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Les magistrats poursuivent la contestation pour dénoncer « la violation de la Constitution »

Les magistrats poursuivent la contestation pour dénoncer « la violation de la Constitution »

Des dizaines de magistrats, d’avocats et de greffiers ont organisé, ce dimanche 17 mars, un rassemblement de protestation sur le perron de la Cour de justice de Tipaza, pour réclamer « une véritable indépendance de la justice » et exprimer leur rejet de la « violation de la constitution ».

Le sit-in a vu la prise de paroles de plusieurs avocats et magistrats qui ont, dans l’ensemble, réclamé l’indépendance de la justice, affirmé la cohésion des corps des magistrats et des avocats.

« Du peuple et pour le peuple », a lancé un magistrat pendant le rassemblement. « Non à la confiscation de la volonté populaire », ont inscrit les magistrats sur une grande banderole déployée pendant le rassemblement.

« Nous sommes les descendants de Larbi Ben M’hidi et de Massinissa et nous jurons que nous n’aurons pas peur de la vérité ! », a lancé un juge avant que les magistrats et avocats ne scandent « justice libre et indépendante ! »

« Nous représentons l’autorité judiciaire, par sa jeunesse et qui, dans une étape historique comme celle-ci ne peuvent se taire car ils sont de ce peuple et ils n’ont d’aucune façon enfreint l’obligation de réserve », a déclaré à TSA un jeune juge en marge du rassemblement.

« Cette protestation pacifique des juges qui sont issus des quartiers populaires, de la population algérienne, du peuple qui a prouvé au monde sa conscience, son civisme. Par conséquent, nous n’avons aucune appartenance ni politique, ni d’aucune sorte », a déclaré le même juge.

Les magistrats rassemblés devant la Cour de justice de Tipaza ont insisté sur la nécessité de rendre « réellement indépendant », le Haut conseil de la magistrature.

« Notre sit-in pacifique demande le renforcement de l’indépendance de la justice et ce, par ce mécanisme principal qui est le Haut conseil de la magistrature que nous voulons parfaitement indépendant en faisant en sorte que tous ses membres soient des juges », a détaillé un juge.

Les magistrats réunis ce dimanche ont également demandé à ce que « les responsables qui supervisent administrativement le parcours professionnel et la vie administrative des juges fassent en sorte que les juges les respectent au lieu de les craindre ». « Construisez des ponts entre vous et les juges, ne laissez pas des rapports mensongers vous induire en erreur », a demandé un juge aux responsables du secteur.

Un nouveau syndicat des magistrats en gestation

Le premier rassemblement des magistrats a eu lieu le lundi 11 mars à Bejaia. Depuis, plusieurs autres réunions ont été organisées à Alger, Sétif, Constantine, Bouira, Msila, Guelma et d’autres villes.

Cette fronde des magistrats est inédite. Jusque-là, le corps de la magistrature était une des institutions les plus muettes en Algérie. L’ampleur du mouvement populaire a permis aux magistrats de sortir dans la rue pour exprimer leurs revendications.

« La mobilisation actuelle est le prolongement de l’initiative de 2016 », a affirmé un juge à TSA, expliquant qu’en mars 2016, un projet de création d’un nouveau syndicat était déjà en cours et qu’il a été « avorté » par des « pressions » exercées sur les magistrats qui avaient initié le projet.

« L’initiative avait rassemblé 2000 signataires pour créer ce syndicat car nous avions constaté que le syndicat existant était une organisation personnelle et ses membres et représentants n’étaient pas légitimes. Il n’y a jamais eu d’élections légales des membres du syndicat », a indiqué le juge, affirmant que le projet de création de leur syndicat était toujours en cours.

« Le club des magistrats algériens » est le nom que portera ce nouveau syndicat. Les magistrats prenant part à l’initiative « dissoudront » le syndicat existant ou « dans le cadre de la pluralité syndicale, constitueront leur syndicat qui sera formé principalement de jeunes magistrats issus du peuple et qui travailleront pour le peuple », selon le juge interrogé par TSA.

Comme à Tipaza, des rassemblements de magistrats ont lieu ce dimanche à M’sila, Ain Temouchent et Skikda.

Depuis deux semaines, circule sur les réseaux sociaux une lettre attribuée au Club des magistrats algériens et affirmant le soutien de « plus de mille magistrats » au mouvement populaire de rejet du pouvoir. L’authenticité de cette lettre a été confirmée ce dimanche par un des juges ayant pris part au rassemblement des magistrats à Tipaza. Le nombre de juges impliqués dans la création de ce syndicat « plus d’un millier », est également confirmé par le magistrat. Ce nombre de magistrats engagés représente près du quart du nombre total de magistrats que compte l’Algérie.

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