Société

Les médecins résidents divisés sur la reprise des gardes dans les CHU

Le mouvement de grève des résidents montre ses premiers signes d’essoufflement. Depuis quelques jours, il est agité par d’intenses débats autour de la question de la reprise des gardes de nuit et de week-end, ce qui permettrait, selon des délégués du Camra  de relancer les négociations avec le ministère de la Santé.

Selon le Dr Boutaleb Hamza, porte-parole du collectif, cette proposition de reprendre les gardes a été formulée par une partie du bureau national du collectif des résidents après que le ministère de la Santé ait formulé une proposition pour une reprise des négociations.

Selon lui, la reprise des gardes de nuit et de week-end n’est pas une marche-arrière car leur suspension a permis de « dévoiler la réalité devant le ministère de la Santé, ce qui l’oblige à trouver des solutions et à essayer de satisfaire les revendications des résidents sur lesquels ils ne reculeront pas ».

Les membres du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) ont été consultés tout au long de la semaine écoulée, lors d’assemblées générales organisées dans les facultés de médecine et hôpitaux ou services hospitaliers, soit sur une plateforme de vote électronique pour les résidents d’Alger.

« A Tizi-Ouzou où seuls 15 résidents ont repris le travail jusqu’à présent, nous avons tenu une assemblée générale, il y a eu des débats mais nous avons voté majoritairement pour la poursuite de la grève et de l’arrêt des gardes », a déclaré le Dr Saboundji Zahra, membre du Camra à Tizi.

« Constantine a également voté contre la reprise des gardes, tout comme Tlemcen. A Oran c’est mitigé, ils attendent le vote national pour décider, et à Alger, les résidents sont en train d’être sondés », a-t-elle ajouté.

Les résultats de la consultation des résidents d’Alger restent flous, même s’il est certain qu’il n’existe pas de majorité claire en faveur de la reprise des gardes ou contre celle-ci, comme c’est le cas dans la plupart des autres régions.

Les concertations achevées dans tous les services au plus tard vendredi soir, selon nos sources, n’ont pas été suivies par la publication d’un communiqué comme le fait le Camra habituellement pour entériner la décision prise par « la base ». Un manque de communication qui a plongé nombre de résidents dans le flou.

C’est probablement lors de la réunion du bureau national du Camra qui se tient ce samedi soir, que la question sera tranchée. Chaque délégué devra voter selon la majorité des votes exprimés dans sa région et la décision de la majorité des deux tiers s’imposera, ont expliqué à TSA des membres du Camra.

De nombreux cas de résidents ayant repris le travail

Le nombre de résidents grévistes s’amenuise peu à peu, notamment parmi les résidents en sciences fondamentales et en sciences pharmaceutiques qui se sont réunis avec l’Inspecteur général du ministère de la Santé, le 15 mai et qui sont arrivés, au terme de la réunion, à un accord portant sur plusieurs points.

L’inspecteur général du ministère de la Santé s’est engagé à « garantir des postes budgétaires pour tous les résidents candidats au DEMS 2018 », selon le procès-verbal de la réunion.

Autres « acquis » des pharmaciens résidents et des médecins résidents en sciences fondamentales : le maintien de la possibilité d’accorder par avis favorable et l’intégration des délégués des résidents en sciences pharmaceutiques et fondamentales résidents dans le comité pédagogique national de la pharmacie.

Ces acquis « peu satisfaisants », selon un résident d’Oran, n’ont toutefois pas convaincu la totalité des résidents de ces spécialités à reprendre le travail.

Les autres spécialités sont moins touchées par ces retour au travail et le taux de suivi de la grève reste stable, selon le Camra, dont le porte-parole a réfuté les informations faisant état d’arrêt massif de la grève par les résidents.

« Ne pas refaire l’erreur de 2011 »

La reprise des gardes est pour certains résidents, une porte ouverte à l’arrêt total de la grève, ce qui serait « dramatique », selon une résidente d’Alger.

« Reprendre les gardes de nuit et de week-end, c’est reprendre le travail et arrêter complètement la grève comme en 2011 », a-t-elle insisté, faisant allusion au mouvement de grève des résidents qui a duré trois mois en 2011 et qui portait principalement sur les mêmes revendications que celles défendues par le Camra depuis l’automne 2017.

Cet avis, partagé par beaucoup de résidents n’empêche pas le retour au travail de certains d’entre eux. Le gel des salaires depuis plusieurs mois, les pressions et intimidations exercées par les chefs de services et directeurs de CHU, le blocage de l’évolution de la carrière des résidents sont quelques raisons du retour de ces résidents dans leurs services.

« A Oran, l’administration a affiché une liste de résidents exclus et dans certains services, notamment à Alger, les résidents en première année ont été menacés de se voir empêchés de passer l’examen de fin d’année s’ils ne reprennent pas le travail immédiatement », a dénoncé le Dr Sabundji.

« Nous pensons que les chefs de services ont reçu des instructions en ce sens », ajoute le membre du Camra de Tizi-Ouzou.

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