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Les manifestations en Algérie vues par les médias arabes

Les médias arabes suivent de près l’évolution de la situation politique en Algérie. Les capitales arabes, elles, gardent le silence.

Al Qods Al Arabi souligne que l’opposition en Algérie a prévenu contre « l’implication de l’armée » dans le débat politique. Le journal, qui paraît à Londres, estime que le pouvoir veut « gagner du temps » pour trouver « un candidat consensuel » à la prochaine présidentielle dont la date de la tenue n’est pas encore précisée.

« Mais, les Algériens ont déjà enregistré une victoire », écrit le quotidien à propos de l’annonce de Bouteflika de renoncer au 5e mandat.

Salah Al Qalab, ancien ministre de la Culture jordanien, accuse, dans une tribune publié par le journal Saoudien, Al Charq Al Awsat, l’ex-FIS d’exploiter la contestation contre le président Bouteflika.

« Il ne s’agit pas de manifestations spontanées. Elles sont organisées et orientées. Beaucoup de courants, dont les islamistes du FIS, en profitent. Ils veulent régler leurs comptes avec le pouvoir », écrit-il.

Il  salue les décisions du président Bouteflika d’annuler l’élection présidentielle et de ne pas se représenter pour un cinquième mandat. « L’initiative de Bouteflika est un tournant historique », note-t-il.

Selon la chaîne Al Arabiya, les jeunes algériens sont sortis dans la rue à cause de la situation sociale et économique dans le pays. « Ils sont 42 millions algériens, 70% ont moins de 30 ans. Le taux de chômage augmente chaque année alors que la croissance économique baisse annuellement. Elle est de 2,4% actuellement. L’inflation est importante avec un taux de 4,8% à la fin 2018 », précise la chaîne.

Lakhdar Brahimi, l’homme des Emirats arabes unis ?

De son côté, la chaîne qatarie Al Jazeera estime que les Algériens veulent le changement « ici et maintenant ». « Les enseignants, les étudiants et les travailleurs de l’éducation et autres réclament le changement. Les récentes décisions de Bouteflika ne respectent pas la Constitution, rallongent la vie du régime et ne répondent pas aux revendications populaires. C’est ce que disent les avocats. Dans leur déclaration, ils veulent une période de transition courte », souligne Al Jazeera.

La chaîne pense que les Emirats arabes unis veulent « placer » Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères. « Sur les réseaux sociaux des Emirats, on présente Brahimi comme l’homme qu’il faut à la situation actuelle, alors que les Algériens répondent qu’il est l’homme des Emirats », relève la chaîne.

Al Jazzera rapporte également les critiques des Algériens après les déclarations du président français Emmanuel Macron sur la situation en Algérie.

Le site émirati Al Akhabr Al An relève que les dirigeants de l’Algérie proposent le dialogue « et l’opposition le refuse ». Dans une tribune publiée par le site tunisien Kapitalis, Mounir Hanablia, un intellectuel, invite la Tunisie de ne pas prendre position par rapport à ce qui se passe en Algérie.

Pour lui, l’Algérie est « la garante » de l’intégrité territoriale de la Tunisie. Il ajoute que l’arrivée des touristes et des malades algériens en Tunisie est « une bouffée d’oxygène » pour « l’économie sinistrée » de son pays.

Dans le journal égyptien Al Masri Al Yaoum, May Azam considère les manifestations contre Bouteflika comme « une deuxième vague du printemps arabe ». « La transition démocratique se fera-t-elle sans dégâts ? », s’est-elle interrogée.

 

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