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Les Iraniens répondent avec colère et moquerie à Trump

Les Iraniens répondent avec colère et moquerie à Trump

Les Iraniens ont réagi samedi avec colère aux propos belliqueux du président américain Donald Trump, qui a annoncé la veille une stratégie plus dure contre leur pays.

L’utilisation par le président américain du terme « golfe arabique » à la place de « golfe persique » – en référence à la Perse – a profondément irrité les Iraniens, connus pour leur nationalisme, qui ont pris d’assaut les comptes Twitter et Instagram de M. Trump.

Les réseaux sociaux et les sites d’informations ont publié des photos des pierres tombales et des médailles de courage de soldats américains morts dans la région portant la mention « golfe Persique », en demandant à Donald Trump de les regarder plusieurs fois par jour « pour mieux apprendre la géographie ».

Un million de commentaires ont été publiés sur son compte Instagram, pour la plupart écrits en persan. « Le Golfe persique existait avant même que Christophe Colomb ne découvre l’Amérique », pouvait-on lire.

Même le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a réagi en se moquant du président américain. « Tout le monde sait que l’amitié de Trump vise à vendre au plus offrant. Nous savons maintenant que sa géographie l’est aussi », a tweeté M. Zarif.

Dans son discours vendredi à la Maison Blanche, le président américain a qualifié le pouvoir iranien de « dictature » et de « soutien au terrorisme ». Téhéran « sème la mort, la destruction et le chaos à travers le monde », et « l’agression de la dictature iranienne se poursuit à ce jour », a-t-il lancé.

Il a également menacé d' »annuler » l’accord nucléaire de 2015 entre l’Iran et les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) si le Congrès américain et les alliés de Washington ne parviennent pas à durcir les termes de l’accord.

De leur côté, le trio France, Royaume-Uni et Allemagne, ainsi que la Russie ont réagi en affirmant qu’ils restaient engagés par l’accord nucléaire, critiquant la position du président américain.

« A vomir »

Trump s’est par ailleurs attiré les foudres des Iraniens pour avoir tenté d’afficher de la sympathie envers eux, nombre d’internautes fustigeant son hypocrisie en rappelant sa décision d’interdire l’entrée des citoyens iraniens aux Etats-Unis.

« J’étais tellement en colère hier soir. Cet individu hait tellement l’Iran que même si l’on n’est pas d’accord avec les idées du régime, on soutient le pouvoir. Trump a  interdit aux Iraniens d’aller aux Etats-Unis, comment peut-il dire qu’il est aux côtés des Iraniens », a réagi Leyla, une Iranienne de 42 ans qui gère un magasins de produits artisanaux.

« Il profère tellement d’insultes que c’est à vomir. Je pense que son discours était tellement haineux que ça a apporté un soutien mondial à l’Iran. »

Malgré la virulence de ses propos, la stratégie de M. Trump n’est finalement pas aussi dure que certains l’avaient imaginé. Il s’est ainsi gardé de classer les Gardiens de la révolution, l’armée d’élite iranienne, parmi les organisations terroristes, se bornant à prendre des sanctions.

« La tactique des Gardiens a fonctionné, Trump n’a pas osé les classer parmi les groupes terroristes », écrit en Une le quotidien ultraconservateur Kayhan, en allusion aux menaces du chef des Gardiens qui avait affirmé que les Américains devraient déplacer leurs bases à 2.000 km des missiles iraniens le cas échéant.

Vendredi soir, le président Hassan Rohani a pris la parole immédiatement après le discours de M. Trump pour fustiger « ses accusations sans fondements » et ses « insultes », affirmant que son homologue américain ne connaissait pas la loi internationale car il ne peut à lui seul « annuler un accord multilatéral ».

Le Congrès américain dispose désormais de 60 jours pour réimposer ou non les sanctions américaines suspendues depuis l’accord nucléaire ou décider d’autres sanctions.

« Si le Congrès impose de nouvelles sanctions, l’accord sera mort et l’Iran reprendra son programme nucléaire pacifique à pleine vapeur (…) pour montrer aux Américains que s’ils tuent l’accord, ce ne sera pas sans conséquences », a déclaré à l’AFP Mohammad Marandi, professeur en politique internationale et spécialiste des Etats-Unis à l’université de Téhéran.

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