Économie

Les entreprises algériennes s’y intéressent : que vaut le marché mauritanien ?

La quatrième édition de la foire des produits algériens à Nouakchott se tiendra dans la capitale mauritanienne du mardi 23 au lundi 29 octobre. La foire est une occasion de faire connaître les biens produits en Algérie sur le marché mauritanien qui semble intéresser de plus en plus les Algériens.

Le nombre de participants algériens est en grande progression par rapport à l’année passée. L’édition 2018 verra la participation de 170 entreprises algériennes, soit 99 de plus que lors de l’édition 2017 à laquelle ont pris part 71 entreprises.

Ce nombre de participants à la foire en nette évolution, l’ouverture du premier poste frontalier entre l’Algérie et la Mauritanie le 19 août et la multiplication des visites officielles entre les deux Etats montrent un intérêt croissant de l’Algérie pour le marché mauritanien. Mais que vaut-il réellement ?

Une synergie possible avec l’Algérie

La Mauritanie produit et exporte principalement du minerai de fer, du minerai de cuivre, de l’or, du poisson et des mollusques. Elle importe les produits pétroliers raffinés, des remorqueurs, du sucre brut, du blé, de l’huile de palme et autres produits gras, des équipements mécaniques, électriques et électroniques, des matériaux et équipements de construction, du textile et d’autres biens de consommation.

Sur les exportations, la Mauritanie n’est pas en concurrence directe avec l’Algérie. L’Algérie peut être un de ses fournisseurs sur plusieurs types de biens dont l’industrie a fait des avancées, comme le sucre, les équipements et matériaux de construction, ou en voie de développement, comme les équipements et matériels mécaniques ou encore le textile. Une synergie est donc possible avec la Mauritanie où des entreprises algériennes pourraient trouver un débouché pour leurs produits.

Pour l’instant, l’Algérie est absente du marché mauritanien. Les principaux clients de ce pays sont la Chine et l’Europe alors que ses fournisseurs sont la Corée du Sud, les Émirats Arabes Unis et l’Europe, selon Comtrade, base de données des Nations Unies pour le commerce international.

Mais cette situation, où les échanges entre la Mauritanie et ses voisins immédiats sont très faibles, est sur le point de changer, grâce, notamment, à la politique adoptée par les autorités du pays. Elles ont déjà créé le « Corridor de développement Nouakchott-Bamako », souligne le ministère français des Finances. L’ouverture du poste frontalier entre l’Algérie et la Mauritanie laisse présager la création d’un corridor du même type entre les deux pays.

La stratégie de développement mauritanienne vise à diversifier ses ressources et « offre des perspectives favorables à moyen et à long terme », selon le ministère français des Finances. Pour diversifier son économie, la Mauritanie cible des domaines précis qui sont les NTIC, l’agriculture, l’élevage, les énergies renouvelables, l’environnement et la transformation. Des domaines où des opérateurs algériens, publics et privés, peuvent investir aussi bien avec leurs capitaux qu’avec leur expertise.

Autre appui au développement économique de la Mauritanie, l’entrée en production, en 2021, du champ gazier en offshore de Grande Tortue ou Ahmeyim, sur la frontière maritime avec le Sénégal. Si ces projets sont concrétisés, la croissance mauritanienne pourrait repartir à la hausse, créant plus de richesse et donnant plus de pouvoir d’achat aux Mauritaniens.

Un marché prometteur

La Mauritanie compte 4,3 millions d’habitants dont 6% vivent avec moins de 1,9 dollars par jour en parité de pouvoir d’achat de 2011 selon la Banque Mondiale. Un taux qui reste élevé mais qui en nette progression depuis 1990 où il était de 41,2%.

Le revenu national brut par habitant (RNB) mauritanien suit lui aussi une courbe en progression. De 480 dollars en 1990, il est passé à 1130 dollars en 2010 pour redescendre à 1100 dollars en 2017, à cause d’un ralentissement de l’économie provoqué par une faible pluviométrie, selon le ministère français des Finances.

Les investissements directs étrangers sont en progression, de 7 millions de dollars en 1990, ils sont passés à 131 millions en 2010 puis à 588 millions en 2017. La croissance du PIB mauritanien a connu une forte progression entre les années 1990 et 2010 où il est passé de -1,8 à +4,8, avant de connaître un ralentissement pour redescendre à 3,5 en 2017. La croissance anticipée par la Banque Mondiale pour l’année 2018 est de 3%. Une croissance en baisse mais « les perspectives restent favorables à moyen et long termes », selon le ministère français des Finances.

Le marché mauritanien est lui aussi en évolution, avec des dépenses des ménages en hausse. Les dépenses de consommation finale des ménages étaient de 705 millions de dollars en 1990 et elles sont grimpées jusqu’à 2,230 milliards de dollars en 2010 avant de connaître une légère baisse en 2017 où elles étaient de 2,228 milliards de dollars.

La plupart des indices macroéconomiques ont connu des reculs plus ou moins importants entre 2010 et 2017, à cause notamment de crises politiques. Ces reculs ont été plus nets en 2017 et le ministère français des Finances prévoit que ce recul se maintienne en 2018 à cause, notamment, d’une faible pluviométrie. Mais le pays offre des perspectives favorables, selon la même source qui conditionne la reprise économique par « l’amélioration de l’environnement des affaires » et « le bon déroulement d’un calendrier électoral chargé ».

En plus d’être un débouché possible pour les produits et services algériens, le marché mauritanien, avec sa situation géographique, pourrait également jouer le rôle de relais de la production algérienne en Afrique grâce à sa façade littoral sur l’Atlantique et ses voies de communication avec l’Afrique de l’Ouest.

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