Politique

Les graves accusations de l’avocate de l’étudiant Walid Nekiche

Le procès de l’étudiant Walid Nekiche s’est ouvert ce lundi 1er février au tribunal de Dar el Beida (Alger) durant lequel le procureur a requis la perpétuité contre le prévenu, en détention provisoire depuis 14 mois.

Jamais une telle peine n’a été requise contre un manifestant arrêté par les services de sécurité durant les marches du hirak.

Durant ce procès, Walid Nekiche, qui est originaire d’un village dans la wilaya de Tizi-Ouzou, a révélé avoir été « agressé sexuellement, physiquement et verbalement par les services de sécurité durant son interrogatoire », rapporte le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook.

Mais c’est Me Nabila Smail, avocate de Walid Nekiche, qui jette un gros pavé dans la marre, en proférant de graves accusations autour de l’enquête sur cette affaire et l’arrestation de l’étudiant. « Je n’ai jamais vu de ma vie un dossier criminel où il n’y a pas de faits », affirme-t-elle dans une déclaration à Radio M.

« Il y a un arsenal d’articles répressifs qui vont jusqu’à la peine de mort, et il y a un dossier qui est vide. Il n’y a pas de faits. Il y a un arrêt de la chambre d’accusation qui est basé sur des PV de police qui sont faits sur la base d’aveux arrachés après la torture. La torture est prouvée, nous l’avons dénoncé », a-t-elle ajouté.

Me Nabila Smail poursuit en affirmant que les avocats de Walid Nekiche ont « fait des demandes pour désigner un médecin pour constater les sévices qu’il a subis, il n’y a pas eu de suite ». « Me Nacera Haddouche a déposé plainte pour torture. On ne peut pas construire un dossier sur la base d’aveux arrachés après torture ».

« Il y a de la torture dans ce dossier, nous lui avons posé la question pendant la plaidoirie, il a répondu qu’il a été torturé, humilié, porté atteinte à sa dignité », raconte Me Smail. « Il y a un article du Code pénal qui punit tout fonctionnaire qui obtient des informations après des pressions psychologiques et physiques, et après torture », rappelle-t-elle.

« Il n’a pas de faits dans ce dossier. Il y a un jeune qui tenait un journal intime où il écrivait tout ce qui lui passait par la tête (…) 14 mois de détention sur la base d’articles graves contre complot contre l’Etat. Ils disent qu’il a lancé un appel aux citoyens de prendre les armes. On a demandé les pièces à conviction. Une expertise a été faite sur ses téléphones portables, ils n’ont trouvé aucun message, aucune publication. C’est la première fois de ma vie que je vois un dossier vide devant la criminelle, c’est comme s’il y avait un mort, pas de cadavre ».

« Ramener un étudiant venu d’un village perdu en Kabylie qui sort mardi et vendredi, connu de tous ses amis, et l’accuser de complot contre l’État parce qu’il a reçu un Espagnol qu’il a accompagné à sa maison à Constantine. Après, ils lui disent que cet Espagnol est un fonctionnaire de l’ambassade ».

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