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Antisémitisme et islamophobie en France : des condamnations sélectives

Antisémitisme et islamophobie en France : des condamnations sélectives

La France est secouée par de nouvelles polémiques liées aux musulmans et aux Juifs. De nouveaux propos polémiques ont été tenus, mais ils n’ont pas suscité les mêmes réactions suivant qu’ils ciblent la communauté juive ou musulmane.

Un nom connu de la presse française, Philippe Val, n’a pas seulement tenu des propos qui peuvent être perçus comme islamophobes.

Il a carrément revendiqué son islamophobie. « Oui, je suis islamophobe », a assumé dans les colonnes du Figaro, jeudi 16 mai, l’ancien directeur de Charlie Hebdo et de France Inter.

Des propos condamnables, des réactions différentes

Philippe Val a joué sur la nuance de la signification du suffixe « phobie », la peur, pour lâcher sa phrase qui a étonné, venant d’un personnage plutôt classé à gauche.

« On peut être phobique d’une religion quand elle commence à essayer d’exister par la terreur. Il y a des professeurs qui ont été égorgés. Mes copains se sont fait assassiner », a justifié le journaliste qui fait allusion aux attentats commis par des extrémistes islamistes ces dernières années en France, dont celui qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo en 2015.

Qu’il « déteste » ou qu’il ait « peur » de l’Islam, il reste que ses propos imputent la violence islamiste à la religion musulmane et à tous les musulmans et n’ont pas suscité en France les réactions qu’appelle leur gravité.

Islamophobie et antisémitisme en France : deux poids, deux mesures

Ce qu’a dit Philippe Val est pourtant « irresponsable et dangereux », a jugé le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz qui s’est dit « profondément choqué et consterné par les déclarations au Figaro de Philippe Val ».

« Affirmer ouvertement son islamophobie, une haine irrationnelle d’une religion entière, est non seulement irresponsable, mais également dangereux », a écrit Chems-Eddine Hafiz ce samedi sur X.

« Le racisme anti-islam ou antimusulmans vous assure une promotion dans la presse »

Le deux poids, deux mesures s’est très vite vérifié puisque, la veille, une influenceuse, beaucoup moins connue que Philippe Val dans les milieux médiatiques et politiques, avait, elle aussi, dérapé. À la différence qu’elle est musulmane et elle a ciblé la communauté juive.

Poupette Kenza, influenceuse très suivie sur Instagram, a lâché cette malencontreuse phrase dans une de ses vidéos : « Je n’ai jamais travaillé pour un Juif ».

« Je suis une propalestinienne, je ne travaille pour aucune personne sioniste ou Juive (…) Je n’ai aucun partenaire, aucun agent qui est Juif », a-t-elle dit dans une vidéo mise en ligne mercredi 15 mai. L’affirmation a suscité une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux et parmi la classe politique, dénonçant l’ « antisémitisme » de l’influenceuse.

L’influenceuse, de son vrai nom Kenza Benchrif, a eu droit à une avalanche d’attaques racistes, d’insultes, et même des annonces de dépôt de plainte.

« Boycotter des femmes et des hommes en raison de leur identité ou religion, c’est évidemment illégal », a réagi la ministre chargée de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, qui a aussitôt instruit la Dilcrah, instance gouvernementale de lutte contre les discriminations, de saisir le procureur de la République.

Une autre plainte a été déposée par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) pour « incitation à la haine et à la discrimination ».

Dans une autre vidéo mise en ligne vendredi, l’influenceuse aux plus de 1 million d’abonnés sur Instagram a reconnu s’être mal exprimée et fait part, en pleurs, d’ « une vague de haine sans précédent, accompagnée de menaces de mort et de viol ».

Les propos de Philippe Val qui a pourtant ouvertement assumé son islamophobie, restent, eux, sans aucune suite. « Quand ça parle des musulmans toute l’année, ça fait pas autant de bruit », a regretté sur X un internaute en commentaire de la seconde vidéo de Poupette Kenza.

« Le racisme anti-islam vous assure une promotion dans la presse », a résumé il y a quelques mois l’éditorialiste, Jean-Michel Aphatie, qui a cité les exemples de Dieudonné et Alain Soral qui ont été condamnés pour des « propos racistes et antisémites ne sont plus jamais invités dans les médias ».

Mais Éric Zemmour qui a été condamné à plusieurs reprises pour injure à caractère raciale, et Geoffroy Lejeune qui a été aussi condamné pour injure à caractère raciale, sont « promus dans la presse. » Aphatie a tenu ses propos après la nomination de Lejeune, ancien directeur de Valeurs actuelles, à la tête du Journal du dimanche (JDD).

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