieux loti que les deux premiers ambassadeurs cités puisqu’il a été nommé à son poste en juillet 2017. Il n’aura ainsi eu qu’à attendre un peu moins de deux années.

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