Business France a organisé début mars la 15e édition des rencontres sur l’Algérie dans trois villes françaises, Paris, Lyon et Marseille. Dans cet entretien, Romain Keraval, directeur de Business France en Algérie, revient sur l’objectif de ces rencontres, le regard des entreprises françaises sur le marché algérien et les besoins des entreprises algériennes.
Business France a organisé début mars, la 15e édition des rencontres sur l’Algérie dans trois villes françaises, Paris, Lyon et Marseille. D’habitude, ces rencontres sont organisées uniquement à Paris. Pourquoi ce changement ?
Pour la 15e édition des Rencontres Algérie, Business France a fait le choix de rendre l’événement itinérant afin de toucher les opérateurs dans leurs régions.
Nous avons augmenté le nombre de villes étapes pour mobiliser directement les dirigeants dans leurs écosystèmes et favoriser les échanges.
Les trois régions visitées ont de nombreuses entreprises ouvertes à l’international ou qui souhaiteraient s’y lancer. Business France s’est allié aux organisations patronales en France (Medef International/CPME) et en Algérie (CREA/UNEP) avec le soutien opérationnel des Chambres de commerce et d’industrie en région pour promouvoir les possibilités de partenariat avec les entreprises algériennes et donner un éclairage actualisé sur leurs besoins.
Le choix des villes de Paris, Lyon et Marseille était une évidence car elles se situent toutes sur l’axe nord sud qui mène naturellement vers l’Algérie.
Marseille est connue pour son ouverture maritime sur la rive méditerranéenne. Elle possède des infrastructures et un tissu entrepreneurial jeune et dynamique.
Lyon est une plateforme économique majeure intégrée à la 1ère agglomération industrielle de France, au carrefour de centres de recherche et de groupes très diversifiés ; Paris concentre tous les sièges sociaux.
L’itinérance des rencontres organisées par Business France renforce l’impact dans tous les territoires. Au total, plus de 600 participants ont répondu présent à notre événement itinérant, à la fois physiquement et en ligne.
Quel était l’objectif recherché par ces rencontres ?
L’objectif de Business France est de permettre à un maximum d’entreprises françaises d’être informées sur les opportunités commerciales existantes en Algérie, de leur permettre de nouer de nouveaux partenariats, et d’être à jour sur les dernières évolutions réglementaires.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité du partenariat renouvelé souhaité entre la France et l’Algérie. Les nombreuses entreprises algériennes présentes, ont pu conduire des entretiens individuels en présentiel comme en distanciel avec tous les opérateurs français mobilisés par notre réseau.
Les entreprises françaises ont reçu des informations concrètes issues de retour d’expérience d’entreprises opérant déjà en Algérie.
Elles ont reçu aussi les profils et les besoins des entreprises algériennes inscrites en amont. Il s’agissait d’un partage d’expérience entre pairs, permettant aussi aux futurs partenaires de nouer une première relation commerciale.
Pour ces rencontres, vous avez choisi de parler de certains secteurs comme le numérique, la santé, l’industrie, la transition énergétique et l’agroalimentaire. Est-ce que cela signifie que ce sont les secteurs les plus prometteurs de l’économie algérienne ?
Ces secteurs sont, en effet, prometteurs. Il y a une très forte demande chez des entreprises algériennes pour des équipements et du transfert technique, devant permettre aux opérateurs locaux, privés comme publics, de renforcer la souveraineté alimentaire, sanitaire, énergétique et numérique de l’Algérie.
Ce sont des domaines d’activité qui ont besoin de se renforcer ou de se moderniser, et dans lesquels l’offre française dispose de procédés de production et d’un savoir-faire reconnu.
Les opportunités identifiées dans ces secteurs constituent des débouchés importants et peuvent également être à la source de nouveaux partenariats pour de la coproduction.
Le rôle de Business France est de mettre ces opportunités en lumière et de faciliter les mises en relation entre les principaux porteurs de projets.
Comment le marché algérien est-il vu par les entreprises françaises ?
Les entreprises françaises perçoivent l’Algérie comme un marché important, qui évolue rapidement, et qui leur demande de s’adapter.
Sur le plan réglementaire, les dernières entrées en vigueur depuis deux ans telles que la loi très récente sur le foncier industriel, la mise en place d’un cadre rapprochant les normes comptables de l’Algérie des normes IFRS, le régime d’investissement abolissant le schéma 49/51 dans de nombreux secteurs, etc. permettent progressivement de réactiver l’appétence des opérateurs français pour ce marché.
Plus de 3000 entreprises françaises travaillent chaque année avec l’Algérie et beaucoup y ont des distributeurs, leur perception est donc souvent liée à l’évolution de leurs courants d’affaires et la compréhension qu’elles peuvent avoir des transformations engagées dans le champ économique, juridique et douanier par l’Algérie.
Rappelons que la France est le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie, avec plusieurs centaines d’implantations.
L’événement permettra-t-il de relancer la dynamique économique entre l’Algérie et la France ?
Nous avons souhaité que cette 15e édition permette de favoriser les nouveaux partenariats, principalement dans les secteurs industriels concernés par des investissements productifs, en particulier l’industrie agroalimentaire, pharmaceutique, sous-traitance mécanique, plasturgique, etc.
Les services connexes à ces activités sont également fortement encouragés notamment les services numériques, le transport et la logistique, l’ingénierie.
Certaines entreprises françaises connaissent déjà les potentialités et les besoins du marché algérien, mais ont besoin de réactualiser leur logiciel, d’autres n’ont y jamais travaillé.
Les nombreuses tables rondes durant ces rencontres d’affaires ont éclairé les entreprises sur les bonnes pratiques à adopter pour travailler avec les opérateurs algériens.
Le succès de cette 15e édition est évidemment lié à la présence de nombreux opérateurs économiques et la forte mobilisation en région, mais aussi, et surtout à l’organisation de 310 rendez-vous BtoB.
Le marché algérien possède beaucoup d’opportunités que nous avons détaillées lors des tables rondes. Les entreprises françaises ont les capacités technologiques pour répondre aux attentes et besoins techniques des entreprises algériennes.
Le nombre de rendez-vous qui se sont organisés sur ces trois jours est encourageant pour la suite. De nombreux événements économiques sectoriels seront organisés en Algérie par le bureau Business France en 2024. Les entreprises françaises pourront saisir ces opportunités pour se projeter vers le marché algérien.
Les entreprises françaises comme algériennes étaient satisfaites de ces rencontres. Il s’agit toutefois que d’une étape préliminaire.
Un travail de suivi est désormais engagé par Business France auprès des 624 entreprises françaises participantes pour connaître leur intérêt à poursuivre les démarches de prospection vers le marché algérien, en vue de démarrer des négociations commerciales ou d’éventuels partenariats productifs.
L’objectif de Business France est notamment de mobiliser les opérateurs les plus motivés sur les forums de co-développement industriel et numérique qui doivent être organisés respectivement en juin et octobre 2024 à Alger, afin de convertir ces manifestations d’intérêts en projets concrets.